Cirques : Barnum, le plus vieux cirque animalier, ferme ses portes

« Quel Barnum ! » Le cirque américain Barnum était si populaire que son nom est passé dans notre langage courant pour exprimer un grand désordre ou un grand tapage. La décision de sa fermeture en mai 2017, après 146 ans d’existence, est symbolique, autant pout le monde du cirque que pour celui des associations militant contre l’exploitation des animaux dans l’univers du spectacle.

Officiellement nommée Ringling Bros. And Barnum and Bailey Circus après plusieurs fusions, la compagnie avait bâti une partie de sa notoriété sur les spectacles d’animaux, notamment de pachydermes. Sa troupe d’éléphants d’Asie était la plus importante dans le monde occidental.

Une procédure de neuf ans a opposé le cirque et plusieurs associations de défense des animaux dont Peta, qui avait tourné des vidéos montrant un dresseur du Barnum Circus frappant les éléphants avec un bâton pointu. Le cirque a gagné le procès en 2010 lorsqu’il est apparu que les associations avaient soudoyé l’un des témoins. Il a par la suite accepté de payer une amende de 270.000 dollars pour mettre fin à une enquête des autorités américaines pour maltraitance des animaux et a décidé, en 2016, de retirer de la piste ses éléphants face à la mauvaise publicité engendrée.

« Un signe des temps qui changent »

Pour Peta, la fermeture du cirque Barnum est un « signe des temps qui changent ». Pour Franck Schrafstetter, président de l’association Code Animal spécialisée dans la défense de la faune sauvage captive, cette disparition montre que Barnum «  n’a pas su évoluer. J’ai du mal à me réjouir d’une faillite, mais la fin du cirque Barnum est un signe fort, montrant que notre vision sur l’exploitation des animaux change.»

Plusieurs pays dans le monde et en Europe ont interdit, partiellement ou totalement, la présence d’animaux sauvages sur les pistes de cirques, comme la Finlande, la Belgique, l’Autriche, le Portugal ou bien encore la Grande-Bretagne. En France, un mouvement similaire se dessine avec la décision d’une cinquantaine de villes (à retrouver sur le site cirques-de-france géré par Code Animal) de refuser d’accueillir des cirques présentant des animaux. « Cela permet de faire parler de ce sujet et de mettre le débat sur la table », explique Frank Schrafstetter qui tient à rappeler qu’il n’est pas contre le cirque ni contre les gens qui y travaillent mais contre l’exploitation et la souffrance des animaux. « Code Animal s’oppose à toute violence contre les cirques. Notre rôle est de sensibiliser à la question de la souffrance d’animaux en captivité à travers des campagnes de communication et de réaliser des enquêtes en France pour montrer la réalité du terrain. »

La Fondation 30 Millions d’Amis a mis en ligne une pétition « Pour des cirques sans animaux sauvages ». La Présidente, Reha Hutin, regrette « que les cirques dans leur grande majorité n’aient pas anticipé l’évolution des mentalités en matière de respect animal ». Selon elle, « seuls quelques-uns comme le cirque du Soleil ou le cirque Plume sont parvenus à faire naître le cirque de demain, avec le succès international que l’on sait.» La responsable de l’association précise cependant qu’elle fait « confiance au talent et à la bonne volonté des artistes pour savoir se réinventer et redonner au cirque une image positive qui ne repose plus sur la souffrance et l’exploitation animale. Au 21ème siècle, c’est une exigence ! » La fondation rappelle également qu’« il n’est pas dans la nature de l’animal de faire des numéros de clowns et le public est encore loin de s’imaginer les techniques qui sont utilisées pour amener un animal à exécuter un ordre demandé.» 

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