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Yolaine de la Bigne : une journée pour l’intelligence animale

Le 2 février sera la Journée mondiale de l’intelligence animale. À cette occasion, la journaliste Yolaine de la Bigne a organisé, à la Cité des sciences et de l’industrie, une série de conférences plus étonnantes les unes que les autres.

Yolaine de la Bigne : une journée pour l’intelligence animale
Jade Boches

Animaux-Online : Qu’est-ce que l’intelligence animale ?

Yolaine de la Bigne : On dit toujours que c’est la façon de s’adapter pour survivre, mais pour moi c’est plus compliqué que ça. Déjà, pour l’intelligence humaine, on sait aujourd’hui qu’il y en a 14 sortes, voire plus. Il y a l’intelligence sportive, musicale, émotionnelle… Donc je pense que les animaux, c’est pareil. Ils ont en tout cas une intelligence émotionnelle très forte, mais je pense qu’il y en a plein d’autres sortes. Actuellement, nous sommes en train de découvrir l’intelligence collective, avec les insectes sociaux, par exemple.

AO : Pourquoi créer un événement autour de cette thématique ?

Y. dl B. : C’est une façon, en fait, assez militante d’appeler au respect des animaux. En général, nous sommes beaucoup sur l’empathie, et c’est bien ! Mais moi, j’ai choisi un autre biais qui est : « Pourquoi martyrise-t-on des êtres aussi intelligents et qui peuvent tellement nous aider ? ». En effet, je pense que les animaux ont énormément de choses à nous apprendre, notamment sur l’intelligence écologique que l’Homme a manifestement totalement perdue au fil du temps. Nous sommes éminemment intelligents dans le QI, mais on a complètement perdu le QE au passage (quotient émotionnel, ndlr) et on ne sait plus gérer notre environnement puisque nous sommes en train de piller et d’assoiffer une terre qui nous nourrit depuis de siècles. Il faut donc qu’on s’inspire des animaux qui, eux, savent très bien gérer la première des intelligences : « Comment est-ce que je vais manger ce soir ? »

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AO : Pouvez-vous nous présenter cette journée à la Cité des sciences ?

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Y. dl B. : C’est une journée de conférences gratuites, où 4 personnes totalement différentes interviendront. On a Éric Baratay, seul historien de l’animal, qui va nous raconter des histoires d’animaux. Par exemple, une girafe qui s’est retrouvée dans un zoo au XIXe siècle, comment a-t-elle eu l’intelligence de survivre ? Après, on a Didier Van Cauwelaert, un grand écrivain français qui se passionne lui aussi pour les animaux et qui a écrit « Et si tu étais une abeille ? ». L’intelligence des abeilles n’est plus à prouver, mais par contre reste à découvrir, notamment sur leur communication et cette fameuse intelligence collective. La reine est simplement une pondeuse, il n’y a pas de chef. C’est une grande leçon de démographie absolument passionnante. Ensuite, il y a Sébastien Moro qui s’intéresse à un sujet très nouveau : les poissons. Alors s’il y a bien un animal qui est méprisé, c’est lui. Une fois de plus, on n’y connaît rien. Les poissons sont en fait extrêmement intelligents. Ils ont une communication, des métiers, des personnalités… Enfin, on aura Fleur Daugey qui a écrit le livre « Animaux homos ». C’est un thème que j’aime beaucoup, car il nous appelle à être tolérants. Le seul animal qui martyrise ses homosexuels, c’est l’humain.

AO : Les conférences aborderont les abeilles, les mammifères, les poissons… Tous les animaux ont-ils la même intelligence ?

Y. dl B. : Darwin disait que dès qu’il y a du vivant, il y a de l’intelligence. Je pense qu’il faut suivre ce précepte car il a raison. Les bactéries qui sont dans votre ventre sont intelligentes puisque, maintenant, on découvre que le ventre est le deuxième cerveau. Mais chacun a l’intelligence qui l’intéresse et qui convient à son destin, à son espèce et à son rôle dans le monde. Donc l’intelligence d’un poisson ne sera pas la même que celle d’un énarque (ceux qui ont fait l’ENA, ndlr), ni la même que celle d’une abeille ou d’un cheval. Il ne faut pas comparer les intelligences, car ça ne veut rien dire. Chacun est intelligent pour ce qui lui sert. Une fourmi se fiche complètement d’avoir un ordinateur, ou d’aller sur la lune, par contre elle va avoir une intelligence incroyable pour se repérer grâce à des phéromones et des calculs quasiment mathématiques. Elle se repère bien mieux qu’un être humain et c’est pour ça que nous avons inventé les GPS, en s’inspirant des algorithmes des fourmis.

AO : L’Homme a-t-il des choses à apprendre des autres animaux ?

Y. dl B. : L’intelligence humaine est évidemment très importante et sans doute supérieure dans certains domaines, notamment dans le domaine de l’abstraction. Nous sommes un animal abstrait, nous avons inventé des systèmes incroyables ! Religions, philosophies, langages, cultures sophistiquées… Ce qui nous manque, c’est l’intelligence concrète que nous avons un petit peu oubliée.  Le drame de l’être humain, c’est qu’il pense que ses systèmes abstraits sont la vérité. La vraie vie, c’est : « Est-ce que je respire ? Est-ce que je bois ? Je mange ? Est-ce que j’ai chaud et est-ce que je suis capable de nourrir mes enfants ? » Nous allons être 9 milliards – ce qui est délirant – et nous sommes incapables de gérer ça. Or, la plupart des animaux, avant de faire beaucoup de petits, vont voir s’ils ont de quoi les nourrir, les abriter et leur donner à boire. Loups, rats, chauves-souris… Ils vont se restreindre. On est en train de découvrir que les chauves-souris peuvent même s’avorter elles-mêmes s’il y a un problème. C’est une forme d’intelligence incroyable dont nous ne sommes pas capables. Nous avons sûrement besoin de retrouver notre animalité et c’est peut-être la grande leçon que nous donne l’animal.

AO : Quelle est l’espèce qui vous étonne le plus en matière d’intelligence ?

Y. dl B. : Alors là, je pense que je ne peux pas répondre. C’est ça que je trouve passionnant dans le sujet : chaque espèce a une intelligence incroyable. Moi, j’aime beaucoup les animaux mal-aimés ou méprisés comme le cochon ou le ver de terre. Ce dernier a passionné Darwin pendant 20 ans. On sait qu’il est un grand agriculteur, mais on découvre également plein d’autres choses. Il a une maison, il se fait des petites chambres à différents étages, selon la température… J’ai découvert qu’il ferme la porte avant de partir ! Je trouve ça génial ! Quand il part pour aller manger, il bouche l’entrée avec de la terre pour ne pas se faire cambrioler et que les copains n’aillent pas manger ses provisions. C’est ça que je trouve fascinant. N’importe quel animal, du plus petit au le plus moche, a en fait des leçons incroyables à nous donner. Le ver de terre sait des choses que nous ne savons pas. La preuve, c’est que l’on va envoyer des vers de terre sur Mars pour savoir si on peut labourer la terre, et non pas un agriculteur.

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