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Le chat sauvage africain, un maillon actif de la biodiversité

Dans le lumineux désert du Kalahari, situé en Afrique australe, vit un représentant de l’espèce à l’origine de tous nos chats domestiques : le chat sauvage africain. Au cœur de ce fascinant biotope qui nous semble si austère, ce petit félin a trouvé son paradis.

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Le chat sauvage africain, un maillon actif de la biodiversité
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Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, dans ce lieu aride s’épanouit une faune variée et nombreuse. Le chat sauvage africain est un maillon actif de la biodiversité de cette zone désertique. Discret et prudent, il se laisse pourtant découvrir au petit matin à son retour de chasse ou même, pour un œil affûté, parmi les acacias dans lesquels il se plaît à dormir le jour. Dans cet univers où la chaleur est torride une grande partie de l’année (en tswana, Kalahari signifie « grande soif » ou « lieu sans eau »), le chat sauvage trouve de nombreuses petites proies dont il se nourrit, et rencontre des prédateurs plus féroces que lui, le guépard, le léopard et le lion, qu’il se garde de trop approcher afin d’échapper à leurs sautes d’humeur imprévisibles.

Un chasseur redoutable

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Nocturne la majeure partie du temps, silencieux, incroyablement rapide et terriblement efficace, le chat sauvage africain a certes une grande prédilection pour les petits rongeurs mais il apprécie aussi les oiseaux et ne refuse pas de dévorer un lézard, voire, à l’occasion, un insecte. L’une de ses proies préférées est le rat des acacias (Thallomys nigricauda), nocturne comme lui, qui niche dans les cavités de ces arbres, celles-là même que le chat affectionne pour s’y reposer et observer les alentours. 

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Sa technique de chasse repose sur l’affût, suivi d’un bond ou d’un élan fulgurant qui surprend la plupart du temps sa cible mais aussi l’observateur humain qui a la chance de le voir en action, lorsque la chasse a lieu de jour. Il lui arrive en effet de prolonger parfois dans la journée sa quête nocturne lorsque le bilan n’a pas été suffisamment convaincant ou quand le temps est couvert, comme cela se produit à la saison des pluies.

À la différence d’autres prédateurs, le chat sauvage ne fouille pas profondément le sol pour déloger une proie. Il peut à la rigueur le « gratouiller » un peu pour voir de quoi il retourne, mais ses pattes, trop délicates, ne sont pas adaptées à ce type d’action, et particulièrement ses fragiles coussinets élastiques qui lui assurent une marche silencieuse.

À l’origine du chat domestique

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De simples « chats de gouttière » au Raminagrobis de La Fontaine, tous nos chats domestiques ont en commun le même ancêtre africain, Felis silvestris lybica. Ce n’est pourtant pas en Afrique mais dans la région du Proche-Orient, dite du croissant fertile, que ce petit félin a été domestiqué il y a plusieurs milliers d’années sans que l’on se soit encore parfaitement accordé sur un millénaire précis. Une certitude, dont attestent les momies de chats découvertes dans les tombes égyptiennes : c’était il y a au moins 4 000 ans. Cependant, la découverte à Chypre d’un chat dans une tombe datant de 7 500 ans semble apporter une strate additionnelle à cette datation.

Quand on compare le chat sauvage africain de l’Afrique australe, classé maintenant dans la sous-espèce Felis silvestris cafra, et notre chat européen, on ne peut qu’être frappé par leur étonnante ressemblance. Taille très proche, même type de pelage, même élégance dans la démarche, mêmes attitudes agrémentées pourtant d’un petit air pincé chez le chat sauvage qui, lorsqu’on a la chance de pouvoir l’observer de près, nous laisse entrevoir qu’il n’est pas aussi commode que ses cousins qui vivent sous nos toits. 

Le désert du Kalahari, une biodiversité étonnante

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En dépit de l’aridité de cette zone aux étés brûlants (le thermomètre peut grimper jusqu’à 45 °C) et aux froides nuits d’hiver, une faune incroyablement riche y a élu domicile. La magie des lieux est fascinante. Un sable orange chargé d’oxydes ferreux recouvre des dunes végétalisées par le temps, des acacias erioloba affichent çà et là leur silhouette échevelée, et quelques rares vallées de faible amplitude, où les rivières ne coulent qu’une fois par siècle, modulent le paysage.

À chaque instant peut surgir d’un fourré un lion, un léopard, un guépard ou même l’irascible et « dandinant » ratel, une sorte de blaireau noir recouvert d’une curieuse pelisse argentée. Les oryx gazelles aux longues cornes en forme de sabre et les springboks aux bonds spectaculaires sont présents en grand nombre. Ces antilopes sont des ascètes stricts qui ont un très faible besoin en eau, trouvant dans leur nourriture un apport hydrique presque suffisant.

La saison des pluies fait exploser la vie et un enchaînement exponentiel se met alors en place, comme autant de poupées gigognes : qui dit pluie dit herbes fraîches, et donc excellente nourriture pour les herbivores, permettant une bonne lactation pour les femelles qui peuvent alors mettre bas… Tout cela attire bien entendu les prédateurs pour lesquels ces « extras » saisonniers sont un pain béni providentiel. On comprend dès lors qu’au cœur d’un biotope aussi riche le chat sauvage africain ait trouvé sa thébaïde.

Toujours seul (ou presque)

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À l’instar du chat domestique, le chat sauvage africain dort beaucoup. Mais comme lui, il est capable en une fraction de seconde de réagir à n’importe quelle alerte sans que ses articulations et muscles aient besoin d’un « temps de chauffe ». Cette capacité, que l’on retrouve chez la plupart de nos chats, participe grandement à sa survie. Les femelles s’occupent seules des petits, de leur naissance où ils sont aveugles jusqu’au moment où ils sont en mesure de se débrouiller. Comme pour de nombreux mammifères du Kalahari, les mises bas ont lieu à la saison des pluies, entre novembre et janvier, période pendant laquelle la vie foisonne en raison du renouvellement végétal qui apporte une nourriture abondante à de nombreuses espèces, dont les rongeurs. Les femelles utilisent généralement des anfractuosités de rochers dans lesquels les petits sont à l’abri des prédateurs lorsqu’elles s’absentent pour aller chasser. Seuls les serpents restent une menace pour ces chatons isolés dans leur terrier.

L’hybridation est sa principale menace

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Dans le désert du Kalahari, le chat sauvage africain a peu d’ennemis vraiment menaçants. Les attaques surprises d’aigles ou les rencontres inopinées avec les grands félins constituent un risque potentiel, mais sa grande prudence le met généralement à l’abri. Néanmoins, cette relative sécurité est menacée par ce qu’on appelle la pollution biologique, qui désigne un phénomène d’introduction de gènes d’une autre espèce, ici ceux de chats domestiques. Le risque est d’autant plus grand que le contact entre les deux espèces est difficile à contrôler dans les lieux où l’homme est installé. Heureusement, dans le parc transfrontalier de Kgalagadi, le chat sauvage africain a conservé une souche pure qui participe actuellement à la sauvegarde de l’intégrité génétique de l’espèce.

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