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Animaux en ville : quand les oiseaux déchantent

Notre confinement a eu au moins le mérite de nous faire entendre ce que nous n’entendons jamais, ou si peu : les chants des oiseaux. Il faut dire que leur nombre diminuant, ils sont devenus inaudibles… à moins que les villes ne réagissent et ne développent des stratégies pour faciliter le retour des mésanges, moineaux et autres merles…

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Animaux  en ville : quand les oiseaux déchantent
Shutterstock

Voulons-nous d’un printemps silencieux ? Les experts ne cessent d’alerter sur le déclin dramatique des populations d’oiseaux à la campagne mais aussi à la ville. Selon la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), à Paris les effectifs de moineaux domestiques ont chuté de 73% en treize ans. Dans les quartiers Est de la capitale, cet effondrement atteint 83% en raison d’une densification de l’habitat. « Sur des sols déjà construits, la densification urbaine a peu d’impact sur la biodiversité. A l’inverse, l’expansion urbaine sur des terres agricoles ou des zones naturelles est délétère », nuance Elsa Caudron, responsable du programme Nature en ville, U2B de la LPO.
En adoptant les bonnes orientations, une ville peut donc concilier croissance démographique et respect des espèces sauvages : oiseaux, insectes, crapauds et hérissons. Indissociable de l’oiseau puisqu’il constitue sa source principale de nourriture, l’insecte n’est pas mieux loti puisque, en trente ans, 75% de ceux qui volent ont disparu dans les réserves allemandes. « Or l’effondrement des insectes présage celui de l’ensemble du vivant », avertit la spécialiste de la LPO.

Fais-moi une place…
Certaines municipalités ont pris le dossier à bras le corps. Dijon, par exemple, a revu sa politique d’entretien de ses parcs et jardins pour préserver la biodiversité. Dans le parc de la Colombière, certains arbres élagués sont laissés au sol au moins pendant une année pour permettre au pique-brune, un petit scarabée rare et protégé, de se reproduire. A Toulon, des inventaires écologiques ont été intégrés aux plans locaux d’urbanisme. Dès qu’un bâtiment doit être construit ou détruit, cet inventaire est un préalable pour estimer son impact sur la biodiversité. Une obligation qui a permis de recenser les lieux de nidification des martinets noirs dans le cadre, par exemple, de la réhabilitation de quartiers anciens. Les travaux se font, mais ils doivent intégrer une « compensation » pour le vivant délogé. Ainsi, des nids artificiels ont été installés pour pallier la destruction inévitable de certains autres pendant les aménagements.

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La LPO propose d’accompagner les pouvoirs publics dans le cadre de son programme Nature en Ville, U2B. « La survie de la faune sauvage en ville dépend de la continuité écologique », insiste Elsa Caudron, en charge du dossier. Les animaux doivent pouvoir se déplacer, pour chasser et se reproduire, dans des couloirs protégés des dangers urbains. Un hérisson bénéficiera ainsi de la trame verte (continuité des espaces végétalisés) et brune (continuité des sols de pleine terre). En n’ayant pas à emprunter une route, il ne sera pas exposé au risque de se faire écraser ou de se retrouver coincé par une bordure de trottoir trop haute pour être franchie. Lyon a adopté la trame bleue depuis 1991 qui assure la continuité des cours d’eau. Sur le même concept, des trames « noires » créent des corridors sans lumières artificielles, qui sont une « pollution » perturbante pour les oiseaux migrateurs notamment, et des trames blanches des « routes » sans nuisances sonores.
A titre individuel, il est aussi possible d’agir. En laissant une ouverture dans sa clôture pour le hérisson ou, plus généralement, en acceptant la présence animale, avec ses avantages et ses inconvénients. Ainsi, les habitants de l’immeuble sur lequel s’appuie le mur végétalisé le plus haut de France, à Villeurbanne, profitent de l’îlot de fraîcheur qu’il représente en été et « subissent » le bourdonnement des nombreux insectes qui y ont élu domicile. De la même manière, si les nids d’hirondelles peuvent salir les façades et les fenêtres, la pose d’une planchette sous le nid permet de limiter la dispersion des fientes. Dans tous les cas, le retour des animaux en ville ne pourra pas se faire sans un changement de nos comportements et mentalités…

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Ruches en ville : halte à la surenchère !

Faire revenir les abeilles en ville, une bonne idée sur le papier. Sauf que l’excès en tout est un défaut. L’étude d’Isabelle Dajoz, professeur à l’Université de Paris et chercheuse à l’’Institut d’écologie et des sciences de l’environnement a montré qu’à Paris, plus il y a de ruches d’abeilles domestiques, plus l’activité de butinage et la diversité des pollinisateurs sauvages sont faibles. « A Paris, il y a actuellement près de vingt ruches par km² alors qu’il ne faudrait pas dépasser deux ruches pour éviter ces interférences négatives » conseille la biologiste. Les espèces menacées sont les abeilles sauvages, les bourdons et les mouches Syrphes. Elles sont essentielles car certaines sont spécialisées pour récolter le pollen d’une seule variété de fleur. Préserver la diversité des pollinisateurs garantit la reproduction de nombreuses plantes, sources alimentaires de nombreuses espèces d’insectes et d’oiseaux.

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Publié le 21 mai 2020
4 minutes
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