Une vie de chien en milieu urbain
Le chien en ville, c’est souvent un casse-tête. A la fois pour le propriétaire, qui veut l’emmener partout, et pour le maire qui veut concilier les attentes des premiers avec les exigences des non possesseurs. Heureusement, certaines municipalités, entreprises et sites internet jouent les facilitateurs…
Bouger avec son chien en ville, c’est l’enfer ! Et ce n’est pas près de changer puisque les deux-tiers des villes de plus de 100 000 habitants de notre palmarès annuel interdisent toujours les chiens dans leurs transports en commun quand ils ne peuvent pas être placés dans un sac ! Soit la majorité. Seules trois villes les acceptent gratuitement, quel que soit leur gabarit, à condition qu’ils soient tenus en laisse et muselés : Montpellier, Grenoble et Annecy. Une prise de position courageuse… et surtout pérenne. Car dans la métropole lyonnaise, le réseau TCL qui avait durant deux années autorisé l’accès à tous les chiens a opéré subitement un rétropédalage en 2019. La raison ? Le manque de civisme de certains propriétaires. Plutôt que de sanctionner les écarts de conduite au cas par cas, la cité lyonnaise a préféré évincer de ses lignes toute la population canine, soit 40 000 individus… En Ile-de-France, l’ouverture récente du réseau ferré (métro et RER) à tous les gabarits de chiens est heureusement toujours d’actualité. Dans un contexte où les incitations à renoncer à la voiture dans la capitale se font de plus en plus pressantes, reste à les autoriser aussi dans les bus.
Epanoui au travail
Un autre frein à la possession d’un chien en ville est l’impossibilité encore quasi générale de l’emmener avec soi au bureau. Certaines entreprises l’autorisent, voire l’encouragent. Ce sont souvent des sociétés internationales qui importent en France un modèle qui a fait ses preuves ailleurs, notamment aux Etats-Unis. C’est le cas de l’entreprise Mars (qui fabrique des aliments à destination des hommes et des animaux) qui, depuis trente ans, se mobilise pour promouvoir la présence d’un animal de compagnie auprès de l’homme y compris sur son lieu de travail. Au siège français, dans la périphérie d’Orléans, à Saint-Denis-de-l’Hôtel, dix salariés viennent au moins une fois par semaine au bureau avec leur chien. Pour des raisons d’hygiène, les animaux ne sont pas autorisés dans la partie dédiée à la production, ni dans le restaurant d’entreprise. Mais ailleurs, ils sont comme chez eux. « La présence canine a de nombreux bienfaits sur le moral, la réduction du stress et la productivité des associés », explique Mélodie Lecoy, responsable communication. Une étude réalisée par le Banfield Hospital en 2007 sur plus de mille collaborateurs et deux cents employés des ressources humaines a aussi démontré que l’accueil des animaux permettait de renforcer la loyauté envers l’entreprise. Ayant trouvé un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle et délesté de leur culpabilité de devoir laisser leur animal seul à la maison, les salariés s’investissent plus dans l’entreprise tout en s’y sentant bien. D’autres grandes entreprises de l’agroalimentaire, comme Nestlé Purina, ont adopté ce même modèle. Reste à le dupliquer, en conciliant les propriétaires et les non-propriétaires…
Heureux à la maison
Pour ceux qui n’ont toujours pas accès à cette facilité professionnelle, la solution de la garde, à domicile ou pas, permet de ne pas culpabiliser en laissant son animal trop longtemps seul à la maison. Depuis trois ans, le site empruntemontoutou.com propose de mettre en relation des propriétaires et des emprunteurs qui « promènent » gracieusement l’animal sur une heure, une demi-journée ou même s’en occupent pendant quelques jours. Si l’emprunt et le prêt du chien sont gratuits, la mise en contact proposée par la plateforme est payante. Mais la cotisation, entre 10 et 60 euros par an (selon les secteurs géographiques et qu’on est maître ou emprunteur), reste modeste. Depuis sa création, le site surprend son fondateur, Thibaut Pfeiffer, particulièrement en milieu urbain : « Pendant leur pause déjeuner, des actifs travaillant sur Paris se proposent de sortir le chien d’une personne résidant à proximité mais travaillant en banlieue parisienne ». Tout le monde y trouve son compte : le chien – qui se dégourdit les pattes et se fait câliner, l’emprunteur – qui profite d’un moment privilégié avec un animal sympathique, et le maître – qui retrouve son compagnon apaisé le soir.
Un autre site, pabete.com, repose, quant à lui, sur l’échange de services entre propriétaires d’animaux. Il n’est pas gratuit, mais fonctionne sur le principe de points (des « bébétes ») que les propriétaires et les gardiens cumulent soit en les achetant, soit en gardant un animal. « S’occuper d’un chien ou d’un chat pendant une ou plusieurs journées permet de cumuler des bébètes. Ce crédit de points pourra être utilisé pour faire garder son animal au moment venu », résume Salim Boulaich, à l’origine du concept. Pour les deux sites, des vérifications d’identité sont effectuées afin de sécuriser ces arrangements. La transparence est garante de la confiance…
Le toutourisme, un label qui a du chien
Initié en 2007 par la ville de Troyes, le label toutourisme prévoit un accueil personnalisé pour les propriétaires d’animaux dans les offices de tourisme partenaires, dix-huit actuellement. Les villes labellisées s’engagent à offrir un guide pratique comprenant une liste des hébergements, restaurants et lieux touristiques acceptant les animaux mais aussi des sacs à déjection, des friandises et… un magazine 30 Millions d’amis. Un toutoubar est aussi installé dans l’office de tourisme pour que le chien puisse se désaltérer pendant que ses maîtres prennent les renseignements utiles au bon déroulement de leur séjour. Depuis quelques mois, l’opération connaît un nouvel essor. « Berck-sur-Mer, Le Crotoy, Terrroir de Caux et Fort-Mahon nous ont rejoint et plusieurs autres se montrent intéressées », s’enthousiame Sandrine Maerten, animatrice numérique de territoire à Troyes Champagne Tourisme.
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