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Que ressentent les animaux médiateurs ?

Chiens, chats, lapins, mais aussi poules et chevaux ont des effets positifs sur nous. Mais si cela nous fait du bien, qu’en est-il des effets sur les animaux eux-mêmes ?

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Que ressentent les animaux médiateurs ?
Shutterstock/Elizaveta Galitckaia

Un chien visiteur dans un établissement pour personnes âgées, un chat dans un Ehpad, le cheval Peyo dans un hôpital… Les expériences se multiplient où l’animal est un auxiliaire dans l’accompagnement de personnes en difficulté. Son rôle ? Être un « médiateur » entre un professionnel (social, médical…) et une personne en situation sociale, médicale, physique ou intellectuelle difficile. Par son comportement, ses postures, ses mimiques faciales ou encore son regard, l’animal va favoriser le lien entre des personnes dans un objectif éducatif, social ou thérapeutique. Sa force, c’est qu’il ne juge pas celui qui n’arrive pas à parler, à marcher ou à aller vers les autres. Il est simplement là, réconfortant et apaisant. Partout en France, de multiples associations ont été créées, parfois avec des objectifs différents, requérant les services de l’animal dans le cadre d’une médiation. Pour chacune, le travail commence par la sélection des animaux accompagnant les intervenants en fonction du public concerné et des objectifs fixés. Personnes âgées ou handicapées, issues du milieu carcéral, enfants autistes, jeunes en difficulté sociale ou scolaire… Maisons de retraite, écoles, hôpitaux, centres spécialisés… Pour les animaux, cette diversité de lieux et de publics exige des capacités d’adaptation importantes. 

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Aujourd’hui, l’immense majorité des expériences de médiation par l’animal font intervenir un chien. Le choix de ce partenaire canin se fait selon ses compétences et ce qu’on va lui demander : une proximité avec les humains, l’acceptation et la tolérance du contact soutenu, des activités de jeu… Dans tous les cas, il devra avoir confiance en lui, être attiré vers les humains et montrer un intérêt à coopérer de lui-même. Il peut exister des variantes requérant des compétences spécifiques comme lors d’interactions avec plusieurs personnes en même temps ou d’interventions prolongées avec une seule personne. Aussi doué soit-il, un même animal peut être apte à une activité particulière, mais pas forcément à une autre. Il revient à son maître, qui est souvent l’accompagnant, d’identifier le potentiel de son partenaire canin.

La ronronthérapie à l’école

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Dans toutes les expériences de médiation animale, les chats sont moins souvent sollicités que les chiens. Pourtant, leur simple présence a un effet bénéfique incontestable auprès des personnes âgées ou des personnes à motricité réduite. Mais, contrairement aux chiens, les chats vivant à nos côtés supportent mal le changement d’environnement. Très attachés à leur milieu de vie, ils sont peu aptes aux déplacements inhérents au travail d’un thérapeute qui se déplace d’une structure médicale, sociale, carcérale ou scolaire à une autre. Sortir un chat de son milieu de vie lui fait immanquablement perdre ses repères et le perturbe. Cette spécificité féline est la raison pour laquelle les établissements qui souhaitent avoir recours à un chat dans le cadre d’une médiation en adoptent un (ou plusieurs) qui vivra à demeure auprès des pensionnaires âgés ou malades. Après une période d’adaptation, le petit félin pourra être intégré à des séances de médiation animées par un soignant de l’établissement ou prodiguera simplement les bienfaits de sa présence par des visites, caresses et ronrons aux uns et aux autres. Leurs bienfaits ont séduit un établissement scolaire privé dans le sud de la France où une dizaine de matous se mêlent à la vie et à la scolarité des enfants. Pour la directrice à l’initiative du projet, la ronronthérapie que les chats apportent permet une meilleure concentration des élèves et diminue le stress lié aux apprentissages.

