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Chats errants : les mal-aimés des villes

Si l’indépendance est une qualité qu’on prête volontiers aux chats, lorsqu’ils le sont en ville, ce serait plutôt un défaut ! Sans toit ni maître, souvent blessés ou malades, les chats errants sont mal tolérés par les urbains qui n’y voient qu’une source de nuisances sonores et olfactives. Pour les mairies, l’enjeu est d’en maîtriser les populations pour assurer la tranquillité de leurs administrés.

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Chats errants : les mal-aimés des villes
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C’est parce qu’ils le voyaient errer sur les toits de la capitale que les Parisiens ont appelé le chat errant le chat de « gouttière » ! Cette présence féline a toujours fait partie du paysage urbain. Le cinéma d’animation s’en est même emparé avec le film « Les Aristochats ». Malheureusement, la vie de ces bêtes certes libres est moins joyeuse que dans le film de Walt Disney. Le chat errant ou haret n’est pas un chat heureux. Confronté aux dangers de la ville (circulation automobile et maltraitance gratuite) ainsi qu’aux maladies transmises par ses congénères (F.I.V, typhus, leucose, coryza), il souffre de nombreux maux physiques. Au point que son espérance de vie est réduite à environ deux ans contre quatorze ans chez le matou bénéficiant de la protection d’un foyer.

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Pour les citadins vivant à proximité de ces groupes félins, le quotidien n’est pas toujours bien supporté. Les bagarres et marquages urinaires sont sources de nuisances sonores et olfactives qui s’ajoutent au spectacle de poubelles éventrées. Ce qui déclenche de l’agacement, voire de l’agressivité envers ces animaux qui ne cherchent qu’à survivre. Enfin, les propriétaires de chats s’inquiètent du risque sanitaire qu’ils représentent pour eux mais aussi pour leur chat si celui-ci a accès à l’extérieur. Bref, les chats errants sont souvent perçus comme les parias des villes surtout quand la colonie pullule. Une chatte non stérilisée peut avoir jusqu’à quatre portées par an, soit seize chatons en moyenne, qui – arithmétiquement – pourront engendrer plus de 15 000 chats en quatre ans (ce qui est loin d’être exact puisque la mortalité est très importante sur ces populations).

Le statut de chat libre

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Parce que cette cohabitation entre urbains et chats errants peut vite dégénérer et que le manque de soins peut être assimilé à de la « maltraitance passive », les pouvoirs publics ont le devoir de s’occuper de ces populations félines. Depuis le 1er janvier 2015, le Code rural définit même le cadre réglementaire de la prise en charge par les mairies : «Les chats non identifiés, sans propriétaire ou sans détenteur, vivant en groupe, dans des lieux publics, sur un territoire d’une commune, ne peuvent être capturés qu’à la demande du maire de cette commune. Ces animaux ne peuvent être conduits en fourrière que, dans la mesure où le programme d’identification et de stérilisation prévu à l’article L211-27 du code rural et de la pêche maritime ne peut être mis en œuvre.» L’article L211-27 définit le statut de « chats libres » qui reconnaît l’existence de ces chats non rattachés à un foyer. Dans la pratique, cela signifie que la ville, ou l’association* missionnée par elle (dans le cadre d’une délégation de service public à un organisme privé) pour cette opération, devient leur « propriétaire » et s’engage à les prendre en charge. En finançant leur identification (tatouage ou puce électronique), leur stérilisation (ovariectomie ou castration), d’abord, et les soins nécessaires à leur bien-être, ensuite. Les individus les sociables sont proposés à l’adoption tandis que les autres sont remis sur site, généralement proche de leur lieu de capture.
Si le maire refuse de mettre en œuvre ce dispositif, il doit désormais se justifier. Même si, avouons-le, ils sont encore très peu à le faire en France… La capture avec pour objectif l’euthanasie, qu’elle soit réalisée ou non par une fourrière, est une solution non seulement cruelle mais inefficace. Car le vide laissé par les colonies félines éradiquées est aussitôt comblé par l’arrivée de nouveaux chats harets, présents sur des territoires voisins. La remise sur site de chats stérilisés permet de fixer une population en bonne santé, moins agressive et prise en charge par des « nourriciers ».

