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Le dernier repos au cimetière animalier de La Gaude

Quelque 1000 petites tombes sont disposées dans l’unique cimetière animalier de la Côte d’Azur. Créé il y a plus de soixante ans, il permet aux maîtres endeuillés de la région Paca de se recueillir auprès de leurs très chers disparus à quatre pattes…

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Le dernier repos au cimetière animalier de La Gaude
A. Beinat

A. Beinat. Disposées en escalier, les tombes sont protégées par l’ombre des cyprès
plantés il y a soixante ans.

Philippe s’y recueille presque tous les jours. La petite tombe est l’une des dernières au bout d’une allée protégée du soleil par l’ombre de cyprès plantés il y a plus de soixante ans. Sur la stèle grise, quatre photos de chats avec quatre prénoms : Ammy, Paille, Félix et Mina. Les dates de leur disparition sont autant de séparations et de deuils dans la vie de Philippe, leur maître, qui n’a jamais envisagé d’autre sépulture qu’une tombe dans le cimetière animalier de la Gaude, à Cagnes-sur-Mer. « Je vis en appartement, je n’ai pas de jardin pour les y enterrer », dit-il sans que cela soit pourtant l’explication de son choix. Car « même si j’avais eu un jardin, il y aura toujours le problème de la pérennité, poursuit l’homme devant la tombe, je veux un endroit où je puisse venir tout le temps. Une maison avec un jardin, vous pouvez toujours la vendre. Et que deviendraient alors les tombes de mes animaux ? »

Sommeil éternel

Quand il vient, Philippe se penche sur deux tombes, celle de ses chats mais aussi celle du chien que ses parents ont fait inhumer dans le cimetière animalier en 1987. « J’ai fait comme eux, j’ai trouvé que c’était une bonne idée, murmure-t-il comme pour respecter le sommeil éternel de toutes les petites âmes qui reposent dans ce lieu aussi joli qu’il est unique.

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Installé le long de la route des Régagnades, à La Gaude, le cimetière a ouvert ses portes en 1969 grâce à André et Danielle Rouillard, tous les deux dans le secteur du service aux animaux. Elle en tant que toiletteuse, lui comme agent de secours animalier. C’est en voyant le cimetière animalier d’Asnières, en région parisienne, que l’idée a germé dans l’esprit de ces amoureux des bêtes. Ils ont alors décidé d’acquérir 4000 m2 de terrain pour donner vie à leur projet.

L’équarrissage était la norme

A. Beinat. Des fleurs, des statuettes, des peluches, des friandises… les hommages sont à l’image de l’amour porté aux animaux défunts par leurs maîtres…

Dès le début, les « parents » d’animaux disparus ont été séduits par la possibilité qui leur était ainsi offerte de disposer d’un lieu où ils pourraient faire reposer leurs animaux. Une option moins difficile que l’équarrissage qui était la règle à l’époque pour celui qui n’avait pas un bout de jardin pour y enfouir son animal disparu.

« Dès le début, mes parents ont travaillé avec les vétérinaires de la région pour proposer une autre solution que l’équarrissage, relate Fabrice Rouillard, mais depuis la généralisation de l’incinération, nous avons moins de demandes. » Fabrice est le fils de Danielle et André. Cet électricien de formation a repris le flambeau lorsque ses parents ont pris leur retraite. Pour poursuivre leur œuvre, qui est connue de tous les amoureux des animaux de l’agglomération de la côte d’Azur et bien au-delà. « Nous avons des tombes d’animaux qui viennent de Marseille », précise Fabrice.

Le lieu ne ressemble à aucun autre. Une fois la grille d’entrée franchie, un parterre de petites tombes vous accueille, toutes plus insolites, mignonnes, sobres ou au contraire kitsch les unes que les autres. Comme si les maîtres s’autorisaient des fantaisies funéraires qu’ils s’interdiraient pour un des leurs. Au gré de la déambulation, une citrouille pleine de friandises trône sur un lit de cailloux blancs, des photos d’instants arrachés à la vie de l’animal, des fleurs, vraies ou factices, certaines délavées par la pluie et le soleil… À gauche, un escalier mène à une succession d’étages où les tombes s’alignent de part et d’autre sous les hauts cyprès. Entre les allées de gravier, les feuilles tombées depuis soixante ans tapissent le sol où plus aucune végétation ne pousse, empêchée par l’ombre, et étouffent les pas des maîtres qui entretiennent les tombes.

A. Beinat. Fabrice Rouillard, le fils des créateurs du cimetière animalier, veille désormais sur les petites âmes envolées…

Anonymes et célébrités

Comme pour le cimetière du Père-Lachaise, on cherche des yeux une tombe célèbre. Fabrice reste discret sur les personnalités qui ont confié au cimetière la dépouille de leur animal. Tout juste susurre-t-il que le réalisateur Claude Autant-Lara y a une concession pour ses bêtes.

En haut des marches, le dernier étage du cimetière est occupé par une unique tombe. Ou plutôt un unique mausolée dédié à Mapuk, un chat qui trône fièrement sur une photo. C’est la seule indication sur le locataire du monument de granit noir qui occupe plus de 20 mètres carrés. Fabrice Rouillard ne lâchera rien non plus sur ses maîtres qui ont fait ériger la sépulture il y a quatre ans. Il lâche simplement qu’ils sont russes, fortunés et résidaient à Monaco. Chaque mois, ils viennent rendre une petite visite à Mapuk, accompagnés de gardes du corps.

Le cimetière de la Gaude compte près de mille petites, moyennes et grandes sépultures. Chaque mois, y sont creusées six à sept nouvelles. Depuis peu, des urnes contenant les cendres de chats, chiens ou lapins incinérés sont déposées dans le columbarium pour s’ajuster aux nouvelles pratiques. Pour permettre à tous de conserver le lien avec nos animaux au-delà du temps…

En pratique

Le cimetière animalier de la Gaude accueille exclusivement des petits animaux : chiens, chats, lapins, furets, oiseaux… pas de chevaux ou vaches.
Les concessions sont cédées pour un à cinquante ans. L’emplacement (avec inhumation et plaque) coûte 360 euros la première année, puis 100 euros par an pour le renouvellement.
Les propriétaires d’une tombe peuvent venir autant qu’ils le souhaitent.
Infos : 301, route des Regagnades, 06610 La Gaude. Tél. : 04 93 31 56 42.
http://cimetiere-animaux.com/

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