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Natacha Harry : une véto à l’école des bêtes

Vétérinaire et journaliste, Natacha Harry vient de publier un livre où elle lève le voile de son engagement pour les animaux. Un engagement qui remonte l’enfance où, fille unique, elle a trouvé amitié et réconfort auprès des chevaux et des chiens. Mère de deux jeunes enfants aujourd’hui, elle entend œuvrer pour leur léguer un monde où l’animal a sa place et l’homme un futur avec lui. Animaux-online a rencontré cette femme engagée…

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Natacha Harry : une véto à l’école des bêtes
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Animaux-online : Etre vétérinaire n’est pas un hasard dans votre vie. Cela vous tient depuis l’enfance. Comme une intime conviction ?

Natacha Harry : Une sorte d’évidence en tout cas. J’ai grandi au milieu des animaux, ils sont mon quotidien depuis ma plus tendre enfance. J’ai toujours eu avec eux une relation privilégiée, une sorte de connivence. Cette relation m’a nourrie depuis toujours. Moi qui suis fille unique, je n’ai jamais souffert de la solitude que l’on prête parfois aux enfants uniques car je partageais avec mes animaux tous mes moments de vie. Une chose est sûre, d’aussi loin que je me souvienne j’ai toujours voulu être vétérinaire. Ca n’a pas forcément été simple d’intégrer l’Ecole vétérinaire de Maisons-Alfort (j’ai raté le concours 2 fois !) mais j’ai toujours eu la conviction que j’y arriverai et j’ai bien fait d’y croire !

A-O : Vous relatez vos premiers pas en tant que vétérinaire de garde. Ce qui frappe, c’est la solitude dans l’exercice de cette profession. Face à la décision, lourde de ses conséquences…

N. H. : Je ne crois pas que véto soit un métier qui isole. Je relate simplement, dans mon livre, quelques souvenirs de gardes où effectivement j’ai passé des nuits seule et parfois certaines décisions m’ont semblé lourdes. Avoir la vie d’un être entre ses mains est forcément difficile en responsabilités surtout quand on n’a pas encore l’expérience du métier. Aujourd’hui, beaucoup de confrères se regroupent dans des structures pluridisciplinaires. Ça évite justement l’isolement. Et puis le vétérinaire praticien (ce que je ne suis plus…) joue un rôle social crucial. En zone rurale, il est souvent l’un des rares traits d’union entre les éleveurs souvent bien seuls dans l’exercice de leur métier et, en ville, il joue aussi ce rôle essentiel de maintien du lien social avec des propriétaires d’animaux qui, parfois, n’ont que peu de personnes vers qui se tourner.

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A-O : Vous écrivez que c’est votre désir de liberté qui vous a conduite vers une autre voie. Vous n’avez pas de regret ?

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N. H. : L’important dans la vie c’est de réussir à trouver la place qui vous convienne le mieux. La mienne est celle que je me suis créée. Si je devais revivre ma vie je ferai à nouveau le choix de devenir vétérinaire, et, à nouveau celui d’embrasser ensuite une autre « carrière » différente de l’exercice de la médecine mais toujours aussi proche des animaux. J’adore mon métier à tel point que je n’ai jamais l’impression de travailler. Je vis ma passion tout simplement. J’aime jouer ce rôle de trait d’union entre des spécialistes dans des domaines très précis du monde animal et le grand public.

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A-O : Vous êtes à Télématin depuis près de 20 ans. Vous vous sentez à votre place en tant que passeuse et trait-d’union, ce sont vos mots, pour transmettre, informer, passer les messages. Mais cela doit être une « pédagogie, sans gravité ni tristesse », écrivez-vous. C’est plus efficace ?`

N. H. : Oui. Je crois que c’est essentiel. Pour faire passer des messages, pour amener le public à découvrir la beauté mais aussi la fragilité du monde animal, il faut faire preuve de bienveillance. C’est d’ailleurs la qualité première de Télématin. Il ne faut pas accabler, ni culpabiliser. Je crois sincèrement que les messages passent mieux si on les délivre sur un ton positif.

