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Doit-on s’inquiéter du boom des chiots ?

Depuis le printemps, les Français se ruent sur les chiots. Est-ce un effet des confinements ? Cela présage-t-il une vague d’abandons après le confinement ? Les inquiétudes d’André Varlet, directeur des relations institutionnelles de la Société centrale canine, se portent surtout sur l’importation de chiens venus de l’étranger…

Doit-on s’inquiéter du boom des chiots ?
Rawpixel.com

30 Millions d’Amis : L’adoption de chiots semble avoir explosé depuis le premier confinement en France. Les chiffres de la SCC corroborent-ils cette observation dans les cliniques vétérinaires ?

André Varlet : C’est vrai que contrairement à ce que l’on redoutait, la crise sanitaire n’a pas provoqué une baisse dans les ventes de chiots LOF. Les gens ont effecivement acheté plus de chiots. On aura les chiffres précis au début de cette année. Cette augmentation est sans doute un effet des deux confinements. Pour plusieurs raisons : les gens sont en télétravail et peuvent donc s’occuper plus facilement de leurs chiens et le sortir. Pour les personnes seules et les familles, l’animal est aussi un soutien et une source de gaieté dans ces périodes difficiles. 

30 MA : La demande actuelle excède-t-elle l’offre que les éleveurs peuvent fournir ?

A. V. : Oui. C’est certain et cela ne va pas sans poser de problème. Il faut en général deux à trois ans à un éleveur pour augmenter le rythme des naissances. Du coup, dans des périodes de forte demande comme celle que l’on connaît, c’est l’importation depuis l’étranger qui est favorisée. Les acheteurs qui ne trouvent pas dans nos élevages le chiot qu’ils cherchent se tournent vers la Russie, la Pologne, ou encore la Serbie, de manière légale ou illégale. C’est cette importation de chiens qui ouvre la porte à toutes les dérives. 

30 MA : Quels sont les risques de cette importation ?

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A. V. : Les risques sont liés à un mode d’élevage sans contrôle sur la qualité des reproducteurs. Vous pouvez ainsi être trompé sur l’aspect physique du chien. Vous pensez par exemple acheter un caniche nain et c’est un géant à l’âge adulte. Le plus grave, ce sont les problèmes de santé liés des croisements génétiques non contrôlés. Cela va des malformations, aux cancer et maladies génétiques. 

30 MA : Ces chiots du confinement n’ont pas pu profiter d’une éducation par des professionnels dont l’activivité était interdite. Redoutez-vous l’apparition de problèmes comportementaux dans les mois qui viennent ?

A. V. : Oui et non car, d’un côté, les propriétaires de ces chiots sont davantage chez elles et ont donc plus de temps pour s’en occuper. C’est plutôt positif. D’un autre côté, la fermeture des 1500 clubs d’éducations canine en France a privé ces mêmes chiots des séances de sociabilisation avec des environnements différents, d’autres chiens et aussi d’autres humains qui complètent une éducation. Il faut donc espérer que les maîtres se tourneront vers des cours d’éducation dès le retour à la normale afin qu’ils poursuivre le développement de leurs chiens. Car il ne faut pas oublier que les problèmes de comportement sont la première cause d’abandon…

30 MA : Justement, le retour à la normale va-t-il signer une vague d’abandon ?

A. V. : Non, je ne pense pas. Il n’y a pas spécialement de raisons de s’inquiéter pour l’instant. Attendons de voir si les refuges observent plus d’abandons d’ici quelques mois. 

30 MA : Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui aimerait adopter un chiot en ce moment ?

A. V. : De bien réfléchir ! Pourra-t-il toujours assurer les besoins de son animal après le déconfinement ? Concernant le choix de la race, celui-ci doit se faire en fonction de son mode de vie, de son habitat. Il faut bien se renseigner. Et sélectionner un élevage répertorié au sein du Livre des Origines qui garantit un contrôle sanitaire, morphologique et comportemental de l’animal. Le mieux est de s’adresser aux clubs de races car ils connaissent les éleveurs qui respectent le protocole à la lettre. L’investissement que l’on met dans la préparation à l’accueil d’un nouveau membre de la famille permet un maximum de garantis.

Société centrale canine. André Varlet, directeur des relations institutionnelles de la Société centrale canine

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Publié le 25 janvier 2021
3 minutes
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