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Insectes : les superhéros mals-aimés de la nature

Parce que les insectes ont plus matière à susciter de l’insolite que de l’aversion, l’entomologiste* François Lasserre présente quelques infos et infox qu’il abordera en direct sur YouTube samedi prochain, à l’occasion de la journée mondiale des intelligences animales…

Insectes : les superhéros mals-aimés de la nature
Shutterstock

  • Entomologiste : spécialiste de l’étude des insectes.

Animaux-Online : François Lasserre, vous clôturez la Journée mondiale des intelligences animales avec une conférence sur les insectes… Qu’allez-vous nous faire découvrir exactement ?

François Lasserre : Mon intervention tournera autour des superpouvoirs des insectes, pour reprendre le titre d’un de mes livres. Ils font une quantité de choses que l’on ne soupçonne pas parce qu’on ne nous en parle pas beaucoup, et c’est ce qui m’avait interloqué quand j’ai commencé à m’intéresser à eux. Quand on met un pied dans le monde des insectes, c’est sans fin tant leur vie est passionnante. Alors, en bon vulgarisateur, j’aimerais rappeler qu’ils comptent parmi les superhéros de la nature.

A.-O. : Les insectes sont généralement les mals-aimés du monde animal, mais d’où vient cette aversion ?

F. L. : Notre cerveau nous joue des tours parce qu’il transforme les anecdotes en généralités. Dès qu’il y a quelques individus insectes qui nous embêtent, il va attribuer leur comportement à l’ensemble de l’espèce et opérer des raccourcis : “cette guêpe m’a piqué : les guêpes sont agressives et font mal”. Pourtant, quand on creuse, on constate qu’une immense majorité des guêpes ne pique pas parce que même si l’on s’est fait piquer une ou deux fois dans notre vie, ça ne représente rien par rapport aux milliers d’insectes qui nous entourent quotidiennement. Nous sommes victimes de biais de raisonnement.

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Rencontrer quelqu’un c’est aussi rencontrer un ou une autre, là où notre tendance est de se méfier des choses que l’on ne connaît pas. Plus autrui est différent, éloigné de nous, moins on a envie de le côtoyer. Et, moins on le cotoie, plus on en a peur. C’est exactement ce qui se passe avec les insectes. L’aversion pour les insectes est d’ailleurs surtout présente dans les pays très urbanisés comme le nôtre, puisque les habitants de régions plus rurales, habitués à en croiser continuellement, se rendent bien compte qu’ils ne nous embêtent pas et font simplement partie de l’environnement.

A.-O. : Dès lors, comment convaincre notre société de s’intéresser davantage à eux ?

F. L. : En posant un regard bienveillant avec tout le vivant, quel qu’il soit. Aujourd’hui, on a tendance à être interloqué devant une personne s’intéressant à un insecte ; certains me demandent même avec une pointe de dégoût : “Mais à quoi servent-ils ?” Ma réponse est alors toujours la même, sur le ton de l’espièglerie : ils ne servent pas plus que nous ! Quand on saura à quoi nous servons, on pourra reparler de leur propre utilité, mais la vérité c’est que nous n’avons pas, contrairement à eux, de rôle écologique – on a même plutôt un impact négatif. C’est ça que j’essaye de faire : disrupter, changer d’angle. Il ne sert à rien d’être trop technique, ce qui est intéressant c’est de multiplier les approches et les découvertes pour atteindre tout le monde et déconstruire les idées reçues.

A.-O. : Quelle anecdote surprenante ou insolite pourriez-vous nous confier sur un insecte ?

F. L. : Pour moi qui trouve chouette de déconstruire les idées reçues, j’aime bien revenir sur l’idée que les moustiques sont attirés par la lumière. C’est purement une légende urbaine ! On a constaté que de petites bêtes s’agglutinaient près des ampoules quand on se fait piquer, donc on a fait un raccourci pour dire que la lumière attire les moustiques… Mais ces petites bêtes ne sont pas des moustiques et n’ont rien à voir avec nos piqûres ! Ce qui attire le moustique, c’est nous : le COD que nous dégageons, notre chaleur corporelle qu’ils détectent avec leurs antennes, notre transpiration, etc. Et certains se font plus piquer que d’autres parce que le moustique a des préférences pour des micros-odeurs de peau, tout simplement !

Mais je pourrais aussi parler des guêpes qui fabriquent du papier, des fourmis qui font de l’agriculture, de celles qui se suicident pour sauver leur reine, d’un insecte qui jette de l’acide pour se défendre… les anecdotes sur les insectes, ce n’est pas ce qui manque !

« Les superpouvoirs des insectes » par François Lasserre
Samedi 6 février, de 15 h 30 à 16 h 15
— Journée mondiale des intelligences animales
> en direct et en streaming sur la chaîne YouTube de la Cité des sciences

François Lasserre

Retrouvez ici les livres de François Lasserre sur les insectes.

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