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Découvrir les ours

A la veille des vacances de la Toussaint, la rédaction de 30 Millions d’amis vous recommande l ‘exposition « Espèces d’ours » qui se déroule actuellement au muséum national d’histoire naturelle. L’occasion de faire connaissance avec l’hôte de nos forêts pyrénéennes et de ses 7 cousins…

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Découvrir les ours
Exposition Espèces d'ours au Muséum © Steven Kazlo

Espèces d’ours ! C’est par cette interjection, peu flatteuse que l’on adresse en général à une personne bourrue manquant un peu d’éducation, que le muséum national d’histoire naturelle invite les visiteurs à découvrir cette espèce encore présente sur notre territoire.

Ouverte depuis le 12 octobre dernier jusqu’au 19 juin 2017, elle propose sur un circuit balisé en cinq étapes de faire le tour de cette espèce qui a été et est encore l’objet d’autant de fascination, de fantasmes que de craintes et de maltraitance.

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On apprend, dès la première pièce, que notre planète est peuplée de 8 espèces qui ont toutes des caractéristiques communes : l’ours brun, l’ours polaire, le grizzly, l’ours à collier, l’ours lippu, l’ours noir, l’ours à lunettes et le grand panda.

« Six de ces espèces ont un ancêtre commun, l’ours minimus, révèle Didier Julien-Laferrière, concepteur de l’exposition. Aussi appelé ours d’Auvergne, ce qui montre qu’il est apparu en Europe et plus particulièrement chez nous, il ressemblait un peu à l’ours à collier. Il peuplait nos forêts il y a cinq millions d’années et s’est éteint trois millions d’années plus tard. Seuls le panda géant et l’ours à lunettes ne descendent pas d’ursus minimus. »

Ours malais naturalisé © M.N.H.N – Bernard Faye

Une plateforme expose les huit spécimens, ce qui permet au visiteur d’en apprécier la véritable taille et de distinguer les « géants » (l’ours polaire et le grizzly) du petit qu’est l’ours malais. L’occasion aussi de faire la connaissance d’ours complètement inconnus pour le public néophyte. C’est le cas de l’ours lippu, qui vit sur le territoire de l’Inde, et qui doit son nom à ses très longues lèvres qui lui permettent d’aspirer les termites et autres fourmis englouties par dizaines de kilos dans une même journée.

Des « spots » didactiques invitent les enfants (mais aussi les plus grands) à comprendre, en touchant, ce qu’est l’hibernation. Ainsi, si la marmotte qui hiberne elle aussi, fait tomber sa température corporelle à 5 degrés (très froid au toucher !) pour permettre à son corps de vivre au ralenti, l’ours qui sommeille conserve quand même une température de 38 degrés, ce qui est plus que la nôtre à l’état de veille. En revanche, son rythme cardiaque tombe à 8 pulsations par minute « espacées par une longue phase de plus de 20 secondes sans battements », précise le scientifique.

Le phénomène de l’hibernation chez l’ours est encore un mystère pour de nombreux scientifiques, dont ceux de la Nasa, qui tentent notamment de percer celui qui lui permet de ne pas uriner pendant six mois, de ne pas manger pendant six mois, mais surtout de ne pas perdre de capacité musculaire pendant ce long sommeil (s’il perd 20 à 30% de son poids, il s’agit uniquement de la graisse qu’il a accumulée pendant l’automne). « Si ces scientifiques arrivent à comprendre comment font les ours, vous imaginez ce que cela permettrait de faire avec des spationautes qui iraient sur la planète Mars et se trouveraient en pleine possession de leurs corps et de leur capacité musculaire au moment où ils se posent sur la planète », anticipe notre guide.

Au fil de la visite, on croise deux immenses squelettes reconstitués de l’ours des cavernes. Une rencontre impressionnante tant il paraît plus massif avec des pattes avant plus robustes (et des pattes arrière plus courtes) que ses descendants. On y apprend que l’ursidé a probablement dû partager son gîte avec nos ancêtres, les homosapiens, qui l’ont pourtant très peu représenté sur les fresques qu’ils dessinaient dans les grottes. « C’est vrai que l’homme des cavernes a davantage représenté des troupeaux de bisons des steppes ou des chevaux qu’il chassait pour se nourrir ou alors s’il le faisait c’était dans un petit coin discret de la grotte, raconte Didier Julien-Laferrière. L’ours devait aussi être moins souvent rencontré car c’est un solitaire alors que les chevaux ou les bisons vivaient en troupeau. »

Peut-être aussi qu’il inspirait déjà à nos ancêtres le respect et la crainte qui alimentent encore l’imagination et les fantasmes dans les populations qui le côtoient ? La représentation de l’ours dans nos sociétés est l’objet d’une salle à part entière où nous sommes accueillis par Boris Cyrulnik, le psychanaliste français, qui explique dans une vidéo en quoi l’ours est notre double humain, l’incarnation de notre part de sauvagerie que nous admirons et rejetons à la fois. Sans doute se trouve là la source du traitement paradoxal que nous réservons à cet animal à la fois vénéré, humilié et maltraité (exhibé dans des foires, des cirques ou maltraité pour en extraire la bile – en Asie notamment – ou la graisse, ou chassé par peur ou par souci d’éprouver son courage et sa virilité).

L’exposition nous fait inévitablement passer par l’ours brun des Pyrénées, dont la trentaine de specimen qui y vivent encore est l’objet d’une intense polémique entre les pro-ours et les anti-ours quant à la politique qui doit être menée pour gérer sa population. Les plus opposés au maintien de ce grand carnivore dans nos montagnes et nos forêts arguent qu’il représente un danger pour les troupeaux et les hommes. Un danger bien modeste au vu de la petite Cannelle dont la dépouille naturalisée a été prêtée par le muséum d’histoire naturelle de Toulouse. Abattue par un chasseur en 2004, la dernière représentante de l’ours des Pyrénées toise tout juste 72 cm pour 80 kilos…

Ourse Canelle naturalisée au Muséum de Toulouse. Christian Nitart

Espèces d’ours, du 12 octobre au 19 juin 2017, au Muséum national d’histoire naturelle, Jardin des plantes, 36, rue Geoffroy Saint-Hilaire, Paris 5è

Tél. : 01 40 79 54 79.
Tarif plein : 11 euros
Tarif réduit 9 euros

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