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La spectaculaire migration des crabes rouges

Située au large des côtes australiennes, en plein océan Indien, la petite île de Christmas est chaque année, dès les premières pluies, le théâtre de la migration de dizaines de millions de crabes rouges vers la mer.

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La spectaculaire migration des crabes rouges
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Chaque année, c’est le même rituel : très discrets durant la saison sèche, les crabes rouges de l’île Christmas surgissent de nulle part dès l’arrivée des premières pluies. Par dizaines de millions (40 millions), les Gecarcoidea natalis n’ont qu’un but : rejoindre l’océan pour que les femelles puissent y déposer leurs œufs. Cet appel du large les fait quitter leurs terriers creusés dans le sol des forêts de cette petite île d’à peine 21 kilomètres de long. Périlleuse, la migration ressemble à une marche harassante et risquée vers la mer et les côtes où les crabes ont vu le jour. Durant deux mois, à partir d’octobre, la « vague rouge » se déverse sur tout le territoire : forêts, routes, pistes, maisons… rien ne vient interrompre leur progression. La pluie leur offre même l’hydratation nécessaire à ce déplacement sur plusieurs kilomètres, durant lequel beaucoup périssent écrasés par les voitures. Afin de permettre à un maximum de crabes d’atteindre les rivages, les habitants de l’île modifient drastiquement leurs habitudes.

La longue marche

La longue marche vers l’océan de millions de crabes rouges constitue une aventure que le naturaliste Sir David Attenborough a décrite comme l’un des spectacles les plus étonnants de la nature. C’est l’arrivée des pluies qui déclenche chez les crabes rouges l’irrépressible besoin de se mettre en route. Pour autant, la chronologie de cette longue marche n’est pas linéaire. Seul le créneau consacré à la ponte est précisément déterminé : ce sera lors du dernier quartier de lune de la période ayant reçu un apport en eau adéquat. Pour les crabes, la méthode est simple : bonne humidité, on marche ; sècheresse, on s’enterre en attendant le retour de la pluie. C’est cette incertitude qui explique l’impossibilité de prédéfinir avec exactitude une date pour la ponte.

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La progression dure environ deux semaines mais peut être plus longue si la saison des pluies est chaotique. Par chance, la configuration géographique de l’île fait que tout lieu de ponte est situé à moins de 3 km de la côte. Des études ont montré que l’incroyable effort que doivent accomplir ces animaux n’était rendu possible que grâce à d’importantes modifications hormonales.

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Un écrin pour la faune et la flore

L’île Christmas est petite. C’est un triangle de 136 km2, aux bords concaves, de 2000 âmes. Située dans l’océan Indien, à environ 350 km au sud de l’Indonésie et à plus de 1500 km de la côte australienne la plus proche, elle est d’origine volcanique. Son isolement a engendré l’apparition de nombreuses espèces endémiques animales et végétales. La richesse de la biodiversité locale en fait un écrin dont les deux tiers sont classés comme parc national.

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L’île, à la côte déchirée et difficile d’accès, est couverte d’une forêt tropicale et abrite une importante population d’oiseaux marins résidents ou migrateurs et des dizaines de millions de crabes terrestres et côtiers répartis en une vingtaine d’espèces. Les trois plus spectaculaires sont les crabes rouges, les crabes bleus et les crabes de cocotier. Les crabes rouges sont les jardiniers de la forêt dont ils entretiennent la bonne santé en régulant le nombre des pousses et des débris végétaux, et en aérant et fertilisant le sol. Les crabes bleus se cantonnent aux milieux humides.

Quant à la population d’énormes crabes de cocotier nocturnes aux couleurs éclatantes, elle a permis à l’île de détenir le record de la plus grande densité mondiale de cette espèce. Rencontrer ces géants en se promenant de nuit sur les sentiers tracés est une expérience envoûtante, et la présence de champignons phosphorescents donne l’impression de traverser une forêt enchantée.

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40 millions d’amis

Les crabes rouges, endémiques de l’île Christmas et des îles Cocos situées environ 1000 km plus à l’ouest, ont une chance épatante : ils vivent sous la protection amicale des habitants de l’île. Ici, pas de risque de terminer dans une casserole : les crabes ne sont pas mangés. Leur migration est même vécue comme une grande fête et suscite chaque année le même émerveillement. Les responsables des parcs nationaux et de l’île préparent minutieusement les mesures qui permettront de protéger ces millions d’individus des dangers routiers qui les attendent. Certains dispositifs sont permanents : passages souterrains placés à intervalles réguliers, passerelle métallique de 5 m de hauteur. D’autres sont temporaires, comme des petites barrières textiles de 40 cm de hauteur (notre photo), conçues pour canaliser la progression des crabes sur les bas-côtés des routes afin de les conduire vers une zone sûre où ils pourront traverser sans risque. Ajoutons à cela des dizaines de panneaux humoristiques placés sur le bord des routes, et rappelant à chacun de prendre garde à ne pas écraser l’un de ses « 40 millions d’amis ». Chaque jour, les informations sur les restrictions de circulation sont diffusées sur de grands panneaux. L’état de la migration évolue sans cesse et les responsables ont un regard permanent sur l’ensemble des lieux de l’île pour adapter au mieux le dispositif de protection, tâche extrêmement délicate et particulièrement bien conduite.

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