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Vers un arrêt définitif de la chasse à la baleine en Islande ?

Cette année, les baleines ne seront pas chassées dans les eaux islandaises, et ce pour la deuxième fois consécutive. Peut-on alors espérer un arrêt définitif de cette pratique ? La réponse avec Patrick Ramage, directeur du programme de conservation marine du Fonds international pour la protection des animaux (IFAW).

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Vers un arrêt définitif de la chasse à la baleine en Islande ?
IFAW

Pour la seconde année consécutive, il n’y aura aucune chasse à la baleine dans les eaux islandaises. Kristjan Loftsson, directeur général de Hvalur – la seule entreprise impliquée dans la chasse au rorqual commun en Islande – a déclaré qu’il ne chasserait pas en raison de la concurrence japonaise et des restrictions actuelles liées à la pandémie. La seconde, IP-Utgerd, qui chasse le petit rorqual, arrête quant à elle définitivement son activité.

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Les rorquals communs – deuxièmes plus grands mammifères marins – ne sont tués en Islande que pour être exportés au Japon, tandis que les petits rorquals sont tués principalement pour nourrir les touristes du pays. Mais, depuis deux ans, c’est le calme plat. Pour Patrick Ramage, directeur du programme de conservation marine du Fonds international pour la protection des animaux (IFAW), cette pratique n’a désormais plus lieu d’être.

Pourquoi la chasse est-elle arrêtée en Islande depuis deux ans ?

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Patrick Ramage : La chasse des petits rorquals en Islande, la plus petite des grandes baleines, a lieu depuis de nombreuses années. Avant les récentes campagnes islandaises de sensibilisation et de lutte contre la chasse à la baleine, telles que celle d’IFAW « Rencontrez-nous, ne nous mangez pas », quelque 20 à 30 petits rorquals ont été tués chaque année dans la grande baie au large de Reykjavik. Grâce à un fort soutien politique national et régional et à la pression des décideurs islandais, des industries de l’observation des baleines, de l’écotourisme et d’autres acteurs de la société islandaise, la taille de la zone protégée pour les baleines au large de Reykjavik a été doublée, forçant les baleiniers à s’éloigner davantage du rivage pour tuer les baleines. Cela a poussé une industrie déjà défaillante dans le rouge, compte tenu des coûts supplémentaires de carburant. C’est probablement la raison pour laquelle la principale entreprise impliquée dans la chasse à la baleine a annoncé qu’elle rangeait définitivement le harpon.

Peut-on vraiment espérer un arrêt total, à terme ? Si oui, pourquoi et d’ici combien de temps ?

Oui, à partir de maintenant. Vous pouvez sentir que c’est fini. Il est possible que le baleinier M. Kristjan Loftsson, qui chasse le rorqual commun, prenne la mer pour une autre saison l’été prochain, mais c’est très peu probable. Il n’y a plus de marché intérieur pour la viande de rorqual commun. Il les tue exclusivement pour le marché japonais et le Japon ne souhaite pas importer sa viande de baleine. M. Loftsson a 75 ans, et est peut-être le magnat de la pêche le plus riche d’Islande. Il est déterminé à tuer les rorquals communs au mépris des sensibilités modernes, et peut persister un autre été par entêtement. Mais les nouvelles réglementations islandaises en matière de sécurité alimentaire ont rendu très difficile pour lui de traiter (dépecer) les rorquals communs qu’il tue dehors en plein air, comme son père et son grand-père avant lui. Nous avons bon espoir, et cela semble de plus en plus certain : lui aussi a rangé le harpon pour de bon.

Du coup, il ne reste que la Norvège et le Japon. L’IFAW mène-t-il des actions là-bas ?

L’IFAW a été l’un des principaux défenseurs de la haute mer du Japon et s’est fermement opposé à la chasse dite « scientifique » en Antarctique et dans le Pacifique Nord. Nous nous sommes engagés au Japon et avec la Commission baleinière internationale (CBI) pour mettre fin à la chasse commerciale par le Japon, l’Islande et la Norvège, les trois derniers pays tuant des baleines à des fins commerciales. Avec le retrait unilatéral du Japon de la chasse à la baleine en haute mer l’année dernière pour se concentrer sur une chasse réduite et défaillante dans ses eaux côtières, et avec l’Islande décidant de poursuivre l’observation des baleines au lieu de les chasser, l’attention internationale se tourne maintenant vers la Norvège, le premier pays au monde à tuer les baleines. Comme cela a été le cas avec le Japon et l’Islande, la décision de réduire et de mettre fin à la chasse à la baleine norvégienne sera prise par les décideurs norvégiens, pour des raisons qui ont du sens pour eux. L’IFAW travaille avec des partenaires norvégiens enthousiastes pour accélérer cette décision. Cela arrive, et bientôt.

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Publié le 4 mai 2020
4 minutes
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