Au-delà de la protection animale

Ces nourriciers, Catherine Dehay présidente de l’Association Chats des Rues (ACR) les a toujours connus. « Je suis née à Montreuil et j’ai toujours vu des gens nourrir des chats. Je considère qu’ils font partie du paysage de la ville ». L’origine de sa démarche y est d’ailleurs intimement associée. « Le plaisir de vivre sa ville doit être pour chacun. Le lien affectif que les nourriciers tissent avec ces animaux doit être considéré ». Quand elle prend contact, il y a vingt-cinq ans, avec les municipalités de Montreuil et de Fontenay-sous-Bois, en région parisienne, elle intègre cette dimension sociale à son argumentaire. Son objectif ? Les convaincre de débloquer un budget pour faire stériliser et identifier les chats errants sur leurs territoires tout en employant des salariés qualifiés chargés de capturer et de s’occuper des animaux. « Tout ne peut pas reposer sur le bénévolat », martèle la présidente, bénévole.

Depuis ces premières conventions signées avec l’ACR, d’autres villes ont signé : Rosny-sous-Bois (93), Villemomble (93), Gagny (93), Ivry-sur-Seine (94) et Orly (94). Chaque année, plus de huit cents chats sont pris en charge. Environ trois cents sont adoptés tandis que les autres sont remis sur site, à proximité de logements sociaux, dans des quartiers résidentiels ou même dans le jardin d’une maison de retraite. Des lieux de vie sont spécialement installés pour eux : des niches isolées en PVC, des abris de jardin en résine avec des distributeurs de croquettes et des couchages confortables. Leur retour est généralement bien perçu par les habitants car « une population féline bien contrôlée est bien acceptée par le voisinage » constate Catherine Dehay.

En novembre dernier, la ville de Montreuil a poussé plus loin son investissement en cédant un local à l’association ACR. Une centaine de chats y sont accueillis et des travaux seront réalisés sur le terrain adjacent. « L’objectif est de créer un espace dédié à l’animal en ville avec, en complément du refuge félin, un pigeonnier pour la centaine de pigeons qui vivent sous un pont urbain qui sera prochainement détruit. Une salle qui accueillerait des enfants pour des actions de sensibilisation est aussi à l’étude », détaille Marie-Hélène Carlier, médiatrice bénévole de l’animal en ville nommée par le maire de Montreuil, Patrice Bessac. Réélu en mars dernier dès le premier tour, ce dernier a, il y a deux ans, ouvert les portes de l’hôtel de ville à une petite minette, prénommée Mia qui y déambule toujours. La prochaine mandature prévoit la nomination d’un délégué « animal en ville » et poursuivre ce travail déjà bien avancé en comparaison d’autres villes qui ont plus de moyens.
 

L’accident, l’autre fléau de la ville

En explorant leur environnement, les chats des villes n’hésitent pas à flirter avec le vide. Les balcons ou les rebords de fenêtres non sécurisés sont à l’origine de graves chutes. C’est la première cause d’accident domestique chez les chats vivant en appartement. Il peut s’agir de pertes d’équilibre ou de sauts « volontaires » pour attraper un oiseau ou un insecte. Les pompiers et les vétérinaires qui viennent à leur secours les appellent « les chats parachutistes ». Pour éviter ces accidents, les particuliers peuvent installer des filets sur leurs balcons et les fenêtres. A moins, que comme dans la ville de Berne, en Suisse, des échelles ne soient fixées sur les façades des immeubles pour permettre aux minous d’accéder à la terre ferme.

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Publié le 25 mai 2020
6 minutes
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