Publicité

Chat : des yeux derrière la tête

Le chat semble capable de voir dans le noir. Ce n’est pas tout à fait vrai, même si sa vision excelle de nuit et que son corps entier repère tout, y compris là où nous ne voyons rien…

Partager cet article :
Publicité
Chat : des yeux derrière la tête
Shutterstock/Wollertz

On dit du chat qu’il est un chasseur crépusculaire. C’est-à-dire qu’il va se mettre en quête de sa nourriture de préférence à l’aube et au crépuscule. Sans doute les meilleurs moments pour dénicher les petites proies sans être vu. Heureusement, la nature l’a pourvu de capacités sensorielles qui lui permettent d’être un chasseur hors pair lorsque la lumière est réduite. On dit souvent que le chat voit très bien la nuit. Et c’est vrai qu’il voit bien mieux que nous dans des conditions d’éclairage similaires. Mais ce qu’on oublie de préciser c’est que, pour très bien voir, il a besoin d’une source lumineuse. Comme nous, dans l’obscurité totale, il ne voit rien. C’est pourquoi il est plus juste de dire qu’il voit très bien dans la pénombre, et ce grâce à des adaptations anatomiques particulières. 

À lire aussi : Pourquoi m’offre-t-il ses proies ?

Cela commence dès que la luminosité diminue. Sa pupille se dilate afin de faire entrer un maximum de lumière dans l’œil. Elle peut s’ouvrir au point de devenir un rond noir qui occupe la quasi-totalité de la surface de l’œil, un peu à la manière d’un objectif d’appareil photo. La membrane de cellules située derrière la rétine, appelée tapetum lucidum, qui agit comme un miroir, est alors capable de renvoyer la lumière augmentée par la réflexion. Ce phénomène accroît l’efficacité de l’œil d’environ 40 % par rapport aux nôtres. C’est cette membrane qui donne l’aspect jaune et brillant des yeux face à une source lumineuse.  

Publicité

Cette faculté à exploiter beaucoup plus la ressource lumineuse disponible rend les yeux du chat plus performants que les nôtres, puisqu’il voit six fois mieux que nous dans la pénombre. Pour protéger les yeux et notamment la rétine, qui est très sensible, la pupille peut aussi se rétracter jusqu’à devenir une fente verticale de moins de 1 millimètre en cas de forte lumière. Tous les vertébrés ont cette aptitude à la dilatation et à la rétractation de la pupille mais, parmi les félins, seules les petites espèces comme le chat domestique peuvent la rétracter en forme de fente. Les grands félins ont quant à eux une pupille totalement ronde. Cette fente est un atout car elle est nettement plus efficace pour empêcher la lumière d’entrer dans l’œil qu’une pupille ronde. Autre distinction, cette fois-ci avec nous les hommes, notre pupille, arrondie, se dilate et se ferme beaucoup moins que celle du chat. 

© Shutterstock/BrAt82

Le chat perçoit le bleu, le vert et leurs nuances, mais pas le rouge.

Légendes et superstitions

Dès la Rome antique et en Égypte, les yeux des chats ont inspiré nombre d’auteurs qui, en observant ces félins, décrivaient la particularité de la pupille à se dilater et à se rétracter très finement. Certains ont même vu un lien entre ce phénomène et la hauteur du Soleil dans le ciel et les phases de croissance et de décroissance de la Lune. Plus récemment, d’autres ont prétendu que les chats avaient la capacité de générer eux-mêmes la lumière, ce qui expliquait l’aspect brillant de leurs yeux qui pouvait perdurer. Cette littérature entretient évidemment les légendes et superstitions liées au chat qui, pour la plupart, ne correspondent à aucune réalité. 

Les seules certitudes sur les capacités visuelles du chat émanent des travaux de scientifiques qui ont mis en évidence que le nombre de cellules photoréceptrices de la rétine variait selon leur spécialisation. Ainsi, les bâtonnets, qui sont les cellules photoréceptrices spécialisées dans la réception lumineuse en basse luminance, sont particulièrement nombreux dans la rétine du chat, contrairement aux espèces diurnes comme la nôtre. Les cônes, quant à eux, qui sont les cellules photoréceptrices impliquées dans la vision des couleurs, sont en revanche beaucoup moins présents que chez nous, ce qui explique pourquoi le chat ne voit pas toutes les couleurs. Il perçoit ainsi très bien le bleu, le vert et leurs combinaisons, mais pas le rouge et ses déclinaisons.

