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Animalia : plus qu’un refuge, un sanctuaire

Représentez-vous une ferme du bocage normand. Gardez les animaux, et remplacez tout ce qui servait une logique de production par des parterres fleuris et de jolis abris. Imaginez maintenant les chèvres cabriolant près des chevaux, les chats se prélassant sous les buis ou les oies processionnant paisiblement devant vous. Bienvenue à Animalia.

Animalia : plus qu’un refuge, un sanctuaire
Léa Bouleau

Quand votre GPS vous annonce qu’Animalia se tiendra sur votre droite au prochain virage alors que seuls des champs se profilent à l’horizon, inévitablement, vous doutez. Pourtant, une fois le virage dépassé, un mur orné d’un grand graffiti à l’effigie d’animaux vous le confirme : vous venez d’arriver à bon port.

Le claquement de porte de votre voiture rompt le calme paisible du bocage normand et déclenche le crissement de pneu du quad électrique de Valérie Gouzien, fondatrice d’Animalia, venant à votre rencontre. Pour les deux prochaines heures, elle sera votre guide avec Valérie et Alvaro, bénévoles sur le site, et Jo, un bobtail sourd curieux de votre présence.

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Une chose vous frappe dès la barrière franchie : la beauté du terrain. De l’herbe aux arbres en passant par les buissons et les plantes, tout l’espace est magnifiquement entretenu et décoré de statuettes, d’arches en bois et de chemins de graviers ou de paille. Un paon passe. Valérie vous plonge dans l’ambiance de son association.

Léa BouleauDes oies de Guinée évoluent librement sur le domaine. Au fond, la volière qui abrite tourterelles et lapins domestiques.

Une association indépendante soucieuse d’offrir un cadre de vie naturel et adapté aux besoins de chaque espèce animale

Très vite, vous comprenez qu’elle n’est pas du genre à rester les bras croisés en attendant docilement que les journées passent. Des raisons de santé la contraignent à stopper son activité professionnelle ? Voilà du temps libre qu’elle pourra consacrer à sa vocation de toujours : le bien-être animal. En 2015, elle dépose donc les statuts pour faire d’Animalia une association de protection animale indépendante .

Alors qu’elle vous explique que son projet était de proposer une terre d’accueil aux animaux déchus, vous constatez autour de vous qu’elle a vu les choses en grand : son domaine fermier s’étend sur plus de quatre hectares, comprenant une ferme en pierre (où elle habite), une ancienne grange et un vieux fournil (devenus de superbes hébergements d’écotourisme) ainsi que des espaces de liberté et de nombreux abris pour les animaux.

Valérie se dirige vers un abri et vous ouvre la porte. Vous baissez la tête pour entrer et contemplez l’intérieur de ce mini-chalet chauffé. Un grand matelas au sol, des cadres aux murs, un petit préau ; vous pensez qu’un humain en recherche de toit ne demanderait pas mieux. Puis l’odeur de chiens s’infiltre à travers votre masque : vous êtes ici dans la demeure de Jo et Tom, deux bobtails du refuge qui, comme chaque espèce accueillie ici, ont une maisonnette décorée et confortable adaptée à leurs besoins.

Léa Bouleau. La volière des tourterelles et lapins, vue de l’intérieur.

Des pensionnaires de toutes espèces et de tous horizons, jouissant d’une totale liberté de circuler

Pas moins d’une centaine d’animaux de ferme cohabitent actuellement à Animalia, la moitié à plumes (oies, canards, poules, paons, tourterelles, etc.) et le reste à poils (lapins, moutons, caprins, cochons, chevaux, âne, vache, etc.). Valérie a également déclarée l’association auprès du Préfet de la Manche pour une capacité d’accueil de neuf chiens, cinquante chats et quelques NAC, bien qu’elle ait ralenti ses entrées pour 2020 face a un manque de moyens techniques et humains.

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En parlant de chat, en voilà justement un, Radar, qui se frotte à votre jambe. Il observe avec vous les oies qui défilent tranquillement en direction de la mare. « C’est le petit dernier à avoir été sanctuarisé”, sourit-elle en vous confirmant que, en quelque sorte, Animalia est “comme une maison de retraite pour les animaux” : les pensionnaires qui y rentrent y finissent paisiblement leur vie. Et quelle vie ! Si tous sont des survivants de quelque abandon ou abattoir, ils trouvent auprès de Valérie le confort et la sécurité dont ils ont manqué, avec une liberté totale le jour, et des abris pensés et construits pour leur espèce la nuit.

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Léa Bouleau. Des moutons d’Ouessant trottinent vers le reste de leur troupeau.

“Peut-être qu’on n’y arrivera pas, mais si on n’essaye pas, comment on pourra le savoir ?”

Après avoir rendu visite à chacun des animaux, Valérie vous invite à rentrer dans sa maison de pierre au décor vintage et chaleureux. Alvaro a désherbé autour de la mare plus tôt dans la matinée, et peut donc vous proposer de la soupe aux orties ultra-fraîche. L’hôtesse se confie : “Les soins aux animaux, le jardinage, l’entretien des locaux, la construction d’abris et toutes ces autres tâches quotidiennes, c’est bien, mais ça représente plus de 80 heures de travail par semaine que je réalise la plupart du temps seule.” Parce qu’en effet, aussi efficace soit-il, Alvaro est en woofing pour une durée assez courte, Valérie ne peut être présente que ponctuellement, et il en va de même pour les quelques autres bénévoles de l’association.

Ce que je vise maintenant, c’est devenir une structure professionnelle. Pour embaucher, pour améliorer les conditions sanitaires, pour accroître le bien-être des animaux, c’est ce vers quoi je dois évoluer. Peut-être qu’on n’y arrivera pas, mais si on n’essaye pas, comment pourra-t-on le savoir ?”

Déjà reconnue comme association d’intérêt général, Animalia a rejoint l’année dernière le réseau de la Confédération nationale Défense de l’Animal ; elle est donc habilitée à recevoir des donations, mais aussi des capitaux d’assurance vie et des legs. En quittant le domaine, vous vous raccrochez à ces statuts et pensez : jusqu’ici, quand Valérie a essayé, elle n’a jamais essayé à moitié. Alors, espérez-vous, y-aurait-il vraiment une raison pour que Valérie n’y arrive qu’à moitié ?

Léa Bouleau. Les chèvres toujours au rendez-vous pour faire fi des clôtures. Au fond, la jument albinos Lady Idaho et la trait breton Vérone.

Pour soutenir ANIMALIA ou en savoir davantage sur ses missions et pensionnaires : www.lagrandemardelle.com.

Bon plan

Si vous rêvez d’un week-end « retour à la nature » entouré d’animaux, notez que les hébergements d’Animalia ont un charme fou et acceptent vos animaux (chevaux compris !). Tous les bénéfices locatifs sont reversés au profit du sanctuaire.

Léa Bouleau. Valentin, l’âne du refuge qui espère vous voir bientôt – et pouvoir attraper ces pommesqui tombent du mauvais côté de la clôture.

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Publié le 6 décembre 2020
5 minutes
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