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Rien qu’une bête, M. Giesbert ?

“N’ayez pas peur, ce n’est qu’un roman”, annonce Franz-Olivier Giesbert sur la couverture de son nouveau livre : « Rien qu’une bête ». Ne vous méprenez pas, le cochon de cette histoire ne ressemble pas à celui de la couverture. Il s’agit d’un humain qui a voulu montrer les conditions terribles de l’élevage industriel… et faire que cette boucherie cesse.

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Rien qu’une bête, M. Giesbert ?
Shutterstock

Sans doute Charles avait-il parlé trop vite. Séparation difficile, envie de plaire, militantisme : toutes les conditions étaient réunies pour faire quelque chose qu’il pourrait regretter par la suite. Comme affirmer devant Patrick et Laura Glostrob, radicaux défenseurs de la cause animale, que le meilleur moyen de faire évoluer les mentalités sur l’élevage intensif était de reproduire les conditions de vie d’une bête à viande sur un humain. Pourquoi pas un cochon. Mais, quand il se retrouvera nu dans une cage noire, quand on l’aura gavé à l’en étourdir, quand il n’aura plus d’autre nom que Gros-Cul, sera-t-il trop tard pour faire machine arrière ?

Trois questions à l’auteur, Franz-Olivier Giesbert

Roberto Frankenberg

Animaux-Online : Franz-Olivier Giesbert, comme vous, Charles Aubignan est un septuagénaire, il a écrit plusieurs livres et ne cache pas son engagement en faveur de la cause animale. À quel point ce personnage vous représente-t-il, et où s’arrête votre ressemblance avec lui ?

Franz-Olivier Giesbert : C’est sûr que mes similitudes avec Charles sont nombreuses, et que les souvenirs et le rapport qu’il entretient avec les animaux sont les miens. Quand mes parents ont quitté les États-Unis, vers mes 10 ans, ils se sont installés dans la petite commune de Saint-Aubin-lès-Elbeuf [Seine-Maritime] et ont rapidement fait l’acquisition d’une ferme. Eux étaient de véritables bobos bio avant l’heure, déjà soucieux de consommer local et frais tandis que, pour ma part, je sympathisais avec nos chèvres, poules, coqs et avec les veaux et cochons des éleveurs du coin. Je vivais vraiment aux côtés d’animaux et, comme Charles, je demande juste qu’ils soient traités avec respect. Mais ce qui est sûr, c’est que jamais je ne me serais soumis à ce type d’expérience !

A.O. : Certaines scènes sont particulièrement dures à vivre pour Charles, et pas moins glaçantes à lire… étaient-elles dures à écrire, de votre côté ? Quel sentiment vous animait lors de l’écriture de votre roman ?

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F.-O. G. : Ce qu’il faut comprendre, c’est que si j’avais bien en tête, depuis une dizaine d’années, l’idée de cette histoire qui oscillerait entre horreur et humour, je me suis lancé dedans sans avoir de contrôle sur son déroulement. Quand j’écris, ce n’est plus moi derrière les mots, ce sont les personnages qui décident. Moi, je ne savais pas où il me menaient. J’ai vite réalisé que le couple Glostrob n’était pas sympa – ce sont d’ailleurs eux qui m’ont poussé à écrire un avertissement en préambule de l’histoire –, mais je n’avais aucune idée de l’endroit où ils allaient me mener. J’écrivais même de plus en plus vite, sur la fin, parce que je voulais réellement connaître la suite. Et j’ai moi-même été étonné par la tournure qu’elle a prise.

A.O. : Le couple Glostrob, justement, est particulièrement dérangeant tant il semble prendre un plaisir malsain à “déshumaniser” Charles… Aviez-vous un message à faire passer, à travers ce roman ?

F.-O. G. : Patrick a indéniablement un côté dérangé. Laura, elle, fait preuve d’affection ; d’amour, même, envers Charles. Certes, elle en joue un peu, mais elle a, à mon sens, les caractéristiques des fermiers et fermières que j’ai pu côtoyer dans mon enfance, qui prennent soin des cochons à tel point que ces derniers peuvent se croire amis, presque membres de la famille… jusqu’au jour où ils sont tués. Toutefois, mon idée n’était pas de faire un roman pour la cause animale, sinon j’aurais écrit un autre essai – ce qui arrivera sans doute. Je suis certes militant, mais je suis aussi romancier : j’ai ce besoin d’écrire, non pas pour prouver des choses, mais pour donner la parole à des personnages qui ont des histoires à raconter. J’écris pour choquer, pour faire réfléchir, pour faire rire… et apparement, ça marche !

Et terminons sur une des citations favorites de M. Giesbert : “On n’a pas deux cœurs, un pour les animaux et un pour les humains. On a un cœur ou on n’en a pas.” (Alphonse de Lamartine).

Albin Michel

Rien qu’une bête de Franz-Olivier Giesbert aux éditions Albin Michel (368 p. – 19,90 €)
Pour connaître sa disponibilité dans votre librairie indépendante la plus proche, cliquez ici.

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