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La vie en refuge nuit-elle à l’adoption ?

Le passage par un refuge, pour un chien, présage-t-il de l’échec de son adoption? Si peu d’études éthologiques existent sur le sujet, il semblerait toutefois que le passé de l’animal, son âge, sa race ou encore son tempérament sont tout aussi importants…

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La vie en refuge nuit-elle à l’adoption ?
Fotolia

Chaque année, c’est la même chose. On fait le bilan des abandons de l’été avant d’inviter chacun à aller dans les refuges pour adopter un chat ou un chien. Plus de 100 000 animaux espèrent ainsi retrouver un foyer et une vie normale.

Les causes d’abandons sont multiples : problèmes comportementaux, mais aussi décès du maître, départ en  maison de retraite, hospitalisation, allergie, arrivée d’un enfant, ou tout simplement abandon car l’animal est devenu trop encombrant. Quelles que soient les raisons, l’expérience du refuge aura des répercussions. Certains chiens en tireront bénéfice et apprendront de nouvelles choses, tandis que d’autres vivront cet épisode de manière traumatisante…

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Ce qui est certain, c’est que les animaux qui arrivent dans un refuge modifient leur comportement très rapidement. Un refuge d’Irlande du Nord a mesuré le temps passé par les nouveaux arrivants pour consommer leur ration alimentaire le jour même de leur arrivée, au troisième puis au cinquième jour. Le temps moyen passé pour consommer toute la ration est de 6 minutes et demie le premier jour. Cette durée se réduit à moins de 4 minutes dès le cinquième jour ! Ce qui laisse penser que, pendant ce laps de temps, les chiens se sont (au moins partiellement) adaptés au nouvel environnement et au nouveau mode de distribution.

Favoriser l’adoption

Dans ce même intervalle de cinq jours, une modification du comportement des chiens vis-à-vis des soigneurs a aussi été observée. Inhibés et craintifs à leur arrivée, les chiens ont adopté des comportements plus calmes, moins stressés ou inquiets, au bout de quelques jours même s’ils n’ont pas tous recherché le contact avec le personnel du refuge qui entre dans leur parc. Au bout de quelques jours, les réactions de peur diminuent significativement et les toutous apprennent même que ces personnes qui ne cherchent pas à imposer un contact à tout prix leur apportent des ressources alimentaires ! D’autres travaux, qui ont mesuré le taux de cortisol, ont par ailleurs démontré que cette hormone du stress décroit de manière significative au cours de la première semaine en refuge pour la plupart des individus.

C’est plutôt une bonne nouvelle car ce sont justement ces attitudes de calme et d’attention portée aux humains qui offrent les meilleures chances d’adoption. Bien avant les critères physiques, ce sont les aspects comportementaux de l’animal qui favorisent l’arrêt devant les boxes des candidats à l’adoption. Des études ont même démontré qu’un jouet placé dans le lieu de vie du chien améliore considérablement l’image que les visiteurs se font de ce dernier, même s’il ne joue pas avec.

Les causes des échecs

Malheureusement, tous les chiens, par leur tempérament, leur génétique ou les conditions de leur développement, n’ont pas la capacité de s’adapter au nouvel environnement qu’est le refuge. Certains peuvent se trouver en situation de stress chronique et présenter des comportements liés à la frustration : agressivité, agitation, aboiements et… stéréotypies (tourner en rond dans la cage, léchage compulsif…). Des manifestations qui réduisent hélas leurs chances d’adoption, alors qu’elles pourraient cesser rapidement dans un environnement adapté comme un nouveau foyer.

