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Octobre rose : nouvelle étape du projet KDOG

Le projet a démarré en 2016, dans le but de former des chiens à la détection du cancer du sein. Preuve du concept, validation scientifique, recherche de financements… ce programme prend du temps, mais vient d’entrer dans sa seconde phase : l’étude clinique.

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Octobre rose : nouvelle étape du projet KDOG
Shutterstock

L’odorat des chiens est un outil exceptionnel. Explosifs, drogues, épilepsie, Parkinson, et maintenant Covid-19… le chien n’a jamais été à ce point le meilleur ami de l’homme. Il a également inspiré le projet KDOG, lancé en 2016 par l’Institut Curie. Initié par le docteur Isabelle Fromantin, il s’agit d’un programme de recherche et d’innovation médicale destiné à détecter le cancer du sein par voie transcutanée, grâce à l’odorologie canine. Concrètement, les femmes portent un tissu sous leur sein pendant la nuit et, si le chien s’assoit après l’avoir reniflé, c’est qu’il y reconnaît les marqueurs d’un cancer (ou composés organiques volatiles). Il s’agit d’un pré-test qui sera suivi d’une mammographie afin de valider ou non le diagnostic.

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2018 : la validation du concept

Pierre Bauër est chef de projet et directeur scientifique du projet KDOG. Il est arrivé début 2018, à la fin de la phase préliminaire qui a permis de valider le concept, c’est-à-dire de prouver que les chiens sont capables de détecter « l’odeur » du cancer du sein. « Les chiens avaient, chaque fois, 4 échantillons : 1 positif et 3 négatifs. Ils ont eu 90 % de réussite, mais, dans la vraie vie, ça ne se passe pas comme ça », explique-t-il. C’est pourquoi, deux ans ont été nécessaires pour valider les financements et mettre à jour le protocole d’éducation. « Par exemple, pour les chiens, c’est un jeu. Donc dès qu’ils marquaient un échantillon positif, ils avaient leur récompense. Sauf que, sur le terrain, il n’y aura pas forcément d’échantillon positif, et on ne veut pas que le chien marque au pif, juste pour avoir sa récompense. Dans ce cas de figure, nous avons appris au chien à se rendre sur un tapis et à s’asseoir. Cela signifie qu’il n’y a pas d’échantillon positif et il a quand même une récompense », raconte Pierre Bauër. Ainsi, grâce au soutien financier, technique et humain de SERIS – un groupe indépendant de cynophiles français qui œuvrent dans la sûreté et la sécurité – le projet KDOG est entré dans la phase clinique au début de l’année.

2020 : la phase clinique

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Aujourd’hui, trois chiens – Owen, Nougaro et Odin – sont opérationnels. Trois autres chiens viennent de rejoindre le programme et sont en phase de formation. « D’une manière générale, il faut des chiens de travail avec un nez fin. La culture « cyno » aime travailler avec des malinois mais nous, scientifiques, avons voulu intégrer d’autres races comme le labrador ou le springer afin de montrer que cela fonctionne aussi », détaille le directeur scientifique.

KDOG 2020. Odin et sa maîtresse, Cécile !

Pendant la phase clinique, qui durera deux ans, ces chiens devront analyser 450 échantillons en double aveugle. « C’est-à-dire que personne ne connaîtra le résultat des échantillons. On fera tester les chiens, on notera les résultats (positifs ou négatifs, ndlr), et c’est seulement à la toute fin que nous les comparerons avec ceux qu’auront détectés les biopsies ou les mammographies, précise Pierre Bauër. Cela nous fera forcément rebondir vers d’autres études à mener mais, si les résultats sont très bons, on commencera à se pencher sur la question : comment faire sur le terrain ? »

Exporter le concept

« On aimerait que la détection du cancer du sein par des chiens soit accessible dans des pays où l’accès aux soins est difficile et les examens coûteux, comme l’Afrique, l’Amérique latine ou certaines régions d’Asie, explique Pierre Bauër. Mais ça ne sert à rien si on détecte un cancer et qu’il n’y a aucune prise en charge par la suite. Pour ça, nous voulons travailler avec des ONG ». En plus des pays en développement, le projet KDOG a pour vocation de s’implanter en France et, d’une manière générale, dans les pays de l’OCDE. « Il faut savoir que seulement 50 % des femmes répondent au dépistage organisé, et ce, pour différentes raisons : déserts médicaux, handicaps, peur des rayons… Nos chiens permettraient de faire un pré-test rapidement et de manière douce », conclut-il.

Jade Boches

Pour rappel, le cancer du sein est le plus fréquent en France, et reste la première cause de mortalité par cancer chez les femmes. La détection précoce est un facteur prépondérant dans l’amélioration de la survie à 5 ans des femmes atteintes d’un cancer du sein. Celle-ci avoisine aujourd’hui les 90 % pour les femmes diagnostiquées entre 2005 et 2010. Dans tous les cas, un diagnostic précoce assure une meilleure prise en charge, des traitements plus efficaces et des taux de guérison plus élevés, comme le rappelle l’Institut Curie dans son dernier Observatoire Cancer.

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Publié le 23 octobre 2020
4 minutes
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