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Pont-Scorff redevient un zoo, oui, mais…

L’aventure Rewild prend fin avec la reprise du zoo de Pont-Scorff par l’entrepreneur Sébastien Musset, qui a pour ambition d’en faire un parc animalier très moderne.

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Pont-Scorff redevient un zoo, oui, mais…
Shutterstock

En course pour la reprise du zoo de Pont-Scorff, dans le Morbihan, avec le projet de l’ONG Sea Shepherd, le projet « Breizh Park » a finalement été retenu par le tribunal de commerce. Porté par l’entrepreneur costarmoricain Sébastien Musset, il prévoit un investissement de 5 millions d’euros, dont 4 millions dédiés aux travaux, avec une ligne de conduite bien précise : le bien-être animal.

Rewild, une fin mouvementée

Problèmes financiers, difficultés de gestion, conflits internes… Un an après le début de l’aventure, le projet Rewild n’arrivait plus à tenir. À l’origine, la coalition d’ONG avait racheté le zoo de Pont-Scorff dans le but de le fermer au public, de trouver des solutions pour les animaux présents (l’objectif premier étant une réintroduction dans la nature) et d’utiliser les lieux comme centre de réhabilitation pour les animaux victimes de trafic. Mais le manque de dons, couplé à une gestion chaotique et à l’absence de cohésion interne, a poussé la société Bretagne Zoo – gérante du parc – en liquidation judiciaire, avec un endettement de 1,4 million d’euros.

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Les potentiels repreneurs avaient alors déposé leur projet de reprise. Entre les parcs zoologiques, l’ONG Sea Shepherd avait présenté une tout autre stratégie, avec comme volonté de sauver le projet initial porté par Rewild, c’est-à-dire en ne présentant pas les animaux au public. Toutefois, c’est l’idée « Breizh Park » portée par l’entrepreneur costarmoricain Sébastien Musset qui a été retenue.

Un investissement indispensable

« Pont-Scorff est le fruit d’une histoire complexe. Il n’y a eu aucun investissement dans le parc depuis de nombreuses années, constate Sébastien Musset. Les enclos datent des années 1990 ou 2000, ils sont donc trop petits pour la majorité d’entre eux, et ne conviennent pas aux besoins des animaux. Le parc n’est également pas entretenu du tout ». Il est certain que les 5 millions d’euros injectés dans le parc par lui et ses six investisseurs, dont des spécialistes en redressement d’entreprise et des parcs animaliers, ont pesé dans la décision du tribunal. Assainissement des eaux, agrandissement des enclos, modification des abris… La tâche sera rude avant l’ouverture, prévue en juin 2022.

« Tout est à faire »

Pour cet entrepreneur de 41 ans, amoureux des perroquets, il lui suffit de se balader mentalement dans le parc pour énumérer les changements urgents à mettre en place pour le bien-être des animaux. « Une fois les clés de l’ancien zoo remises, la première chose que l’on a faite, c’est de mettre en place un suivi vétérinaire quotidien, raconte ce passionné d’animaux encore inconnu du milieu. Il y a aussi tout un travail de réglementation à faire sur le parc, car je serais incapable de dire combien d’animaux il y a précisément, ni même s’ils sont correctement bagués, identifiés ». Enfin, autre point primordial à traiter en priorité : l’assainissement des eaux du parc qui se déversent dans les nappes phréatiques. « Cela n’aura pas d’impact pour les animaux du zoo, mais clairement un impact pour les animaux sauvages. Je pense notamment aux poissons des rivières adjacentes », explique-t-il.

À lire aussi : À qui appartiennent les animaux des zoos ?

Parmi les cas qui lui sont immédiatement venus à l’esprit, Sébastien Musset a cité celui des veaux de mer, que Rewild avait fait passer d’une eau douce à une eau de mer. « La pompe de filtration est si petite que, dès que les températures augmentent, des algues vertes se développent, ce qui oblige à chlorer l’eau. Cela est évidemment très mauvais pour les animaux, se désole l’entrepreneur. Pour lui, les volières sont aussi toutes trop petites. « Moi qui suis un particulier passionné d’oiseaux – j’ai des aras depuis maintenant 12 ans, et c’est sûrement pour cela que ça me touche davantage – mes volières sont plus grandes que celles du parc ! L’idée serait de faire des espaces où les animaux seraient quasiment en vol libre… », s’autorise-t-il à rêver. Autres exemples, l’hippopotame a un bassin extérieur, mais pas de bassin intérieur, si bien qu’en hiver, elle ne peut pas se baigner. « Je pourrais continuer longtemps comme ça. Tiens ! l’abri des éléphants n’est pas isolé. On chauffe donc dehors et il est difficile de maintenir une température constante pour ces animaux », ajoute-t-il encore.

La réintroduction, un volet primordial

Bien que son projet ait des points de divergence avec celui porté par Seasheperd, notamment parce qu’il prévoit d’accueillir à nouveau du public, l’entrepreneur ne ferme pas la porte à une collaboration avec l’ONG au service des océans sur le volet « réintroduction » dans le milieu naturel. C’était une des missions phares que s’était fixées le projet Rewild.

Une main tendue acceptée par Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France, qui se dit disposée à « assister le repreneur » dans la réhabilitation des animaux du zoo. « Beaucoup des animaux présents sur ce site ont une vie meilleure qui les attend ailleurs. Si nous pouvons aider à faire en sorte qu’ils en bénéficient, nous le ferons, a-t-elle déclaré dans un communiqué. Nous verrons prochainement si cela se concrétise et dans quelle mesure nous pourrons poursuivre ce qui a été commencé ». Toutefois, Sébastien Musset insiste sur l’importance de réaliser ces réintroductions de manière scientifique, avec une liste de priorités et un bénéfice pour l’espèce, et pas seulement pour l’individu.

Le parc dispose d’un grand bassin inoccupé. Or, le repreneur ne voulait pas faire de spectacles. L’idée a donc germé de faire de cet espace un centre de soins pour la faune marine bretonne Mais cela sera réalisé dans un second temps, car, au vu de ce que l’on doit faire en urgence, l’investissement de 4 millions d’euros sera bien entamé… C’est pour cela que l’on veut rouvrir en juin 2022 : avec les bénéfices engendrés, nous pourrons continuer la transformation plus en profondeur », souhaite Sébastien Musset.

Un projet bien accueilli par la communauté zoologique

Avec ses nombreux déboires, le zoo de Pont-Scorff avait été retiré de l’Association française des parcs zoologiques (AFdPZ) et également de l’EAZA, l’organisme européen similaire. « Nous, ce que l’on voulait, c’était un projet viable qui permette d’assurer le bien-être et la sécurité des animaux et du personnel en intégrant les 3 engagements des zoos : éducation, recherche, conservation, et cela semble être le cas, déclare Cécile Erny, directrice de l’AFdPZ. Une fois que le parc sera ouvert, il pourra redemander l’adhésion en suivant le protocole d’attribution et son dossier sera réexaminé », conclut-elle, optimiste.

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Publié le 1 juin 2021
5 minutes
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