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Outre-mer : l’envers du décor

Guadeloupe, Réunion, Martinique, Nouvelle-Calédonie : on en a vu, des photos et des reportages de leurs plages paradisiaques aux eaux turquoise. Mais vous a-t-on déjà parlé de la condition animale, là-bas ? Non, hein ? Ils sont pourtant bien nombreux, les loulous qui ont besoin d’aide…

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Outre-mer : l’envers du décor
Shutterstock

Ils sont partout. Dans les rues, le long des routes, dans les décharges. Dans des sacs-poubelle, aussi ; surtout les chatons. Des centaines de milliers de chats et de chiens faméliques qui tentent de subvenir à leurs besoins et d’échapper à la fourrière, qui leur offrira encore moins de chances de survie que l’errance. Tout cela se passe en France. C’est même une caractéristique des paysages de nos DROM-COM. Mais, ça, les cartes postales ne le disent pas…

Le problème : les euthanasies de masse pour pallier l’errance

Comment en est-on arrivé là ? Rien qu’à La Réunion, 300 000 chiens et chats errants auraient été recensés par la direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (DAAF), pour un total de 850 000 habitants sur l’île. Pour les associations de protection animale locales, ce chiffre serait même sous-estimé, et la situation est similaire en Guadeloupe, en Guyane, en Martinique, et plus généralement dans l’ensemble des DROM-COM. Pourtant, le Code rural stipule bien que les maires des communes ont la responsabilité de prendre “toutes dispositions propres à empêcher la divagation des chiens et des chats », rappelle Séverine Fontan, présidente du Collectif Outre-mer de protection animale (COPA) : “Les lois sont les mêmes qu’en France métropolitaine, mais elles ne sont pas respectées”.

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Entre réglementations ignorées et laxisme des autorités, la situation est dramatique : le taux d’identification et de stérilisation est au plus bas, le rôle de l’animal est souvent utilitaire (garder le domicile, attaché dans des conditions incompatibles avec ses besoins biologiques), le commerce illégal fleurit et les actes de cruauté sont banalisés. “Si les causes de l’errance sont diverses, la réponse que les collectivités locales apporte à cette problématique est quasiment unilatérale : l’euthanasie de masse. Une politique expéditive et qui n’a jamais infléchi la courbe de l’errance.”, s’insurge le COPA dans son communiqué. Des initiatives en matière de stérilisation – qui pourrait réellement atténuer le problème – existent, mais les budgets qui y sont consacrés demeurent nettement inférieurs à ceux alloués aux captures, piqûres létales et ramassages d’animaux écrasés. Ainsi, en Martinique, 95 % des animaux entrant à la fourrière seraient euthanasiés tandis qu’à La Réunion, une sixième fourrière est en projet de construction alors que l’île ne compte que trois refuges.

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La solution : pousser les politiques à agir

Pour Séverine Fontan, il n’est plus possible de cautionner cette barbarie : « Les impôts des contribuables doivent servir à améliorer leur cadre de vie, dans le respect des animaux, de la loi et de la protection de la nature », martèle-t-elle. Le courrier qu’elle avait adressé, en 2018, à l’ancienne ministre des Outre-mer, Annick Girardin, étant resté sans réponse, elle compte revenir à la charge cette année en interpellant son successeur, Sébastien Lecornu, pour lui demander de se saisir de cette problématique essentielle. « Seule une politique étatique de stérilisation des populations canine et féline peut endiguer l’errance, avec un programme éthique, effectif, et s’inscrivant dans la durée. Il est urgent de réorienter les fonds publics vers la création de refuges, d’ouvrir des dispensaires et de financer des unités vétérinaires mobiles. Ces actions doivent être accompagnées de campagnes de sensibilisation autour de l’identification et de la stérilisation. Il faut aussi systématiser la sensibilisation au bien-être animal dans l’Éducation nationale. Enfin, pour les propriétaires d’animaux les plus modestes, les trop rares programmes de stérilisation subventionnés devraient être multipliés », tempère-t-elle. Ses recommandations vont dans le sens de celles de l’OMS, qui préconise d’axer les plans de gestion de l’errance autour de trois actions efficaces et pérennes : attraper, stériliser, relâcher.

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Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le coût d’une stérilisation s’élève à 100 € pour un chat et à environ 200 € pour un chien, tout en permettant un premier pas vers l’atténuation des problèmes d’errance, tandis que le coût d’une capture et d’une euthanasie par les fourrières avoisine les 300 €, sans améliorer aucunement la situation. Pourquoi les autorités ne changent-elles pas leur stratégie ? “Par facilité, par mépris de l’animal, par copinage… Par esprit entrepreunarial, aussi : les fourrières étant des entreprises privées, elles font rentrer de l’argent là où une stérilisation limiterait les dépenses… Il faut se rendre à l’évidence, ce sont des choix politiques”, se désole la présidente du COPA.

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À défaut de parvenir à faire bouger les choses directement dans les territoires concernés, l’association entend faire (ré)agir depuis la France métropolitaine. Son objectif est d’abord d’obtenir un rendez-vous avec Loïc Dombreval, le député LREM porteur de la proposition de loi, puis, avant la fin de cette année 2021, avec le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu. “Plus les Français se mobiliseront autour de ces questions, plus les politiques et les médias daigneront s’intéresser au sujet”, conclut Séverine Fontan. Une vidéo-pétition a donc été tournée pour mettre en lumière la réalité des îles, et plus elle tournera, plus l’information parviendra aux oreilles des décisionnaires…

Si vous souhaitez agir pour améliorer la situation animale outre-mer, de nombreuses options vous sont offertes depuis la France métropolitaine : signer les pétitions, faire des dons aux associations sur place (Les Loulous de Gwada, Alerte-SOS Chiens, Créole's & Co, Asso Sauvade, etc.), devenir famille d'accueil, voire adopter un animal sauvé de la rue…

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