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L’empathie, un sentiment partagé entre les espèces

Depuis le temps qu’ils nous côtoient, nos animaux ont appris à lire nos émotions… et à les partager ! Au point de les ressentir eux-mêmes ou d’adapter leur comportement à nos humeurs.

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L’empathie, un sentiment partagé entre les espèces
Shutterstock/savitskaya iryna

Lequel d’entre nous résiste à l’envie de consoler un bébé qui pleure ou ne ressent pas de l’injustice en voyant souffrir son héros préféré à la télé ? Cet étrange inclination qui nous pousse à endosser la douleur d’autrui se nomme l’empathie. Longtemps considérée comme un sentiment purement humain, les éthologues, et plus particulièrement Frans de Waal, qui lui a consacré un ouvrage devenu un best-seller (L’Âge de l’empathie, Actes Sud, collection « Babel »), ont découvert qu’elle jouait un rôle de tout premier ordre dans les relations intraspécifiques chez des espèces aussi différentes que les cétacés, les éléphants, les grands singes ou les souris. 

Ainsi, une mère qui console son petit agit par empathie. Mais cette consolation ne se limite pas aux seuls rapports maternels. Elle intervient aussi dans le cadre de relations entre adultes. L’éthologue américain Brian Hare, spécialiste du comportement canin, signale que les chiens consolent les perdants d’un combat, même s’ils n’ont pas assisté à la rixe. Mais le plus surprenant est que nos cabots sont aussi capables de témoigner de l’empathie envers une espèce biologiquement très éloignée de la leur : la nôtre ! Qui n’a pas vu son chien poser délicatement sa tête sur les genoux de quelqu’un en proie à la tristesse ? Les chiens comprendraient-ils notre douleur ? 

Les « neurones miroirs »

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Pour la science, le premier degré de l’empathie est ce que les spécialistes appellent la contagion émotionnelle. Elle se manifeste lorsqu’une personne qui pleure vous donne envie de pleurer, ou lorsqu’un fou rire déclenche chez vous l’hilarité, alors que vous n’en connaissez pas la cause. Les neurologues parlent de « neurones miroirs » qui entrent en résonance dans les mêmes zones cérébrales que celles d’un proche qui ressent une douleur physique ou morale. S’il n’est pas facile d’étudier les fous rires chez l’animal, il est un comportement dont la contagion est célèbre chez nombre d’espèces : le bâillement. Ne dit-on pas « qu’un bon bâilleur en fait bâiller sept » ? Cette contagion est avérée également chez les grands singes, les loups et chez les chiens entre eux et avec des humains. Au cours d’une expérience, la contagion émotionnelle atteint un taux de 70 % de réponses positives. Que votre chien vous entende ou vous voie bâiller et il y a de fortes chances pour qu’il fasse de même. Il reproduira le bâillement d’autant plus certainement que votre lien est fort. 

Mais « bâiller de conserve » est une chose, éprouver de l’empathie, c’est-à-dire comprendre et partager la douleur d’autrui, en est une autre… Reprenons l’exemple des pleurs, mais scientifiquement cette fois. Au cours d’une expérience, des chercheurs ont fait entendre à des chiens, vivant ou non avec des enfants, des enregistrements de pleurs de bébé. Le comportement des animaux a immédiatement changé ; ils ont montré une plus grande vigilance. Une réaction que les chiens n’ont pas eue en entendant un enfant babiller ou émettre des sons neutres. Des prélèvements de salive ont montré que leur taux de cortisol avait augmenté. Le cortisol, chez l’humain comme chez le chien, est reconnu comme étant l’hormone du stress. Cette réaction physiologique exprimée face à la douleur, aux pleurs de l’enfant ou de l’adulte, traduit le sentiment d’empathie ressenti par le chien. 

Un objet d’observation

Comment expliquer qu’un animal puisse développer un sentiment d’empathie envers les humains ? Bien que les recherches en soient à leurs tout débuts, les comportementalistes Karine Silva et Liliana de Sousa, de l’université de Porto, au Portugal, proposent trois pistes de réflexion. La première est le haut degré de socialisation chez le chien, issu de ses ancêtres les loups qui ont développé des comportements d’apaisement, dont l’empathie. La deuxième est que le processus de domestication a favorisé la synchronisation des capacités empathiques humaine et canine. La troisième et dernière suppose que la sélection effectuée sur les races pour des tâches de plus en plus complexes a conduit à une compréhension plus fine des émotions humaines. Ce qui est certain, c’est que nous sommes, pour les chiens qui vivent à nos côtés, un perpétuel objet d’observation. Ils perçoivent, décryptent les moindres intentions, désirs et sentiments de notre part. Et si la science commence tout juste à percevoir qu’il existe un lien très fort entre nos deux espèces, tous les amoureux des chiens et des chats détiennent cette information depuis bien longtemps. 

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