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Le Covid-19 a une odeur… reconnue par les chiens

D’abord à Saint-Mandé (94), puis à Ajaccio, et maintenant à Beyrouth, au Liban, le projet Nosaïs, qui a pour but de former des chiens à la détection du Covid-19, prend de plus en plus d’ampleur. Les résultats sont très concluants, et la dernière partie du protocole va pouvoir débuter.

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Le Covid-19 a une odeur… reconnue par les chiens
Shutterstock

« Aujourd’hui, je peux le dire avec certitude : les chiens sont capables de flairer le Covid-19 », affirme Dominique Grandjean, professeur à l’École vétérinaire d’Alfort et chef du service vétérinaire des Pompiers de Paris. C’est lui qui a développé et qui supervise le protocole de recherche qui permet d’entraîner des chiens à la détection olfactive du virus. Baptisé Nosaïs, ce programme – visant à former des chiens de détection médicale – a vu le jour il y a un an. « On a commencé au Liban avec la détection du cancer du colon et ça marche très bien. On a ensuite lancé des essais pour la maladie de Parkinson et ce coronavirus est arrivé. Alors on s’est dit : pourquoi pas ? explique le vétérinaire. On sait que l’université d’Alabama, aux États-Unis, forme des chiens à la détection de la maladie des muqueuses chez les bovins, et ça fonctionne. Or, cette maladie virale est difficile à dépister par des tests classiques, tout comme le Covid-19 ».

Un protocole réfléchi

La première problématique était de savoir sur quels échantillons former les chiens. « Nous avons opté pour la sueur – pieds ou aisselles – car il n’y a pas de virus dedans qui pourrait contaminer nos chiens, contrairement à l’urine, à la salive ou aux selles. Mais des traces de ce virus sont toutefois excrétées dans la sueur. Par ailleurs, ce sont des endroits qui ne risquent pas de subir une contamination passive », détaille Dominique Grandjean. Il met un point d’honneur à imaginer tous les biais qu’il pourrait exister afin que les résultats soient le plus fiables possible. « Par exemple, les prélèvements sont faits sur des patients avec des symptômes, dont la PCR est positive et qui prennent des médicaments depuis moins de 24 h. Les prélèvements sur personnes négatives sont également faits au même endroit pour que le chien ne s’attarde pas sur le bruit de fond olfactif lié au lieu. »

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Concernant les recrues au flair surdéveloppé, le choix s’est tourné vers des individus déjà formés à la détection d’explosifs, de personnes disparues ou de stupéfiants. L’objectif consiste alors à « seulement » rajouter une odeur dans leur bibliothèque olfactive. Le tout est consolidé par le jeu : lorsque le chien marque un échantillon positif, c’est-à-dire qu’il s’assoit ou se couche devant, il est récompensé avec son jouet préféré.

L’essai a débuté à l’hôpital Bégin, à Saint-Mandé, avec 8 chiens, et s’est poursuivi avec 8 autres chiens à l’hôpital d’Ajaccio, en Corse, et désormais, 3 autres chiens ont rejoint le programme à l’université franco-libanaise de Beyrouth. «  Nosaïs va également être lancé au Brésil, à l’université de Liège, en Belgique, ou encore aux Émirats arabes unis », précise-t-il. D’autres pays comme l’Angleterre ou les États-Unis ont entrepris la même démarche mais avec des protocoles différents. « L’Angleterre, qui n’a pas souhaité collaborer avec Nosaïs, utilise l’air expiré par les malades. Il faudra le stériliser pour protéger les chiens, et donc il n’y aura plus de molécule virale, déplore le vétérinaire. Des chercheurs de l’université de Pennsylvanie, qui sont des amis, utilisent, eux, la salive et l’urine. Là encore, je pense qu’ils font une erreur, mais bon… »

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La phase ultime de validation

« Cette semaine, nous achevons la phase terminale du programme de formation puis nous commencerons la phase de validation pour une dizaine de jours. À ce moment-là, le chien aura devant lui des prélèvements positifs, négatifs, des groseilles, des choux… Et on pourra voir s’il fait de faux marquages devant des échantillons sans molécule virale. Seule la personne qui met en place l’expérience saura où se trouvent les prélèvements positifs », détaille Dominique Grandjean. Pour que ce programme soit validé, le chien devra vérifier plus d’une centaine de prélèvements et avoir au minimum 70 % de réussite. « Dépasser ce palier signifie avoir une plus grande efficacité que les tests PCR actuels. On pourra alors dire : « voilà la méthode pour former les chiens ». Le fait de les utiliser sur des personnes, soit la phase opérationnelle, ne sera pas de notre ressort », précise-t-il. À terme, des chiens formés à la détection du Covid-19 pourront, par exemple, être utilisés dans les aéroports, par la police des frontières, les compagnies aériennes qui veulent rassurer les voyageurs, des entreprises privées, des pays du tiers monde sans équipement, etc. « Car si ça marche, on fournira alors une technique de dépistage rapide à mettre en place, peu coûteuse, qui donne une réponse immédiate, et plus fiable », conclut Dominique Grandjean.

Nosaïs. Le chien a devant lui différents prélèvements…

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Publié le 12 mai 2020
4 minutes
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