Le chat étant un prédateur, sa vision est aussi adaptée à cette spécificité. Situés sur la face, vers l’avant, ses yeux lui permettent un angle de vision binoculaire de 100 à 130° (ce qui correspond à la surface couverte par les deux yeux en même temps) et un champ ­visuel total (le champ visuel binoculaire et les champs visuels situés à gauche et à droite) qui atteint 200 à 280° (celui de l’humain est à 200°) ! L’angle de vision binoculaire peu large permet une précision de la vue vers l’avant. Contrairement aux proies, qui ont besoin d’avoir un champ de vision très large pour surveiller leur environnement (leurs yeux sont disposés sur les côtés et non sur la face afin de leur offrir un champ de vision le plus large possible). 

© DR

Le champ visuel total du chat couvre jusqu’à 280° alors que le nôtre n’atteint que 200°.

À lire aussi : Comment le chien perçoit-il son environnement ?
À lire aussi : Comment voient nos animaux ?

Myope et presbyte

Mais si le chat voit plus largement que nous, son acuité visuelle est nettement moins performante que la nôtre, c’est-à-dire qu’il voit beaucoup moins nettement les images éloignées. En quelque sorte, il serait légèrement myope. Et aussi un peu hypermétrope (ou presbyte) puisque sa vision de près n’est pas bonne non plus. En fait, la netteté est la plus performante entre 25 centimètres et 1 mètre. En contrepartie, le chat a une aptitude marquée à bien détecter les objets mobiles et très rapides. Ce qui est évidemment un atout pour un chasseur qui doit pouvoir repérer une proie ! 

Tous les chats n’ont pas la capacité de voir nettement de près, sauf si leur mode de vie le leur impose. Par exemple, s’ils sont spécialisés dans la prédation de petites proies comme les insectes, ils ont besoin que leurs yeux convergent pour s’approcher d’eux. Certains ont des particularités, comme les siamois dont le strabisme est génétique. Cette connexion anormale des voies optiques, ­associée à la couleur colourpoint (la robe est claire tandis que les extrémités sont foncées), favorise ce défaut d’alignement des yeux. Si le strabisme n’a pas d’incidence sur le champ de vision total, il a un effet sur la vision binoculaire qui permet la perception du relief. C’est pourquoi les siamois atteints de strabisme localisent moins bien les objets dans l’espace que les autres chats. 

Pour se diriger dans l’obscurité, le chat n’a pas seulement recours à la vue, il est aussi doté d’une ouïe très fine et d’un odorat extrêmement développé. Ses oreilles mobiles, indépendantes l’une de l’autre, captent les sons en en estimant la source et la distance. Grâce à des millions de cellules réceptrices olfactives, le chat percevrait également les odeurs de 50 à 70 fois mieux que nous. Il peut entendre une proie de très loin et utiliser des indices olfactifs de l’environnement pour s’orienter. Enfin, les vibrisses, celles de ses moustaches et celles présentes sur sa face et le bas de ses pattes, sont très sensibles au toucher, notamment grâce à des récepteurs situés à la base de chacune. Les vibrisses détectent les variations de pression de l’air et la proximité d’obstacles, et donnent au chat des informations sur la position de son corps pour éviter les objets trop proches et pouvoir s’orienter dans un passage étroit, de jour comme de nuit. Les vibrisses situées à la base des antérieurs (ou vibrisses carpiennes) donnent aussi des indications sur les vibrations. Orientées vers l’avant, ses moustaches lui permettent d’affiner la détection d’une proie, d’un obstacle ou la présence d’un congénère. En fonction du milieu dans lequel le chat évolue, il se servira de l’un ou l’autre de ses sens pour compenser celui qui n’est pas optimal. Si sa vue n’est pas très bonne de près, les vibrisses prendront le relais pour localiser un obstacle. 

Réussir l’adoption d’un chien ou d’un chat
Réussir l’adoption d’un chien ou d’un chat
Le magazine 30 millions d’amis
Le n°1 de la presse animalière

Chaque mois, devenez le meilleur des maîtres et retrouvez tous nos dossiers et conseils d’expert. Découvrez nos offres papier et numériques...

Publicité