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Lekkarod 2017 : Il était une fois la course de chiens de traîneau

Hier, dimanche 12 mars, un temps fort de la Lekkarod se déroulait dans une salle de conférence où Dominique Grandjean, vétérinaire et organisateur de l’événement, relatait l’histoire de la course de chiens de traîneau. Un récit passionnant qui a captivé les gagnants du jeu concours 30 Millions d’amis-Royal canin.

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Lekkarod 2017 : Il était une fois la course de chiens de traîneau
ARnaud Beinat

Dominique Grandjean, celui que tous nomment « le véto des neiges » pour ses connaissances sur le chien de sport et le chien de traîneau en particulier, est aussi un conteur hors pair. Pendant plus d’une heure, il a captivé son auditoire en racontant les temps forts de l’histoire de ce sport qui, s’il est né de l’autre côté de l’Atlantique, a gagné ses lettres de noblesse de notre côté de l’océan.

Tout a commencé au XIXè siècle, à la grande époque de la ruée vers l’or qui a attiré plus de 100 000 prospecteurs dans le territoire canadien du Yukon, en Alaska, entre 1896 et 1899. Pour accéder à cette terre promise mais recouverte de neige et de glace et y apporter le matériel nécessaire à la prospection (et au transport de l’or pour les plus chanceux), les traîneaux se sont vite imposés et les chiens avec eux plutôt que les chevaux, peu adaptés au climat. A cette époque, peu importe la race. La première photo d’un attelage montre d’ailleurs des bouviers bernois, des chiens suisses utilisés sur leur terre pour tracter des charrettes chargées de bidons de lait.

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Très rapidement, cette activité devient un sport sur lequel les hommes peuvent parier. Jack London raconte bien cette époque dans son livre « L’appel de la Forêt » qui narre l’histoire de Buck, un chien domestique volé à son maître et exploité par des trafiquants de chiens de traîneau.

La naissance des huskies

La première course est née en 1907, à Nome, à l’extrême pointe ouest de l’Alaska. Ce sont des chiens acquis auprès des tchouktchi, près du détroit de Bering, qui remportent l’épreuve. La légende des huskies pouvait naître. Très vite, tout le monde en veut et leur élevage se développe. Au point, qu’en 1932, l’American Kennel Club crée le standard « qui sélectionne la race davantage sur des critères esthétiques (comme les yeux bleus ou vairons) que physiques », souligne Dominique Grandjean.

Si la discipline se développe sur le continent américain, elle connaît aussi une popularité en Scandinavie, au nord de l’Europe, dans les années 1920. Elle est pratiquée au départ par les populations qui utilisent les chiens et les traîneaux (ressemblant davantage à des barquettes) pour aller à la chasse et transporter le matériel comme les animaux abattus. Derrière la barquette chargée, un skieur de fond… Les chiens attelés sont les chiens qui servent aussi à la chasse. Un physique loin de celui des huskies.  « Mais tout cela a fini par se rencontrer, résume le véto des neiges, et des croisements entre les deux types de chiens se sont faits naturellement. On a alors vu apparaître sur les courses de vraies races de chiens de traîneau qui sont les alaskan huskies, typés nordiques, plus endurants, plus rapides mais aussi plus rustiques. »

Aujourd’hui, les types de chiens qui participent aux différentes courses à travers le monde sont plus nombreux. On retrouve les huskies, les alaskan husky, mais aussi des eurohounds et même des greysters désormais, ultra rapides sur de courtes distances (10-15 kilomètres) qui doivent plus au lévrier qu’au husky. « Attention, tous les chiens nordiques ne sont pas des chiens de traîneau, prévient l’organisateur de la Lekkarod. Vous ne verrez jamais de malamute sur la Lekkarod, ni un samoyède… encore que… »

Une discipline sportive est née

Peu à peu, le sport s’est donc structuré… « Sauf aux Etats-Unis, précise Dominique Grandjean où le sport s’est organisé sur la base de courses où il y a de l’argent (pari et dotation aux vainqueurs). En Europe, une Fédération a vu le jour avec des circuits de compétitions sans argent en jeu. C’est ainsi que sont nés les championnats d’Europe de la discipline, les championnats du monde et des courses de très longues distances.

Parmi ces courses, les plus réputées, mais aussi les plus difficiles, sont des marathons des neiges sur plusieurs centaines de kilomètres comme la Yukon Quest (plus de 1600 km) avec des étapes de plus de 300 kilomètres dans un froid glacial ou encore l’Iditarod. L’Iditarod est même aujourd’hui considérée comme la plus grande, un sorte de saint Graal que tout musher rêve d’atteindre. Elle relie Anchorage à Nome, séparés de plus de 1700 kilomètres, sans assistance pour le musher et ses chiens. Cette course commémore un exploit réalisé en 1925. A cette époque, une épidémie de diphtérie fait des ravages dans la population de Nome. Le blizzard empêche les trains d’accéder à la petite commune pour livrer l’indispensable sérum. C’est un traîneau et des chiens qui sauveront la population. Le livre « Balto » (qui sera un film et un dessin animé) relate cet épisode et une statue a même été érigée en l’honneur du leader des chiens en plein cœur de Central Park à New York.

En Europe, c’est la Finnmarkslopet, en Norvège, qui reste la course la plus longue distance pour chiens de traîneau et le plus difficile par le froid qui y règne (et le vent).

Il existe aussi des circuits courts de courses, sur 5-6 kilomètres, une quinzaine tout au plus, qui ont fait apparaître ces nouvelles races de chiens (les greysters), hyper véloces, légers mais peu endurants en comparaison avec les alaskan huskies ou les huskies.

La Lekkarod aux sources de l’Alpirod

En France, la première course par étapes est née en 1988. Elle s’appelait l’Alpirod (course dans les Alpes). Sa particularité est d’avoir inventé les étapes quotidiennes qui permettent aux vétérinaires de voir les chiens tous les jours pour un meilleur suivi. « Ces rendez-vous vétérinaires nous ont beaucoup appris sur le métabolisme de ces chiens avant, pendant et après l’effort », explique Dominique Grandjean. L’intérêt a été aussi pour la médiatisation et la popularisation de ce sport auprès du grand public car ces départs tous les jours attirent beaucoup de curieux. « L’Alpirod a apporté certaines évolutions, notamment le pool de chiens dans lequel le musher peut puiser pour composer son attelage chaque jour, poursuit l’organisateur de la Lekkarod. La présence des vétérinaires sur le stake out a aussi permis de donner énormément d’informations sur la nourriture, la récupération de ces athlètes canins aux mushers qui disposent d’une équipe entièrement dévouée au bien-être des chiens. » La dernière Alpirod s’est courue en 1995.

En créant la Lekkarod, Dominique Grandjean et toute l’équipe qui l’accompagne, ont voulu faire renaître l’Alpirod et l’esprit de cette course au service et à la gloire du chien de traîneau. La deuxième édition qui se déroule actuellement dans les Alpes (sur 9 étapes) oppose deux catégories d’attelages (6 et 12 chiens). La ligne d’arrivée sera franchie aux Saisies, le 19 mars.

Lekkarod : Départ en mass-start du dimanche 12 mars à Bessans.

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