En 2007, une étude a été menée en Angleterre afin de déterminer quels étaient les comportements causant l’abandon d’un animal et comment ces derniers évoluaient après leur adoption. Des questionnaires ont été mis à la disposition du refuge et complétés à l’entrée de l’animal, puis deux et six semaines après son adoption. Sur vingt motifs d’abandon signalés à l’arrivée de l’animal, seuls cinq ont persisté six semaines après l’adoption : les agressions envers les inconnus, les chiens inconnus et le vétérinaire, la peur chez le vétérinaire et les manifestations anxieuses lorsqu’ils restent seuls. Toutefois, la pertinence de l’étude se heurte à l’outil utilisé (le questionnaire n’est pas très adapté pour prévoir les éventuels comportements indésirables qui pourraient survenir après l’adoption) et à l’évolution que peuvent connaître les comportements plusieurs mois après l’adoption (dans le bon sens comme dans le mauvais !).

Cette étude a aussi examiné les causes des adoptions ratées qui conduisent au retour de l’animal. La raison principale invoquée était un problème de comportement pour un tiers des retours « seulement » : malpropreté, fugue, destruction, anxiété de séparation, agression, mais aussi hyperactivité ou encore timidité. Pour les deux autres tiers, c’est la mésentente entre le nouveau venu et l’enfant de la famille ou l’animal déjà présent (chien ou chat) qui était la cause du retour. Cette dernière est d’ailleurs signalée dans plusieurs études, ce qui laisse penser que la présence d’un autre animal dans le foyer adoptant est un facteur non négligeable d’échec à l’adoption. On notera toutefois que ces études ne tiennent pas compte des compétences des adoptants ni du passif de l’adopté.

Ne pas mettre d’étiquette

D’une manière générale, en cas d’échec, le retour de l’adopté survient rapidement. 55 % se produisent dans les deux semaines suivant l’adoption. Car, dans un cas sur deux, l’animal adopte un comportement jugé indésirable dès les premières 24 heures, contraignant les adoptants à revenir très vite sur leur décision. Entre la deuxième semaine et le deuxième­ mois après le départ du refuge, on observe ce que les chercheurs nomment un « âge d’or » de l’adoption : le moment où le taux de retour est le plus faible (6 %). L’animal s’est alors adapté à son environnement et les comportements liés au stress ont diminué. Mais un sursaut d’abandons a lieu après le deux­ième mois et jusqu’à six mois après l’adoption, où le taux de retour remonte à 15 %, comme sur la période six mois/un an. Selon certaines études, c’est l’apparition de nouveaux comportements indésirables et/ou le retour de comportements indésirables déjà présents qui, en s’aggravant entre deux et quatre mois après l’adoption, sont la cause du retour de l’animal.

Pour autant, les chiens qui restent dans leur nouveau foyer ne sont pas « parfaits ». Leur passif, leur éducation, leur tempérament, l’abandon souvent, ont laissé des traces. Pour plus de la moitié d’entre eux, après quatre semaines d’adoption, ce sont les réactions de peur qui sont décrites par les adoptants. Peur des membres de la famille, des inconnus, des situations nouvelles… Viennent ensuite l’activité excessive (pour 37 %), les destructions (24 %) et la malpropreté (21 %). L’agressivité envers les humains et d’autres chiens ne représente respectivement que 5,5 et 9 % des problématiques évoquées quatre semaines après l’adoption.

L’âge joue aussi un rôle important dans le succès (ou l’échec) d’une adoption. Les chiots expriment moins de comportements indésirables et, en particulier, très peu de comportements de peur ou sexuels. Entre 6 et 12 mois, la famille adoptante leur reprochera essentiellement une tendance plus appuyée à être très actifs et aboyeurs, tandis que c’est sur les chiens adultes que les comportements agressifs envers les congénères seront les plus répertoriés. Les problèmes de comportement sont toujours dus à plusieurs facteurs et sont complexes. Il serait réducteur de mettre une étiquette à un chien uniquement en l’observant en refuge. Chaque individu, avec son histoire et son tempérament, réagira différemment à un environnement donné. Il est donc important (et désormais obligatoire) de proposer en refuge des moments de détente dans des parcs avec des congénères, dans un environnement non stressant, pour mieux appréhender ses réactions. Les familles d’accueil peuvent aussi être des alternatives intéressantes pour observer le chien dans un contexte familial et donner les meilleurs conseils pour un placement réussi.

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