Immersion dans le championnat du monde du chien de sauvetage
- Publié le 02 Septembre 2019 10:00:00

Du 17 au 22 septembre, la France accueillera les 25e championnats du monde IRO (International Rescue Organisation) du chien de secours et de sauvetage sur la commune de Villejust (91). L’occasion de voir à l’œuvre ces duos maîtres-chiens dont le talent n’a d’égal que la joie que suscite la découverte d’une personne disparue ou ensevelie…
Gibbs est un superbe malinois de 8 ans. Fin, élancé, il ne tient pas en place. Devant les ruines d’un hôtel, il attend que Marc Courtois, son conducteur, lui donne l’ordre d’aller explorer les amas de blocs de béton, tôles et poutres. Aussitôt le signal, le chien léger inspecte au pas de course les moindres recoins tandis que son maître lui crie des indications de direction. En à peine 10 minutes, Gibbs a isolé les trois « victimes » attendues. A chaque trouvaille, il a alerté Marc par des aboiements qui ne laissent aucun doute sur la nature de la découverte.
La scène ne se déroule pas dans un pays où a eu lieu un séisme ou un tremblement de terre. Nous sommes à Villejust, dans l’Essonne, sur l’aire de formation des équipes cynotechniques de recherche et de sauvetage de l’association CSP France (Cynotechnie Sapeurs Pompiers). Ce site est unique en Europe. C’était au mois d’avril dernier, lors des épreuves françaises de qualifications pour les championnats du monde. Ce jour-là, Gibbs et Marc Courtois ont été qualifiés pour se mesurer aux meilleurs duos cynotechniques de la planète. Malheureusement, étant l'organisateur de l'évènement, il ne pourra finalement pas participer à la compétition...
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Des qualités physiques mais surtout psychologiques
Si, dans l’imaginaire collectif, le chien de secours et de sauvetage est un berger, les qualités requises pour la mission sont plus psychologiques que physiques même si l’animal doit être sportif. « Un bon chien de recherche est d’abord un animal qui aime le jeu, défend Marc Courtois. Il doit éprouver du plaisir à aller chercher la personne pour récupérer le jouet qu’il préfère en guise de récompense. Il doit aussi être courageux, vif, très équilibré, avoir le goût du contact avec l’homme et être obéissant. » Et évidemment avoir une bonne truffe ! Afin de pouvoir sentir le moindre petit effluve libéré par une personne ensevelie, parfois sous des mètres cubes de gravats, ou égarée depuis des heures dans une forêt ou un taillis. Ce sont ces qualités que les épreuves de ces 25èechampionnats du monde vont tester parmi les 120 duos candidats au trophée. Même si au-delà de la compétition mettant en valeur les capacités incontestées des chiens, ces épreuves sont avant tout un moment d’échange et de partage entre cynophiles passionnés.
Quatre épreuves différentes
L’épreuve d’obéissance et de dextérité est commune à tous les chiens qui se répartissent ensuite entre leurs spécialités « professionnelles » qui sont la recherche en décombres, la quête et le pistage. Elle consiste à exécuter parfaitement plusieurs exercices testant l’écoute du chien, comme la marche sans laisse parmi un groupe de personnes et de chiens (mâle et femelle), le travail à distance, le rapport d’objet, la traversée d’une échelle horizontale, le passage d’un tunnel ou encore le franchissement d’une passerelle qui bouge… Autant de situations où l’aisance de l’animal sur un terrain inconnu et instable, l’écoute et la confiance en son maître sont évaluées. Pour Marc Courtois, c’est dans cette épreuve que les Français ont encore beaucoup à apprendre pour parvenir au meilleur niveau.

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Ce « tronc commun » passé, les équipes cynotechniques se répartissent majoritairement sur les épreuves dites de « recherche en décombres » et de « questage » qui plongent le spectateur au cœur même de la mission de sauvetage de ces chiens super entraînés.
« L’épreuve des décombres consiste à retrouver en trente minutes trois « victimes » sous des masses de matériaux, détaille Marc Courtois , président de CSP France. Le chien doit travailler seul. Le maître-chien n’a pas le droit d’accéder au site qui, dans la réalité, pourrait se révéler dangereux pour lui. Pour réussir, le chien doit donc être autonome mais pas trop afin d’écouter les instructions de son maître à distance. »

Dans l’épreuve de quête, le travail est sensiblement le même, seul le lieu change. Point de gravats, mais un milieu naturel dense (bois, ronces), vaste (4 hectares) et accidenté (ravins) où trois personnes sont théoriquement portées disparues. Là encore, le chien opère seul, écoutant son maître qui « dirige » les opérations. « Le chien doit être audacieux sans se mettre en danger, explique l’organisateur de la compétition mondiale. Et toujours rester à portée de voix. »
L’épreuve de pistage est celle qui rassemble le moins de concurrents (une dizaine). Peut-être parce qu’elle est la plus difficile. « Le chien doit retrouver et isoler une odeur d’une personne égarée parmi des dizaines d’autres, 3 heures après le passage de la personne à rechercher. Ce travail permet, dans la réalité, de reconstituer, pas à pas, le cheminement d’un disparu, sans éviter une partie de l’itinéraire emprunté. Il s’agit donc de retrouver des objets placés sur l’itinéraire pour s’assurer que le chien n’a pas « coupé » le parcours. » Le total des points cumulés sur l’épreuve commune de dextérité et d’obéissance et sur la spécialité départagera les équipes cynotechniques.
Découvrir leur travail
Mais si ce week-end de compétitions couronnera le meilleur d’entre tous les chiens de secours, le public découvrira d’abord le travail que tous ces duos cynotechniques réalisent chaque jour pour sauver réellement des personnes en difficulté. Il mesurera l’engagement des chiens comme de leurs maîtres, le travail qui est nécessaire mais aussi la qualité de la relation entre l’homme et l’animal pour touché au but. Malgré toutes les technologies de pointe dont disposent les équipes de secours aujourd’hui, le chien reste l’allié essentiel dans la recherche de victimes dans des situations extrêmes comme les séismes ou les explosions. De nombreux concurrents qui seront présents à Villejust ont sauvé des vies et ont un jour rendu à leur famille l’un des siens. Tous sont des héros qui s’affronteront, pour le plaisir du jeu et de la compétition…
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