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Le monde merveilleux de Scarlett

Adoptée par un jeune couple d’amoureux des animaux, la cochette mène la vie d’un animal de compagnie à part entière. Au milieu des chiens, des chats, des boucs et des chevaux, elle a trouvé une place de choix dans la petite ménagerie.

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Le monde merveilleux de Scarlett
Arnaud Beinat

Couinement agacé et coup de dents feint : Scarlett sait se faire respecter face à Ixl, une femelle dogue allemand qui porte bien son nom et qui est obligée de se mettre ventre à terre face à la minuscule cochette. Battant de la queue comme un chien, Scarlett est une bienheureuse. Elle vit en effet une existence privilégiée en compagnie de cinq chiens, deux boucs et deux chats, une petite ménagerie abritée dans la ferme de Maud Lefèvre, la responsable de l’association AVA (Aide aux vieux animaux).

Tous ont été adoptés avant que cette amoureuse des animaux ne décide de se lancer dans une aventure peu commune : « Avec mon compagnon Nicolas, cela faisait plus d’un an que l’on songeait à tenter l’adoption d’un petit cochon. C’est un animal super intelligent et nous étions sûrs que cela se passerait bien. » De race göttingen, Scarlett a cinq mois et demi et pèsera une bonne trentaine de kilos à l’âge adulte, c’est-à-dire à trois ans. Ce poids constitue d’ailleurs le piège dans lequel tombent de nombreux acheteurs à qui l’on présente souvent les parents d’un petit cochon pour les rassurer sur le poids de leur futur compagnon à l’âge adulte : « Ce qu’on ne leur dit pas, c’est que les cochons peuvent faire des portées avant d’être parvenus à la taille adulte. Du coup, ils se retrouvent ensuite avec un gros animal impossible à gérer. »

Arnuad Beinat. Sacarlette s’entend parfaitement avec les deux boucs, Major et Capitaine

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Avoir un porc chez soi, même mini, ne s’improvise pas et les gestes que l’on a l’habitude d’adopter vis-à-vis de son chat ou de son chien ne lui conviennent pas forcément. Par exemple, appartenant à une espèce qui est une proie à l’état sauvage, Scarlett a hérité d’une grande méfiance et elle n’apprécie pas que la main qui la caresse vienne d’en haut. Elle préfère une approche face à son groin et plutôt en dessous. Tout comme elle aime autant ne pas être dérangée : « Lorsqu’elle est allongée sur le canapé et qu’on veut la déplacer, elle nous fait bien comprendre que cela ne lui plaît pas ! » A coups de grognements plus ou moins forts, la cochette éloigne l’importun qu’elle pourrait mordre s’il insistait. Heureusement, cela arrive très rarement. Car d’une manière générale, Scarlett reste très câline, au point de dormir parfois dans le lit de ses maîtres. Aucune inquiétude : un cochon est hypo-allergénique, il est donc impossible de développer une allergie à son contact. Les soignants ont d’ailleurs remarqué cette particularité très intéressante. On emploie déjà les cochons pour les séances de zoothérapie dans certains établissements de santé.

Arnaud Beinatd. Entourée de ses amis chats et chiens, Scarlett troupe petit à petit sa place dans la ferme

Absolument indispensable, la stérilisation fut un autre virage important à négocier pour Maud : « Le système hormonal influence le comportement. Un cochon non castré peut refuser toute autorité et devenir agressif avec les autres espèces, y compris ses maîtres. » Scarlett a donc été stérilisée dès quatre mois, juste avant ses premières chaleurs.

Et question nourriture, la vigilance s’impose. « Contrairement à ce que l’on pourrait penser, explique Maud, devenue une spécialiste de l’espèce, le microcochon n’est pas une poubelle de table. Il peut vite devenir obèse car le cochon ne perd pas facilement les kilos qu’il a pris. » La nourriture de Scarlett doit donc être équilibrée à raison d’un tiers de légumes pour deux tiers de fruits, augmentés de granulés « spécial cochon » et d’herbes qu’elle trouve dans le jardin. L’idéal étant qu’elle ingère au maximum l’équivalent de 3 % de son poids par jour. Et, pour que Scarlett exprime ses comportements naturels de fouissage avec son groin, Maud éparpille sa ration sur un tapis de fouissage, dans une piscine à balles ou dans des distributeurs qu’elle doit pousser ou faire rouler. Cela permet aussi de contenir sa « goinfrerie » qui serait trop vite satisfaite avec une gamelle.

Bientôt à moto ?

Pour Maud et son compagnon, si cette adoption a été mûrement réfléchie et Scarlett achetée dans un élevage, elle n’est pas allée sans tâtonnements tant l’espèce est peu connue dans un environnement familier : « Au début, il a été très difficile de la faire manger. C’est venu petit à petit, en lui donnant à la main. De même, nous lui avions préparé un petit enclos dans la maison pour qu’elle ait son coin à elle, mais elle ne voulait pas y rester. On a fini par comprendre qu’elle cherchait de la chaleur. On lui a donc installé une lampe chauffante. » Mais si Scarlett a adopté son petit enclos, elle ne manque jamais de s’endormir dans les bras de sa maîtresse, le soir devant la télé. Pour l’hiver prochain, Maud a prévu de lui tricoter un petit manteau pour sortir car elle s’est aperçue que Scarlett était très frileuse, une particularité sans doute commune à tous les cochons (qui ont peu de poils) mais que nous ignorons faute de vivre avec eux 24 heures sur 24.

Arnaud Beinat. Scarlett trouve dix fois plus vite qu’un chien les solutions pour débusquer sa nourriture dissimulée dans des petits jouets d’intelligence

En revanche, ce que l’on sait, c’est que cette espèce est très intelligente. Maud le constate chaque jour : « Scarlett résout les problèmes dix fois plus vite qu’un chien. Elle comprend rapidement les secrets des petits jouets d’intelligence que je lui propose avec sa nourriture. Pousser, tirer, soulever… elle pige très vite comment accéder à une carotte, une courgette ou un poivron, son légume préféré ! Actuellement, on lui apprend à s’asseoir et à tourner sur elle-même. » Nul doute qu’elle ne tardera pas à apprendre ces tours aussi vite qu’elle a appris la propreté. Car, même si elle a encore sa petite litière, Scarlett ne fait jamais ses besoins en dehors.

Petit à petit, ses maîtres lui font découvrir l’environnement urbain. Pour l’instant, la cochette reste dans leurs bras. Elle devra s’habituer au port du harnais. « Dans un an, elle nous accompagnera peut-être à moto ! », espèrent ces passionnés de deux-roues. En attendant, Scarlett fait déjà sensation dans les rues de la ville où sa présence a notamment été remarquée lors de l’inauguration d’une épicerie végane. Et tout le monde est venu la caresser.
Beaucoup de petits cochons doivent l’envier…

Arnaud Beinat. Un lit douillet une lumière tamisée et une lampe chauffante, rien de mieux pour rendre une cochette heureuse

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