Première apparition à l’écran de Natacha Harry à Télématin en 2000…

A-O : Vous avez passé 5 ans à la tête de la SPA où vous avez tenu à remettre l’animal au cœur de la mission de cette vieille dame. De quoi êtes-vous la plus fière ?

N. H. : Je pourrais vous citer la création du Grand refuge, un lieu unique qui a déjà recueilli depuis sa création en 2015 plus de 400 chevaux, poneys et ânes. Je pourrais vous parler du programme des familles d’accueil pour les animaux en échec d’adoption. Ce programme a permis de sortir de refuge près de 600 animaux qui coulent aujourd’hui des jours heureux dans un foyer aimant. Je pourrais aussi vous parler des rénovations des refuges pour en faire des lieux plus accueillants, plus chaleureux. Je pourrais encore vous parler des adoptions qui ont considérablement augmenté. Je suis intarissable sur tous ces sujets car toutes ces actions ont le mérite d’être concrètes.  Mais ce dont je suis la plus fière, je crois, c’est d’avoir eu la confiance de femmes et d’hommes merveilleux qui sont les acteurs du quotidien de la SPA. J’ai animé une équipe et c’est avec elle, et grâce à elle, que la SPA a écrit de nouvelles pages tout en poursuivant les missions engagées par mes prédécesseurs. Je reste profondément attachée à la SPA et très reconnaissante vis-à-vis de toutes ces personnes formidables, salariées et bénévoles.

A-O : Le sous-titre de votre livre est « l’avenir sera animal ou ne sera pas ». Pourtant, certains estiment que notre société va vers une sensibilité exacerbée, voire de la sensiblerie. Que leur répondez-vous ?

N. H. : L’engagement des Français en faveur de la cause animale apparaît de plus en plus comme une évidence… Une évolution sociétale nouvelle, portée à l’origine par les seuls défenseurs de la cause animale,  mais qui est aujourd’hui de plus en plus soutenue par le plus grand nombre. Les images chocs de maltraitance dans les abattoirs, la désaffection des spectacles avec animaux sauvages qui poussent des établissements circassiens de renom à changer, sont autant d’exemples qui démontrent que la protection des animaux n’est plus le combat de quelques-uns, mais est en train de devenir une tendance de fond portée par la société tout entière. C’est d’ailleurs sous la pression des citoyens, et de personnalités engagées, que le Code Civil reconnaît depuis 2015 aux animaux leur caractère « d’êtres vivants doués de sensibilité ».

Je milite en faveur d’une société plus protectrice des êtres vivants les plus fragiles. A l’heure où chacun doit s’interroger sur son impact sur la planète, il est aussi temps de construire un monde plus protecteur pour les plus faibles. Les animaux domestiques ou sauvages sont tributaires des hommes  qui ont le pouvoir de les détruire ou au contraire de les protéger.

A-O : Vous êtes le témoin privilégié de l’évolution des mentalités de notre société vis-à-vis de l’animal. Et vous soulignez notamment le rôle du consommateur, du grand public, dans ces changements. Finalement, se pourrait-il aussi que l’homme soit l’avenir de l’animal ? (alors qu’il est responsable de la 6è extinction) ?

N. H. : J’aimerais croire que l’homme sera l’avenir de l’animal, mais il faut faire vite car la situation est grave. Nous vivons sans doute la 6e extinction de masse des espèces et nous en sommes responsables. Nous avons perdu ces quarante dernières années 60% de la biodiversité. Alors oui, je pense que la défense des animaux constitue un combat pour l’avenir de l’humanité. Ce combat c’est maintenant que nous devons le mener pour transmettre aux générations futures un monde plus respectueux du vivant. Une chose est sûre : sans l’animal l’homme n’aura pas d’avenir.

A l’école des bêtes, par Natacha Harry paru aux Editions du Cerf.

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