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Les gros nounours de Lisa et Paolo

Nés dans un cirque, Jack, Lola, Bambina et Tonito, délaissés par leurs mères, ne seraient pas en vie sans l’amour de Lisa et Paolo. Ces derniers ont même quitté le monde du cirque auquel ils appartenaient pour rejoindre le zoo-refuge La Tanière, qui accueille, pour leur bien-être et leur bonheur, des animaux sauvages rescapés.

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Les gros nounours de Lisa et Paolo
Arnaud Beinat

C’était il y a une quinzaine d’années. Abandonnés par leurs mères, Jack, Lola, Bambina et Tonito étaient promis à une mort certaine. Pesant à peine 400 grammes, sans poils, un ourson peut vite se retrouver en hypothermie sans la chaleur maternelle. Il doit surtout être protégé du père, qui peut le tuer. Alors, si la mère démissionne, ses chances de survie sont quasi nulles.
Heureusement, ces quatre-là sont nés sous une bonne étoile : dans le cirque où ils se trouvent, un couple de soigneurs est bien décidé à ne pas les laisser tomber. « Nous observions les mères qui, normalement, veillent sur leurs petits. On a bien vu qu’elles les délaissaient mais on a quand même voulu leur donner une chance de retourner vers leur progéniture. Peine perdue. », se souvient Paolo.
Mais il faut faire vite. « Ils étaient déjà bien refroidis et la plus petite ne pesait que 270 grammes, raconte Paolo. Il a fallu pratiquer le bouche-à-bouche pour l’aider à respirer. » Le quatuor est placé sous des couvertures chauffantes tandis que Lisa et Paolo se fournissent en lait spécial pour les nourrir. C’est un sauvetage harassant durant lequel il faut se lever chaque nuit toutes les deux heures : « C’est comme avoir quatre bébés en même temps, reprend Lisa, encore émue à l’évocation du souvenir. Il faut les stimuler pour qu’ils fassent pipi, surveiller leur transit intestinal, etc. A la différence d’un bébé tigre, qui mange tout seul vers quatre ou cinq mois, un ourson boit du lait très longtemps et reste avec sa mère pendant deux ans et demi en moyenne. »

Arnaud Beinat. LIsa et Paolo entourés de leur quatre premiers ours

Originaire du Portugal pour l’un, italo-espagnole pour l’autre, Paolo Teiraira et Lisa Fornaciari appartiennent à la grande famille des circassiens. Leurs parents ont travaillé dans le monde du cirque et eux-mêmes ont bourlingué dans les zoos, les cirques, le cinéma et la publicité. Lorsque les quatre demi-frères et sœurs sont tirés d’affaire, ils sont donc tout naturellement confiés aux bons soins du père de Paolo et vivent dans une propriété spécialement équipée, où ils profitent d’un vaste parc et d’une piscine. Plus tard, ils mènent l’existence itinérante de Paolo et Lisa qui ne les destinent pas aux spectacles de cirque mais au cinéma ou à la publicité. « D’ailleurs, en dehors de se mettre debout, ils ne savent pas faire grand-chose ! plaisante Lisa. En fait, on les faisait “travailler” parce que c’était ce que nous savions faire et que c’était la seule solution pour pouvoir les nourrir tous les quatre. » Car, en grandissant, les ursidés ont un appétit d’ogre : cinq à six kilos par jour de pommes, salade, légumes, poisson… S’ils sont omnivores, pour les maintenir en bonne santé, il faut surveiller leur équilibre alimentaire.

