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J’ai trouvé un jeune corvidé en détresse, que faire ?

En cette période de l’année, il n’est pas rare de trouver un jeune corvidé (geai, pie, corbeau…) potentiellement en difficulté. Que faire ? Qui contacter ? Éric de Romain, administrateur du centre Crow Life, nous livre ses conseils.

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J’ai trouvé un jeune corvidé en détresse, que faire ?
Crow Life

En France, il est possible de trouver 10 espèces de corvidés aux statuts juridiques bien distincts. Six espèces sont protégées – le casse-noix moucheté, le chocard à bec jaune/chocard des Alpes,  le choucas des tours, la corneille mantelée, le grave à bec rouge et le grand corbeau –, tandis que les quatre autres – corbeau freux, corneille noire, geai des chênes et pie bavarde – peuvent être chassées et sont classées comme susceptibles d’occasionner des dégâts. «Si l’animal que vous avez trouvé fait partie d’une de ces espèces, vous devez appeler le centre de soins de la faune sauvage le plus proche de chez vous et le plus rapidement possible afin qu’il soit pris en charge », explique Éric de Romain, administrateur de l’association Crow Life qui œuvre pour la connaissance et la protection de tous les corvidés. D’une manière générale, chaque cas est différent et l’association pourra vous guider et vous accompagner dans le sauvetage de ces oiseaux, peu importe votre localisation.

Crowlife. Une corneille noire (corvus corone) juvénile en détresse au sol ne sachant pas encore voler

L’animal est-il vraiment en difficulté ?

Avant de tenter quoi que ce soit, assurez-vous que l’oiseau a vraiment besoin d’aide. « S’il est déjà emplumé, le mieux est de ne pas intervenir car le plus souvent, les parents ne sont pas loin et l’oiseau, même s’il ne vole pas encore, saura remonter de branche en branche », précise l’association sur son site. Si l’oisillon est nu ou en duvet, et qu’il n’est pas possible de le remettre dans son nid, ou que vous savez que les parents ont été tués par des destructions autorisées, prenez-le à l’aide d’un linge et placez-le dans un carton aéré, dans l’obscurité, dans une pièce tranquille. Juridiquement, personne ne peut détenir un animal sauvage. Si l’espèce n’est pas protégée, en pratique, après vous être rapproché d’un centre de soins, vous pouvez peut-être vous en occuper, en suivant les indications d’un spécialiste, jusqu’à ce que l’oisillon apprenne à se nourrir tout seul. Ensuite, il faudra le confier à un centre de soins qui le mettra avec des congénères pour qu’il apprenne les codes sociaux et développe une musculature de vol opérationnelle avant d’être relâché.

Crowlife. Ces jeunes Corbeaux freux se sont jetés du nid affamés car que leurs parents ont été empoisonnés, recueilli par crow life, désormais au centre, ils seront relâchés cet été
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De même, s’il s’agit d’un individu adulte, vérifiez que l’oiseau est réellement blessé ou en danger, par exemple si son aile pend, qu’il ne tient pas sur ses pattes, il est immobile, ne fuit pas lorsque vous l’approchez etc. Une fois à l’abri, ne lui donnez ni à boire ni à manger dans un premier temps. Contactez aussitôt le centre de soins le plus proche.
Si vous trouvez l’oiseau détenu dans des conditions illégales, c’est-à-dire sans eau, sans nourriture, en plein après-midi (cette pratique légale sert à appâter d’autres corvidés et à les tuer mais doit toutefois suivre des règles), prenez des photos et contactez l’Office français de la biodiversité (OFB). Le libérer est malheureusement illégal et vous risquez une amende de pluieurs centaines d’euros.

Ne vous attachez pas

Éric de Romain le sait, il est très difficile de ne pas se prendre d’affection pour ces oiseaux au tempérament si particulier. Lorsqu’ils sont proches de l’homme, l’imprégnation peut se faire très rapidement… « Même si ça part d’une bonne intention, dans la majorité des cas, ça se termine mal : soit par un accident, car les corvidés imprégnés n’ont pas conscience du danger, soit parce qu’ils sont tués par un humain qui ne les supporte pas », schématise le passionné. C’est pourquoi le mieux est de le confier à un centre de soins qui appliquera les meilleures méthodes pour remettre l’animal sur pied et le relâcher en lui donnant le maximum de chances de survie.

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Crow life, un centre de soins couplé à un sanctuaire

« En ce moment, nous avons des appels tous les jours, de toute la France. Dans 90 % des cas, d’avril à juin, cela concerne des petits âgés de 15 jours à un mois et demi », détaille Éric de Romain. En plus de dispenser leurs conseils, l’association peut se charger d’aller chercher l’oiseau ou d’organiser son acheminement vers le centre de soins le plus proche. L’équipe travaille beaucoup avec les centres de la Ligue de protection des oiseaux (LPO). « Si ce n’est pas une espèce protégée, il faut trouver un centre qui a le temps et la bienveillance de s’occuper du corvidé. Sinon, malheureusement, ces oiseaux sont souvent euthanasiés…  », ajoute-t-il.

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Actuellement, le centre Crow Life s’occupe de soigner une cinquantaine d’oiseaux. « Dans une vingtaine de jours, je pense que ce chiffre aura doublé », estime Éric de Romain. Pour son programme de soins-réensauvagement-relâche, l’association dispose d’un vaste espace naturel,
un sanctuaire dédié aux corvidés. « Nous y acceuillons également tous les corvidés qui ne peuvent pas vivre seuls dans la nature, soit parce qu’ils sont handicapés, soit trop imprégnés. Ils ont donc pour eux un vaste espace naturel où ils vivent en totale liberté. Le soir, ils rentrent dormir dans des abris sécurisés. En ce moment, nous en avons une dizaine ».

Crowlife. Pies Bavardes (pica pica) et geais des chênes (glandus glandarius) en phase de réensauvagement avant la relâche

Concernant les opérations de destruction, le spécialiste des corvidés regrette le manque d’études et de données sérieuses prises pour les justifier. « Une espèce peut être en déclin au niveau national, mais en forte croissance à un endroit donné où l’agriculture leur fournit un véritable garde-manger, c’est ce qui rend leur cas si difficile. Mais une chose est sure, c’est que ces oiseaux ne sont pas du tout en surabondance. Il faut que l’acharnement qu’ils subissent cesse car cela n’a aucun sens, tant au niveau éthique que scientifique, c’est contre-productif. Si on apprend un peu à les connaître, on ne peut que les aimer », conclut Éric de Romain.

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Crow Life

Centre de Recherche et de Protection des Corvidés

La Forestrie – 49170 Savennières

Tél. 07 66 31 29 66

mail : info@crowlife.org

www.crowlife.org

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Publié le 4 juin 2020
4 minutes
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