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Coronavirus : Les propriétaires d’équidés désemparés

Tous les établissements équestres ayant dû fermer leurs portes, les propriétaires d’un cheval en pension n’ont désormais plus le droit de s’y rendre. Quelles peuvent être les conséquences ? En fonction de leurs conditions de vie, les chevaux s’en portent-ils vraiment plus mal de ne plus être mis au travail ?

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Coronavirus : Les propriétaires d’équidés désemparés
Shutterstock

Le secteur équestre a subi la même évolution que les autres avec, chaque jour ou presque, un durcissement en termes de déplacements – chaque annonce du gouvernement étant relayée en temps réel par des communiqués officiels de la FFE (Fédération française d’équitation), 4e fédération sportive de France.

Au début de la semaine dernière, dans le cadre d’un « accès raisonné » limitant autant que possible les accès simultanés, les propriétaires d’équidés en pension étaient encore autorisés à se rendre au centre équestre. Afin de « permettre de garantir la surveillance, l’entretien et l’activité physique nécessaires au bien-être des poneys et chevaux. » Il leur était alors demandé de cocher la 5e et dernière case de la fameuse attestation de déplacement dérogatoire (« Déplacements brefs, à proximité du domicile, liés à l’activité physique individuelle des personnes, à l’exclusion de toute pratique sportive collective, et aux besoins des animaux de compagnie »).

Même les établissements de plein air

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Mais après de multiples aménagements, un confinement plus strict a été décrété par l’arrêté du 15 mars interdisant l’accès au public des établissements, même ceux de plein air, et cela jusqu’à nouvel ordre.

Des voix se sont alors élevées contre cette mesure, allant jusqu’à la mise en ligne d’une pétition contre la FFE. D’où un nouveau communiqué fédéral, le 19 mars, précisant : « Au sujet du confinement, il apparaît que certaines pratiques persistent notamment en ce qui concerne les équidés de propriétaires. » Serge Lecomte, président de la FFE, en a profité pour lancer un appel aux dirigeants d’écuries pour « prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la bonne garde des poneys et chevaux dont ils sont gardiens et à tous de ne pas jouer d’opportunisme déplacé. »

Sortir les équidés de leur box

Bien sûr, on peut comprendre le désarroi des propriétaires de chevaux qui étaient habitués à se rendre régulièrement au club pour s’en occuper, les monter, etc. Surtout– et c’est là où le bât blesse – si l’équidé vit en box toute la journée et n’est sorti que par le propriétaire en question. Selon qu’il a des salariés présents ou pas, le gérant aura-t-il le temps de sortir tous les équidés de leur box ? Tout dépendra des structures, certaines disposant de paddocks/prés pour sortir les animaux, d’autres non…

Shutterstock. En pâture, avec des congénères et une visite pour l’eau et la nourriture, les chevaux ne souffrent pas de ne pas voir arriver leur propriétaire tous les jours.

Quant aux conséquences émotionnelles, on peut se demander qui, du propriétaire ou du cheval, souffrira le plus de ne pas voir arriver l’autre ? Sur le plan éthologique, à partir du moment où un équidé – cheval, poney, âne, mulet… – est au pré, en sécurité, avec des déplacements et des contacts sociaux avec ses congénères, il est en situation de bien-être maximal. Soyons honnêtes : s’il a de bonnes conditions de vie, votre cheval vous manquera certainement plus que vous lui manquerez !

Vivre toute l’année dans 3 x 3 m

Un post percutant publié le 20 mars sur Facebook a d’ailleurs beaucoup circulé ces derniers jours, interpellant les propriétaires d’équidés en ces termes : « Je vois fleurir un nombre incroyable de pétitions, groupes Facebook, et autres lettres ouvertes depuis ce matin. Tous relatent « l’enfer » vécu par les propriétaires de chevaux privés de leur petite boule de poils déstressante durant cet horrible confinement. Certains accusent la FFE d’être des incapables, d’autres le gouvernement d’être alarmiste… bref j’ai vu passer de tout !

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Alors à ceux qui chouinent parce que Pompom est coincé dans un box….. Qui a décidé de laisser Pompom vivre dans un 3×3 ? Il me semble bien que le reste de l’année tu trouves ça complètement normal non ?

À ceux qui râlent de ne pas pouvoir nourrir correctement Caramel….. ha parce que soudainement c’est un problème ?

À ceux qui hurlent n’avoir aucune confiance en son gérant….. je ne savais pas que les écuries avaient changé de gérant durant le confinement ? »

De nombreuses blagues ont également circulé sur les réseaux sociaux, comme celle de ce cheval venant narguer son propriétaire à sa fenêtre avec la légende « alors humain, c’est comment de rester enfermé dans ton box ? »

Des blagues certes destinées à faire rire en cette période difficile, mais aussi à nous interpeller sur la façon dont nous traitons nos chevaux « en temps normal »…

Pas un animal domestique !

Le statut juridique des équidés, qui sont considérés comme des animaux de rente et non de compagnie, pose question en ces temps de confinement. Certes, comme les vaches ou les brebis, ils ne devraient pas manquer de fourrage ou de granulés puisque les agriculteurs et les magasins d’alimentation animale restent en activité. Mais ce statut est une aberration aux yeux de l’immense majorité des cavaliers, dans la mesure où leur cheval n’est pas un outil de travail comme il a pu l’être avant la motorisation agricole, mais un « compagnon » en même temps qu’un partenaire de sport et de loisir. Juridiquement, donc, impossible de cocher la case de déplacement dérogatoire « pour les besoins des animaux de compagnie », même pour quelqu’un ayant des chevaux non pas dans un établissement équestre mais, par exemple, dans le pré voisin, chez un agriculteur, etc.

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