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Les animaux surveillent nos faits et gestes

Si nous avons parfois des difficultés à comprendre la communication gestuelle, les chiens, eux, l’utilisent au quotidien pour s’exprimer et surtout mieux nous cerner.

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Les animaux surveillent nos faits et gestes
Shutterstock/happyphotons

« Quand le sage désigne la lune, l’idiot regarde le doigt. » Tout le monde connaît cet adage chinois. Ce geste que nous pratiquons au quotidien pour pointer du doigt ce que nous voulons montrer à autrui n’est pas si anodin que cela. Il ne fonctionne que si celui à qui l’on désigne un emplacement ou un objet est capable de se mettre à la place du pointeur et de comprendre que celui-ci sait ou voit quelque chose que l’autre ignore. Les enfants acquièrent cette capacité à partir de l’âge d’un an. Mais qu’en est-il des animaux ? Des expériences ont été menées chez les grands singes et chez les chiens. Le protocole de l’expérience était le suivant : dans un premier temps, en présence de l’animal soumis au test, une friandise (dont l’odeur a été neutralisée) est placée sous l’un des deux pots situés face à lui. Le cobaye n’a donc aucun mal à savoir où elle se trouve et la récupère. Dans un second temps, la friandise est placée sous l’un des deux pots en l’absence du cobaye. Lorsque ce dernier entre dans la pièce, un chercheur désigne par un geste de la main le pot sous lequel la friandise a été glissée. 

Une théorie de l’esprit

Les chimpanzés et les bonobos, si proches de nous et qui savent si bien se servir de leurs membres, ne font aucun cas du pointage de l’humain et soulèvent les pots au hasard pour trouver la friandise. En revanche, les chiens testés se sont tous dirigés vers le pot indiqué par l’expérimentateur, comprenant parfaitement la signification de ce geste. Cette expérience démontre-t-elle que le chien comprend ou sait ce que l’humain voit ? Indique-t-elle qu’il est capable de développer une théorie de l’esprit ? Les psychologues nomment « théorie de l’esprit » la capacité à attribuer à autrui des intentions, des croyances, des désirs ou des représentations mentales. Autrement dit la capacité à se mettre à la place de l’autre et d’agir en conséquence. Concernant l’expérience des pots et des friandises, certains scientifiques ont analysé l’attitude des chiens davantage comme résultant d’une forme de dressage où le pointage serait associé à une récompense. 

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D’autres expériences ont été menées pour comprendre ce que le chien perçoit de notre regard et de notre attention visuelle et s’il y adapte son comportement. Ainsi, un chien à qui l’on interdit de prendre une friandise respecte mieux la consigne tant qu’il se sait observé par son maître (et donc sous son contrôle). « Des chercheurs ont découvert que les chiens détectent non seulement nos moments d’attention, mais qu’ils sont sensibles au niveau de désobéissance qu’ils peuvent se permettre suivant le niveau d’attention de leur maître », écrit l’éthologue Alexandra Horowitz dans son ouvrage Dans la peau d’un chien (Flammarion). Une autre expérience a été menée alors que le chien s’était vu signifier l’ordre de « rester couché », tantôt avec son maître à côté de lui, tantôt lorsque son maître est dans une pièce voisine, tantôt lorsqu’il s’en va. À chaque fois, l’animal a respecté ou non la consigne de rester couché selon la possibilité que sa désobéissance soit ou non perçue par le maître. Pas de doute donc que nos cabots savent jauger notre niveau d’attention. 

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L’animal montre

Ils font même plus fort, car ils peuvent comprendre ce que nous ignorons. Cette aptitude a été démontrée alors qu’un chien voit un expérimentateur dissimuler une friandise qu’il ne peut pas atteindre. Quand il se retrouve avec son maître, il met tout en œuvre pour lui indiquer l’emplacement de la friandise afin qu’il la lui donne. Comme l’écrit Alexandra Horowitz : « Dans le cadre de cette expérience, les seuls êtres un peu “bouchés”, ce sont les humains qui ne traduisent pas forcément le comportement du chien comme une tentative de leur montrer quelque chose. Car le chien met en œuvre une série de stratégies pour attirer l’attention (jappements, etc.), puis regarde successivement le maître et la cachette du biscuit. En d’autres termes, l’animal indique avec son regard : il montre. »

Car, s’il est bien une chose que les chiens ont comprise à notre égard, c’est que nous pouvions leur rendre service et pallier certaines de leurs incapacités. En 2003, des chercheurs hongrois ont comparé les comportements d’un groupe de loups sociabilisés avec ceux de chiens face à une tâche insoluble. Les animaux avaient appris à récupérer de la nourriture soit dans une boîte soit en tirant sur une ficelle. Une fois qu’ils avaient compris comment agir, la boîte était fermée et la corde attachée, empêchant les canidés de parvenir à leurs fins. Si les loups s’évertuèrent à trouver une solution tout seuls, les chiens abandonnèrent vite pour se tourner vers les humains et solliciter leur aide. 

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En s’installant à nos côtés, le chien a donc compris qu’il devrait vivre dans un monde qui ne serait pas taillé à sa mesure mais inventé par et pour les hommes. Accéder à sa nourriture, franchir une porte ou sortir en balade le rendait très dépendant de l’humain. Aussi le chien a-t-il appris non seulement à décrypter nos faits et gestes, mais aussi à demander de l’aide lorsque cela était nécessaire. 

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