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Avec son roman « La lionne rouge », Marion Cabrol sort les griffes

L’ancienne responsable pédagogique du zoo d’Amnéville (Lorraine) sort son premier roman : La lionne rouge, un thriller plutôt dur dont l’intrigue se passe dans ces mêmes lieux. Une pure fiction, mais qui nous permet de faire un retour sur un passé qu’elle évoque sans nuance.

Avec son roman « La lionne rouge », Marion Cabrol sort les griffes
Arnaud Beinat

Animaux-Online : La lionne rouge, c’est pour le sang dans lequel on retrouve un cadavre ?

Marion Cabrol : En partie, c’est aussi l’un des personnages qui est habité par une bête féroce qui le domine et domine son esprit et ses pulsions. C’est notre animalité dans ce qu’elle a de plus horrible.

AO : Parler de domination dans une relation avec une bête, ce n’est pas en adéquation avec le monde animalier. Est-ce la réalité du monde des zoos ?

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MC : C’est une fiction ! On peut dire beaucoup de choses sur la captivité, mais les zoos servent des objectifs qui sont plus grands qu’eux-mêmes. Ils servent la conservation et la pédagogie et s’ils produisent des spectacles, ils sont réalisés en coopération avec les animaux, avec des méthodes d’entraînement qui ont beaucoup évolué.

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AO : Entre le braconnage des animaux sauvages et les critiques dont font parfois l’objet les zoos, où se trouve le juste milieu ? 

MC : La solution, c’est d’abord la sensibilisation avec un gros travail auprès des populations locales, y compris les nôtres, car, et je vais quand même le rappeler, un ours a été abattu il y a peu dans les Pyrénées. On s’érige en donneur de leçons sur le braconnage en Afrique alors que nous ne sommes même pas capables de vivre en harmonie avec nos propres carnivores sauvages. Il faut aussi se souvenir que les animaux sauvages n’ont plus d’espace de vie. Outre cette sensibilisation, les zoos peuvent aussi amener de l’argent pour les programmes de conservation et l’argent n’est pas secondaire, c’est vraiment le nerf de la guerre pour arriver à préserver des populations encore existantes.

AO : Dans votre roman, vous évoquez un fonctionnement glauque, avec un patron qui n’écoute rien, des trafics avec les espèces rares… Est-ce tiré de votre propre expérience ?

MC : Ça n’a rien à voir avec le zoo d’Amnéville même si l’intrigue s’y déroule. Mon manuscrit était écrit bien avant les événements qui s’y sont ensuite passés. Mais, il est vrai que dans les zoos, on a accès à des animaux qui ont une valeur marchande incroyable. Le livre décrit ce qui pourrait se passer si on se mettait à y faire des bêtises. Quant au patron, il faut lire le récit pour connaître la raison pour laquelle il en est arrivé là. Beaucoup de personnages avaient de petites espérances et ont eu de grandes désillusions. Ça forge le caractère…

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AO : Justement, le zoo d’Amnéville a été amené à monter Tiger World, un spectacle avec des tigres qui a beaucoup nui à sa réputation dans le milieu animalier…

MC : Le directeur d’alors n’a jamais caché son amour pour les cirques. Tiger world était sans doute un grand accomplissement qui répondait à deux choses qu’il aimait : les fauves et le cirque. L’AEZA : l’association européenne des zoos et aquariums, nous avait demandé de ne pas le faire car ça ne répondait pas à leur morale. Le zoo avait alors répondu que, s’il y avait des spectacles d’otaries, pourquoi pas des spectacles de tigre ? La question reste d’ailleurs ouverte. Nous l’avons fait quand même et on en a payé les conséquences.

AO : Quelle était votre position à l’époque ?

MC : J’étais partagée. J’aimais mon travail et je soutenais mon patron car j’estimais qu’il était seul à avoir une vision sur le long terme. Mais d’un autre côté j’étais mal à l’aise. Je connaissais les méthodes de travail de mes collègues aux otaries, mais je ne connaissais pas celles avec les tigres et ce n’est pas quelque chose qui m’a réjouie. J’ai eu tout d’un coup la sensation que l’on s’éloignait des objectifs premiers d’un zoo. L’investissement était colossal et je pense qu’on aurait pu faire des choses plus importantes avec cet argent.

AO : La nouvelle direction semble mettre fin à ce spectacle ?

MC : D’après ce que j’ai vu dans la presse, il semblerait, en effet. Ça permettrait au zoo de revenir dans l’AEZA. La perte de notre place dans cette association fut terrible car c’est un standard de bien-être animal. Même si nous avons continué à faire notre boulot correctement, être sortis par l’AEZA fut un rude coup porté à notre image. La coopération internationale entre les zoos est très importante et revenir à l’AEZA est une chose primordiale.

AO : L’écriture de ce livre, c’était un exutoire à tout cela ?

MC : Non, plutôt une transition vers ma nouvelle vie. Quand j’ai quitté le zoo d’Amnéville, j’avais envie de sortir tout cela, de parler d’un zoo mais d’un zoo plus noir, pas celui qu’on connaît. Le zoo est un terreau fertile, une structure fascinante animée par des gens passionnés.

DR. La lionne rouge de Marion Carbol. Edition Hugo Poche. 7,60€

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