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Des enfants manifestent contre le massacre des requins

Samedi dernier à Hong Kong, des dizaines de personnes déguisées en requins sanguinolents ont manifesté contre le « shark finning », cette pêche au requin qui consiste à les dépecer en pleine mer pour récupérer leurs ailerons avant de les laisser agoniser au fond de l’eau.

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Des enfants manifestent contre le massacre des requins
WildAid Hong Kong

Les manifestants, parmi lesquels beaucoup d’enfants, s’étaient réunis devant Maxim’s, l’un des restaurants les plus populaires de la ville, qui propose à ses clients une soupe d’ailerons de requin. Parmi eux, Narnie Hockings, 11 ans et déjà très engagée : « Nous sommes en train d’essayer de faire en sorte qu’une chaîne de restaurants arrête d’en vendre [des ailerons de requin, NDLR]». Les militants ont également déversé un sac de faux ailerons de requins devant le restaurant : une mise en scène macabre pour un problème bien réel.

Une pêche cruelle

Pourtant considéré comme particulièrement raffiné en Asie, l’aileron de requin est en effet un mets onéreux à l’origine d’une pratique terrible : le « shark finning », ou pêche aux ailerons en français. Les requins sont capturés à l’aide de filets, amputés vivants de leur aileron, de leurs nageoires et de la partie inférieure de leur queue, puis rejetés en mer. Sans leurs nageoires, les requins ne peuvent pas s’oxygéner et meurent d’une asphyxie lente au fond des océans. En plus d’infliger des souffrances inutiles aux requins, cette technique représente un véritable gâchis puisque seulement 7% du requin est utilisé. Bien qu’interdite, cette pratique subsiste dans les Océans Indien et Pacifique.

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Même s’il ne lui est reconnu aucune qualité gustative ni nutritive, l’aileron de requin est considéré comme un mets exquis, et réservé aux occasions importantes en Asie (mariages, banquets, jours de fête).

Cette manifestation contre le « shark finning » n’était pas la première à Hong Kong (un des premiers marchés mondiaux d’ailerons), et les précédentes actions avaient conduit le gouvernement à bannir ce mets des dîners officiels. Cependant, ce combat ne cessera pas tant que les ailerons de requin seront consommés massivement dans la région.

La chaîne de restaurants Maxim’s avait pourtant assuré que les ailerons utilisés dans ses plats provenaient d’espèces non menacées, et qu’elle avait depuis 2010 mis en avant des menus sans ailerons, ce qui en avait considérablement réduit la demande. Néanmoins, la veille de la manifestation, l’association WildAid Hong Kong a publié sur sa page Facebook  une vidéo où l’un des membres de l’association piège un restaurant Maxim’s. Lors de cette conversation téléphonique, le restaurateur affirme que la chaîne ne sert que du requin bleu, mais qu’il est possible de servir des espèces plus rares « sur commande ». Ce dernier finit même par confirmer une commande de requin-baleine et de requin pèlerin (respectivement « en danger » et « vulnérable » selon le statut de conservation de l’UICN) pour 200 convives. La vidéo, déjà vue plus de 17.000 fois, n’a fait qu’intensifier la colère des manifestants. 

Des interdictions peu respectées

Selon le WWF, plus de 70 millions de requins sont tués chaque année. Sur le marché asiatique, le requin est utilisé pour ses ailerons, mais aussi pour sa peau (articles de luxe) ou encore son huile de foie (pharmacie, cosmétiques), ce qui fait de lui une cible privilégiée des pêcheurs.

La pratique du « shark finning » avait déjà été largement révélée en Europe et aux Etats-Unis grâce au succès du documentaire Les Seigneurs de la mer, de Rob Stewart (décédé lors d’une plongée au début de 2017). Le documentaire avait particulièrement bien mis en lumière la cruauté des traitements infligés aux requins et la mainmise de la mafia taiwanaise sur ce marché, s’estimant au-dessus des lois.

En effet, certains pays voisins avaient déjà légiféré sur ce sujet : interdiction totale de consommer des ailerons de requins en Malaisie, obligation de ramener des carcasses entières de requins sur les ports au Japon… Des mesures fortes mais peu respectées. Et pour cause, un kilo d’ailerons se vend entre 150 (requin bleu) et 50.000 dollars (requin pèlerin), alors qu’un kilo de viande de requin se vend à moins d’un dollar. Un marché lucratif donc, mais d’une cruauté abominable et mettant en danger des espèces en voie d’extinction. 

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Publié le 13 juin 2017
4 minutes
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