Lorsque le chat est un animal « visiteur » au même titre que le chien visiteur, un travail préalable de mise en confiance est nécessaire, bien plus que pour le chien. Cela consiste à l’habituer dès son plus jeune âge à être manipulé par des étrangers et à changer d’environnement. Comme pour le chien, l’idéal est de commencer dès la période sensible (entre 2 et 8 semaines), car à ce moment-là, le chaton est au maximum de ses capacités d’apprentissage. Bien sûr, la durée et la fréquence des manipulations varieront en fonction de l’âge du chaton, en respectant son rythme biologique. Un chaton de moins de 4 semaines devra être manipulé quelques minutes par jour dans un contexte favorable, en présence de la mère. Il est important de lui faire rencontrer toutes sortes de personnes, des adultes et des enfants, afin d’aider la généralisation à l’humain et la reconnaissance de notre espèce comme « amie ». Néanmoins, si aujourd’hui peu de personnes contestent les bienfaits des animaux sur les adultes et les enfants avec lesquels ils interagissent, certaines s’inquiètent que ne soit pas respecté le bien-être de l’animal dans les activités auxquelles il est associé. 

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Les signaux d’inconfort

Le bien-être animal s’évalue selon des facteurs de santé, physiologiques et comportementaux. Ceux que l’on mesure le plus facilement sont les postures et les mimiques faciales. Un animal qui détourne la tête, qui recule, qui adopte une posture basse, avec la queue sous le ventre ou agitée est dans l’évitement. Certains signes varient selon l’espèce ; il est donc très important de connaître les différences. En observant minutieusement l’animal, on peut déceler des signaux montrant qu’il cherche à stopper l’interaction. Les oreilles sur le côté ou en arrière, les pupilles dilatées, le poil hérissé, le fait de se lécher sont autant de messages envoyés qui ne sont pas toujours bien interprétés. 

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Élodie Dubois, éthologue et intervenante en médiation par l’animal, a créé l’association EMA (Éthologie et médiation par l’animal) afin de sensibiliser et d’éduquer à la relation homme-animal et au respect du vivant dans son ensemble. Pour elle, apprendre à reconnaître les signes d’inconfort d’un animal lors d’une séance est primordial pour respecter ses limites. Elle forme des intervenants en éthologie aux méthodes d’observation du comportement. Comme elle, de plus en plus de scientifiques s’intéressent à la question du bien-être de l’animal dans ces activités au contact de populations fragilisées. Dans une étude récente, des chercheurs américains ont ainsi mesuré les taux de cortisol salivaire de chiens médiateurs, avant, pendant et après l’activité, ainsi que lorsqu’ils n’étaient plus dans l’environnement. Le cortisol est une hormone sécrétée en cas de stress. Parallèlement, les chercheurs ont réalisé des enregistrements vidéo pour observer les comportements des chiens. Les résultats de ces mesures et observations ont démontré que le taux de cortisol salivaire était plus important lorsque les chiens étaient placés dans un nouvel environnement et que certains comportements, comme le halètement et les déambulations, étaient plus fréquents lors de l’activité associant l’animal. Il semblerait que le changement d’environnement augmente le stress du chien. C’est pourquoi il est conseillé de les habituer aux nouveaux lieux avant de démarrer toute activité de médiation et de rester vigilant aux comportements qu’ils expriment pour stopper toute activité en cas de signaux d’inconfort. Les spécialistes supposent que l’entraînement permet de diminuer le stress des animaux et qu’avec l’habitude ils présentent moins de signes d’inconfort, voire plus du tout. Il existe évidemment des variantes en fonction des situations et des capacités d’adaptation de chaque animal.

Shutterstock/corners74. L’accompagnant doit rester vigilant aux comportements d’inconfort que peut exprimer l’animal.

Le plaisir de coopérer

La question qui occupe aujourd’hui les professionnels de ce secteur est de savoir si l’animal ne ressent pas trop d’inconfort et de mesurer le bénéfice qu’il tire de ces activités de médiation auxquelles on l’associe. Ils supposent que, si la relation qu’il a avec la personne avec qui il travaille est harmonieuse, qu’on ne lui en demande pas trop, l’animal prend du plaisir à coopérer. D’autant plus si l’entraînement a été effectué dans de bonnes conditions, avec des récompenses et en tenant compte de ses limites. Tout est une question d’équilibre : si l’animal se sent bien, l’humain se sentira bien et inversement…

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