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Surpoids : les racines du mal

Éducation, élevage, génétique, maladies… Les causes de surpoids sont nombreuses. Encore faut-il que les maîtres prennent conscience du problème.

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Surpoids : les racines du mal
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Si les chiens et les chats sont en surpoids, c’est d’abord à cause de nous ! Dans la nature, les chats qui se contentent de chasser les souris ou les chiens retournés à l’état sauvage ne sont en effet jamais bien gras… C’est donc ce qu’on leur donne à manger qui fait grossir nos animaux domestiques. En quantité comme en qualité, les rations seraient trop riches par rapport à la dépense physique qu’on leur autorise. Mais si le bilan énergétique est simple à formuler, les causes qui aboutissent à l’obésité sont multiples, complexes et difficiles à juguler.

La première, la plus évidente, est que les gens ne connaissent pas et ne respectent pas les doses d’aliments qu’ils doivent donner chaque jour à leur animal en fonction de sa taille, de son âge ou de son activité. La stérilisation réduit par exemple de 20 % les besoins en calories chez le chien et de 30 % chez le chat. Mais quel maître réduit réellement les rations après l’opération ? Et qui sait que les félins ont des besoins énergétiques deux fois inférieurs à ceux des chiens de même taille ? Ils courent moins et, pour ceux qui vivent en appartement, ont moins d’occasions de sortir.

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Le surnourrissage est lié au fait que, majoritairement, les propriétaires ne perçoivent pas ou sousestiment l’embonpoint de leur compagnon. Un sondage BVA*, réalisé en 2010, révélait que seulement 13 % des propriétaires d’animaux en surcharge pondérale avaient conscience du problème. C’est encore plus vrai pour les propriétaires de chats qui, majoritairement, nient l’adiposité de leur compagnon ou se sentent vexés quand on leur en fait la remarque. Pour un certain nombre de maîtres, sans faire de psychologie de comptoir, l’animal est aussi un substitut d’enfant qu’ils ont tendance à « gaver ». Pour lui faire plaisir, mais aussi pour entretenir un lien, une présence (à table, par exemple) ou un comportement. Ce même sondage de 2010 révélait ainsi que 53 % des chiens reçoivent des extras de temps en temps et 34 % au moins une fois par semaine. Chez le chat, plus regardant visàvis du nourrissage à la main, c’est le libre accès à la nourriture, pariant sur une autorégulation naturelle, qui est la cause d’un excès alimentaire, et donc du surpoids.

Gare à l’addiction

L’autre cause de la suralimentation de nos chiens et chats est sans aucun doute l’appétence des aliments qui leur sont destinés. Car, même si les industriels s’efforcent d’équilibrer leurs produits, ils travaillent aussi à les rendre très attractifs pour l’animal. Au point que ce dernier développe parfois une forme d’addiction à la nourriture qu’on lui propose et ne cesse de la réclamer ou de retourner à sa gamelle, tant qu’on la lui remplit. Chiens et chats apprennent très vite, aussi, à nous dresser à leur donner à manger. Ils miaulent, nous implorent du regard jusqu’à ce que nous craquions. Appliquer la bonne réponse, c’est-à-dire ignorer purement et simplement ces sollicitations, demande énormément de volonté, voire d’abnégation…  

L’éducation et l’élevage des chiots et chatons sont donc essentiels. Il est probable que, comme chez l’humain, l’alimentation reçue pendant la croissance conditionne en partie sa corpulence future. Chez l’homme, le surpoids infantile expose non seulement à l’obésité une fois adulte, mais augmente nettement les risques de diabète et de maladies cardiovasculaires, et ce à un âge plus précoce…
Les éleveurs ont donc aussi leur part de responsabilité dans cette épidémie de surpoids. Car outre la manière dont ils nourrissent les petits, les sélections qu’ils opèrent influent sur la tendance de l’animal à grossir. Certaines races y sont ainsi particulièrement prédisposées. C’est le cas du labrador, du teckel, du cavalier king charles, du beagle, du carlin, etc.

Le gène de la gloutonnerie

Des chercheurs de l’université de Cambridge (Grande-Bretagne), ont même identifié un gène de la gloutonnerie chez les labradors et les flat-coated retriever, particulièrement ceux qui sont sélectionnés pour devenir chien d’assistance. 76 % des chiens en surpoids retenus pour l’étude étaient porteurs d’une mutation d’un gène censé réguler l’appétit. En cause, la sélection qui a privilégié les chiens les plus gourmands parce que les plus motivés à l’apprentissage (qui donne lieu à des récompenses) ! Toujours selon cette étude, cette mutation génétique se retrouverait chez un chien sur quatre dans les deux races et expliquerait leur tendance à l’obésité. La motivation à se dépenser spontanément semble également liée à la génétique du chien. Il n’est pas impossible qu’en préférant les individus les plus calmes, et en éliminant les «hyperactifs» de la sélection, les éleveurs aient sélectionné un autre gène favorisant l’obésité…

Mais n’oublions pas que si nos compagnons mangent trop, c’est toujours proportionnellement à ce qu’ils dépensent. Aucune race, canine ou féline, n’est faite pour rester sur un canapé 23 heures sur 24 ! Dans la nature, les canidés sauvages effectuent parfois 65 à 95 kilomètres par jour pour trouver leur nourriture, et leur territoire s’étend sur des surfaces de 80 à 240 kilomètres carrés. Même si un chien dispose librement d’un jardin de 500 mètres carrés ou qu’il sort trois fois dix minutes par jour, il reste un sédentaire. Si le chien est un coureur de fond, le chat est davantage un sprinteur, mais aussi un grimpeur. Dans la nature, le territoire qu’il parcourt et défend peut atteindre 170 hectares, selon une mesure effectuée dans le bush australien. À l’état domestique, un chat libre de sortir a rarement un territoire inférieur à 1 000 mètres carrés de surface… en trois dimensions puisqu’il peut aller dans les arbres, grimpe sur les toits, etc. Un appartement, avec ses 2,5 mètres sous plafond, doit donc lui sembler bien petit !

* BVA pour Gamm Vert : seniorsregion.fr/web/334-comment-les-francais-alimentent-leurs-animaux-domestiques-.php

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Publié le 5 juillet 2017
5 minutes
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