ACCÉDER AU RÊVE

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Mais, au bout d’une dizaine d’années d’itinérance, le couple décide de se poser. « Le rêve de notre vie a toujours été de nous occuper un jour d’animaux en difficulté », explique Lisa. Restait à trouver l’opportunité qui leur permette de conserver auprès d’eux leurs animaux. L’occasion s’est présentée il y a trois ans grâce à Patrick Violas. Un signe du destin. Cet homme d’affaires veut lui aussi se consacrer à son rêve d’enfant. Pour cela, il a revendu ses sociétés et créé La Tanière, un zoo-refuge pour les animaux exotiques ou sauvages en difficulté ; saisis, rejetés des cirques, des laboratoires, maltraités par des particuliers inconscients…

Arnaud Beinat. L’équipe du Zoo-Refuge de La Tanière au complet

Entre le couple et le manager, le courant passe instantanément. Ils ont le même rêve, la même envie, la même énergie. Lisa et Paolo posent donc leurs valises près de Chartres avec leurs trois enfants et leurs quatre ours et deviennent les soigneurs de La Tanière. « Lorsque tu es habitué aux animaux sauvages depuis l’enfance, précise Lisa, tu sais s’ils ne sont pas en forme ou s’ils sont de bonne humeur. Ils te respectent : à toi de les respecter. » La réputation du couple est telle qu’on les demande parfois pour du medical training pointu ; grâce à eux, un vétérinaire peut pratiquer l’échographie d’un tigre sans anesthésie.

Arnaud Beinat. Le contrôle régulier des yeux et des griffes est une routine pour Lisa et Paolo

Pour Jack,  Lola, Bambina et Tonito, la retraite a donc sonné bien plus tôt que prévu ! Pour le moment, ils sont placés dans un enclos provisoire, le temps que soit achevé l’espace qui leur est réservé où ils pourront évoluer entre chute d’eau, rochers, arbres, etc. Encore en travaux, pour une ouverture au public prévue au fin 2020, le zoo-refuge La Tanière vise à terme l’accueil de plus de 1 500 animaux sauvages ou domestiques rescapés. Mais d’ici là, il faut occuper les quatre ursidés qui ont de l’énergie à revendre. « Avant, leur existence était plus variée, concède Lisa. Un jour ils marchaient dans l’herbe, le lendemain sur des cailloux, etc. Chaque jour était une découverte. Aujourd’hui, c’est à nous de les distraire en variant la nourriture, en leur cachant des choses… Mais, ce qu’ils aiment par dessus tout, c’est les visites car, contrairement à la plupart des ours, les nôtres n’aiment pas rester seuls. »

Sous contraception depuis leur maturité sexuelle, la naissance de deux oursons après leur arrivée au zoo-refuge a surpris tout le monde. Il a donc fallu faire de la place pour Cannelle et Canaille, deux femelles qui vivent ensemble dans un enclos attenant à celui des adultes.

Arnaud Beinat. Kim, la fille de Lisa et Paolo, chez Canelle et Canaille, les deux jeunes femelles nées à La Tanière

Quand Lisa et Paolo entrent chez leurs protégés, c’est la fête. Ils poussent des cris, réclament des caresses et se dressent pour saluer Paolo à la manière des ours… en le léchant ! Si ce spectacle peut émouvoir un visiteur, Paolo n’oublie jamais que ses ours ne sont pas des peluches et qu’un coup maladroit pourrait tuer un homme. Le couple de soigneurs a pu établir une telle relation parce qu’ils baignent dans cet univers depuis l’enfance. Ils perçoivent le moindre signe de nervosité et sentent lorsqu’il faut les laisser tranquilles. De même, ils savent reconnaître les premières manifestations d’une maladie que les animaux cachent toujours : « Si on ne sait pas le faire, explique Lisa, lorsque les symptômes apparaissent, c’est déjà trop tard. » En période de reproduction, les mâles sont séparés des femelles pour éviter tout problème : « Mais les ours sont beaucoup plus faciles que les tigres, avec lesquels il faut toujours être très vigilant », précise Paulo. Une telle harmonie est le fruit de l’expérience et d’un amour immodéré pour les animaux. Jugez plutôt : outre leurs six ours, Lisa et Paolo ont aussi quatre otaries et près de 25 chiens difficiles !

Arnaud Beinat. De bons gros nounours, mais pas avec n’importe qui !

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