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Université d’été de l’animal 2017 : Robin Meier

Robin Meier est un artiste plasticien sonore passionné par la musique, l’informatique et les animaux. Avec lui, les ordinateurs parlent aux moustiques, qui leur répondent. Les 25, 26 et 27 août, il exposera son travail dans le cadre de l’Université d’été de l’animal, un séminaire consacré à l’intelligence animale. Rencontre.

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Université d’été de l’animal 2017 : Robin Meier
Alexander Gorbunov

Animaux-Online : Pouvez-vous me parler de votre parcours ?

Robin Meier : Je suis artiste plasticien sonore. J’ai d’abord reçu une formation de musicien spécialisé dans la compostion électro-acoustique, puis j’ai étudié la philisophie cognitive. Dès le début, j’ai voulu étudier nos rapports avec la technologie, et j’ai donc commencé à travailler sur l’intelligence des machines, puis sur celle des animaux et du monde qui nous entoure. J’ai réalisé plusieurs installations avec des lucioles, des abeilles, des pigeons… D’ailleurs, mon premier projet étudiant les animaux s’est fait avec des insectes : sur un chant indien, trois moustiques chantaient à l’unisson en adaptant la fréquence de leurs battements d’ailes à la voix de l’interprète. 

A.-O. : Sur quoi votre intervention va-t-elle porter ?

R.M. : Je vais présenter les différents projets que j’ai réalisés ces dernières années, traitant de la rencontre entre le vivant et l’artificiel, et je parlerai de la question de l’intelligence et de son émergence. À cette occasion, nous écouterons des concerts de moustiques et de pigeons, et nous visionnerons des chorégraphies de fourmis. 

A.-O. : Quel aspect de l’intelligence animale vous fascine le plus ?

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R.M. : Je suis avant tout intéressé par l’intelligence en elle-même, qui est une notion assez large, notamment dans les sciences cognitives, où l’aspect interactif avec l’environnement prend une place importante. Je suis aussi fasciné par la façon dont la prise de décision naît au sein d’une colonie, par exemple dans un fourmilier ou un essaim d’abeilles : c’est l’ensemble des intelligences individuelles qui produit une intelligence collective, comme une sorte de métaorganisme.

Somme toute, je suis fasciné par toutes les intelligences, mais plus précisement par la façon dont elles émergent : même des lignes de codes au sein d’un logiciel peuvent être source d’intelligence. J’aime également interagir avec l’intelligence quelle qu’elle soit, et créer avec elle une sorte de dialogue. L’intelligence biologique (et parfois passive) qui me fascine tout autant est l’organisation : le simple cours d’une rivière s’adaptant au paysage qui l’entoure peut être vu comme une forme d’intelligence. 

A.-O. : Pourquoi avez-vous choisi de vous concentrer sur les animaux pour certains de vos projets ?

R.M. : Au début, je réalisais des simulations informatiques de systèmes biologiques, comme les réseaux de neurones artificiels ou les nuées d’oiseaux. Mais pour comprendre la simulation biologique, il fallait déjà comprendre les comportements biologiques. Un jour, je me suis dit : ”Et si j’organisais une rencontre entre un véritable organisme et sa simulation informatique ?”. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à travailler avec des animaux. 

Les systèmes informatiques sont capables d’une certaine intelligence artificielle et d’inférence. D’après le mathématicien Alan Turing, on peut parler d’intelligence artificielle si un humain converse avec un ordinateur sans se rendre compte que ce n’est pas un autre humain mais un ordinateur. J’ai voulu tester une version modifiée de cette expérience avec des moustiques : s’ils répondaient à un ordinateur sans se rendre compte que c’en était un, le pari était relevé. Et ça a marché : les moustiques répondaient au chant envoyé par l’ordinateur comme s’il s’agissait d’autres moustiques. 

A.-O. : Vous avez par exemple travaillé sur l’auto-organisation naturelle des lucioles pour Synchronicity : l’homme a-t-il beaucoup à apprendre de l’intelligence animale et entomologique ?

R.M. : Aujourd’hui, on se pose beaucoup de questions sur l »intelligence des machines, mais il faut d’abord comprendre l’intelligence du monde qui nous entoure, comme celle des animaux. Par ailleurs, l’étude de l’intelligence animale nous remet souvent bien à notre place : l’homme croit généralement être le maître du monde, mais il n’en est rien. L’e monde s’est auto-organisé naturellement et n’a pas besoin de l’Homme. 

Il existe d’autre part une multitude de systèmes d’organisation à échelle humaine qui imitent les animaux : le trafic de données sur internet, le trafic aérien au niveau mondial, l’acheminement des marchandises, les réseaux ferroviaires… Tout cela a été créé parce que l’homme a observé son environnement et s’est intéressé au fonctionnement des sociétés animales. 

À voir : les travaux de Robin Meier sont disponibles ici

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