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Coronavirus : Que deviennent les animaux des animaleries ?

Si les animaleries restent encore ouvertes au public par dérogation pour permettre aux particuliers d’acheter de la nourriture pour leurs animaux, elles ne vendent plus les rongeurs, lapins, oiseaux, poissons et autres nac. Quel sort leur est réservé ?

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Coronavirus : Que deviennent les animaux des animaleries ?
Shutterstock

L’appel a été lancé sur facebook avant même l’annonce officielle du confinement pour tous les Français. Un appel sous forme de promotion qui permettait d’acquérir à prix « cassés » tous les oiseaux, rongeurs et autres lagomorphes de l’entreprise J.A.C.O, un grossiste en animalerie installé près de Maubeuge dans le nord. Pour Julien Job, le patron, c’était une nécessité pour ne pas euthanasier. « Nous sommes une entreprise qui ne vend jamais aux particuliers. Nous fournissons en petits animaux uniquement les animaleries et même les zoos, explique-t-il. Les animaux que nous avons dans nos entrepôts sont donc en transit. Ils ne restent pas ou très peu de temps. Mais la pandémie a tout stoppé et nous a laissé sur les bras un nombre d’animaux inhabituel. »

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Si la vente à prix cassé a pu choquer certains internautes, le dirigeant de l’établissement explique avoir pris cette décision afin de responsabiliser l’adoption. « Je pense que si on met un billet, même petit, pour avoir un animal, l’adoption sera plus responsable. Nous ne voulons pas les voir atterrir dans des associations. Nous les avons vendus à perte, l’idée n’était pas de faire un bénéfice. Ce qui nous a motivés, c’est de ne pas imposer aux animaux un hébergement qui n’est pas prévu pour un si grand nombre. »

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Au total, ce sont plus de 1000 petits animaux qui ont été mis en vente. En trois-quatre jours, la moitié ont trouvé preneur. « Pour nous, c’est une bonne chose car ceux qui restent pourront avoir de la place. On les gardera, on les nourrira. Il n’y aura aucune euthanasie promet le professionnel, mais nos volières et nos cages n’étaient pas adaptées pour un si grand nombre. »

Aujourd’hui, le grossiste tient à rassurer, la crise est passée et les animaux auront de quoi manger durant au moins les six prochains mois. « Tous ceux qui ont été achetés l’ont été par des gens de la région car nous ne faisons pas transporter les animaux et, avec le confinement, les ventes se sont faites au portail, une par une. »

Des « stocks » invendus

Cette crise, si elle est désormais réglée, révèle au grand public la réalité de la vente des animaux dans les animaleries qui sont des biens de consommation comme les autres. Achetés auprès de grossistes ou d’éleveurs, ils sont victimes des chaos économiques que subit le secteur d’activité. La pandémie, qui a fermé tous les magasins de biens qui ne sont pas jugés nécessaires, touche de plein fouet cette « filière ». Et si les animaleries ont stoppé leurs achats, les animaux qui étaient encore proposés à la vente la veille du confinement n’ont pas disparu des rayons. Que deviennent-ils ?

Shutterstock. Les animaleries vendent des animaux encore petits. Les adultes peinent à trouver un adoptant…

Stéphane D’Halluin, responsable des relations extérieures de l’enseigne Botanic, dont les magasins proposent à la vente des nac (rongeurs, oiseaux, poissons…), explique que les salariés ont emboîté le pas à l’initiative prise par les magasins Truffaut qui ont emporté chez eux les animaux qui pouvaient l’être comme les perroquets, les oiseaux ou les lapins. « Ce sont surtout les petits rongeurs qui posent problème car on ne peut pas emporter chez soi des dizaines de rats, de souris ou autres cochons d’inde », avoue-t-il.

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Pour ceux qui demeurent dans les magasins, le personnel s’organise pour assurer les soins et l’alimentation. « Une maintenance est prévue dans la partie animalerie de nos magasins car l’ouverture est encore autorisée. Le personnel vient arroser les plantes et s’occuper des petits animaux jusqu’à ce que l’activité reprenne. »

C’est le cas aussi des autres enseignes, comme Animalis, qui a stoppé tous les achats du vivant et gère les animaux déjà livrés.

Vers des euthanasies ?

Mais si le discours est rassurant sur le sort des bêtes pendant la crise, certains redoutent que le prolongement du confinement ne change la donne. Car les petits rongeurs ont un rythme de vie accéléré et deviennent adultes très vite. Pour des espèces comme les rats, notamment, mignons quand ils sont bébés, leur taille adulte devient vite dissuasive à l’achat et, surtout, leur comportement peu compatible avec une vie en promiscuité avec des congénères de même sexe. Des inquiétudes s’élèvent déjà quant au sort qui leur sera réservé, non seulement dans les animaleries, mais surtout dans les élevages qui fournissent les animaleries. « Il va y avoir de la casse », murmure-t-on dans les allées désertes des magasins…

Shutterstock. Les rats devenus adultes seront-ils euthanasiés ?

Vendus en animalerie, les chiens et les chats sont aussi au cœur de cette crise commerciale inédite. Animalis, par exemple, a stoppé ses achats de chiots et chatons auprès de ses éleveurs habituels. Ce qui ne va pas être sans conséquences pour ces derniers qui voient leur activité professionnelle quasi à l’arrêt, comme en témoigne la baisse brutale du commerce en ligne qui permet aux naisseurs de proposer leurs portées à la vente auprès du grand public. « Le site eleveurs-online.com a enregistré une baisse des annonces, témoigne Stephan Lubineau, son webmaster. Les gens ont bien d’autres choses en tête que de chercher un chiot ou un chaton en ce moment. »

Les chiens et chats aussi

Pour la Société centrale canine, l’association qui gère les races de chiens en France, les éleveurs adhérents sont moins impactés que d’autres car 10% seulement fournissent les magasins d’animaux. Les autres 90% vendent leurs portées en direct, à l’élevage, sur des salons, expositions ou sur le Net. « Pour le moment, on observe surtout une baisse importante du nombre de saillies, commente André Varlet, directeur des relations institutionnelles. Ce qui est normal car les éleveurs n’ont aucune garantie de pouvoir vendre les chiots dans les mois à venir, surtout si la pandémie s’éternise. »

Shutterstock. Les animaleries ont stoppé leur « approvisionnement » en chiots et chatons.

Une précaution motivée aussi par la crainte de surpeulpler des installations où restent encore les chiots dont les acquéreurs n’ont pas pu venir les chercher en raison du confinement (beaucoup de chiots sont « réservés » et donc vendus avant leur naissance). Et de ne pas ajouter de « bouches » à nourrir. « Nous ne sommes pas inquiets pour les petites races car les chiots, même à 4-5 mois, ne coûtent pas cher à nourrir, mais pour ceux des grandes races, ce n’est pas la même chose, s’inquiète André Varlet. Ils prennent aussi plus de place… » La cohabitation forcée risque donc de créer des problèmes, dans les grands élevages notamment, d’autant plus que la nécessaire socialisation des chiots ne sera probablement pas assurée, ou que partiellement (les sorties ne pourront pas être faites). Y aura-t-il des conséquences sur le comportement de ces chiots une fois qu’ils auront rejoint leurs familles ? Seul l’avenir le dira…

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