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Anny Duperey : confession sur ses chats de hasard

En ce moment, et jusqu’au 30 décembre 2018, Anny Duperey présente une lecture musicale de son ouvrage ‘Les Chats de hasard’ sur la scène du théâtre Édouard VII. Nous l’avons rencontrée afin d’en apprendre plus sur les félins qui ont rythmé sa vie.

Anny Duperey : confession sur ses chats de hasard
Jade Boches

Animaux-Online : Qu’est-ce que l’ouvrage « Les Chats de hasard « ?

Anny Duperey : « Les Chats de hasard » est un livre que j’ai écrit il y a une vingtaine d’années, je crois. J’avais déjà fait « Le Voile noir », un livre à propos de mes parents, et un autre avec mes lecteurs et les lettres qu’ils m’avaient envoyées ainsi que les réponses que je leur faisais. Puis, à l’occasion de la mort d’une de mes chattes de hasard – c’est-à-dire des chats qui étaient tombés dans ma vie par hasard et qui, curieusement, ont eu un rôle extrêmement important – j’ai eu envie d’écrire autour de ça et de l’attachement que l’on a envers ces animaux. Qu’est-ce que ce rapport que l’on peut avoir et qui est, quelquefois, l’équivalent d’une grande amitié ou d’un bel amour ? C’est un rapport dont on parle finalement assez peu.

A-O : Pourquoi avoir voulu le transposer sur scène ?

A. D. : En fait, ce n’est pas moi qui ai eu l’idée, c’est une jeune metteuse en scène très talentueuse, Ninon Bretécher. Elle m’a demandé un jour s’il y avait un auteur que j’aimerais lire et j’ai dit « oui, moi ! » (rires). J’avais déjà fait des lectures en province, sur des passages de textes sur les animaux et je m’étais rendu compte que c’était agréable à faire et que ça plaisait bien aux gens. Donc nous avons monté ce spectacle avec un petit décor, de jolies lumières et une sorte de circulation. Maintenant, le texte, je le connais à peu près. De temps en temps, j’y jette un coup d’œil pour me resituer, mais je tiens à le garder parce que ce n’est pas du tout pareil que d’arriver sur scène à mains nues pour dire quelque chose. On est obligé d’interpréter. Alors que si on a un texte, on est dans le côté conteur. Ce n’est pas le même ton, ni le même rapport au public. Même si je parle aux gens sans regarder mon texte la plupart du temps, il est là. Cela veut dire que ce n’est pas une chose que je joue.

A-O : Que transmettez-vous à travers cette lecture ?

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A. D. : Ce n’est pas une simple lecture, c’est un spectacle. Je dis un texte, certes, mais il y a des lumières, il y a un musicien (Simon Mimoun) qui m’accompagne, et on chante une chanson sur les chats de hasard. Je trouve que c’est bien de parler de ce besoin de douceur qu’on a, de ce besoin de paix, du fait qu’il y ait actuellement dans les foyers, je crois, 13 millions de chats. On sent que les gens ont un besoin de se rapprocher de l’animal, du moins de ceux qui nous sont familiers. Je crois que le stress de la vie moderne et ce côté « pressé » que l’on a font que nous avons vraiment besoin de nous retrouver avec ces êtres qui vont vous accueillir avec joie, quel que soit l’état de fatigue dans lequel vous rentrez, sans vous poser de questions : ils sont simplement contents que vous soyez là. On parle de paix, de choses qui vous font du bien, de jolies histoires qui peuvent vous arriver avec les animaux… J’espère que ça fait du bien aux gens en ces temps un peu troublés.

A-O : Pourquoi les chats plutôt que les chiens ?

A. D. : J’aime beaucoup les chats parce qu’ils me conviennent. Je fais le point un petit peu dans le spectacle, justement, où je parle des chiens. J’explique que j’ai rencontré des chiens extrêmement sympathiques, mais que le chien est beaucoup plus dépendant parce qu’il a besoin d’un maître. Il vient de la meute et je crois qu’un chien qui ne sait pas où il se place dans une hiérarchie devient fou. Il ne sait pas qui il est. Et moi, ça ne me va pas. Je n’ai pas envie d’être le maître de quelqu’un. Les chats ont aussi des attentes, mais qui ne pèsent pas sur mon individualité. Il y a d’ailleurs un mot que je déteste à propos des chats. Je commence ce livre avec une phrase pas mise là par hasard : « J’ai pour les animaux un amour raisonnable ». À partir de ce moment-là, on n’a pas arrêté de me dire que j’étais folle des chats. Or, pour moi, les chats, je les aime d’une manière raisonnable. Il y en a qui sont formidables. Il y en a qui sont complètement stupides. C’est comme les gens ! (rires)

A-O : Jusqu’où remonte cette fascination pour les chats ?

A. D. : Je raconte dans le spectacle d’où vient cet amour pour les chats. J’ai été élevée avec eux. Mes parents sont morts quand j’avais 8 ans et demi et c’est moi qui les ai trouvés. C’était une chose plutôt traumatisante pour une enfant, ce qui, je suppose, explique que je n’ai aucun souvenir d’enfance. Le peu de choses qui me sont revenues, c’est par les chats. Sans doute que les chats étaient moins douloureux pour moi que les humains. Je me souviens que j’avais une grand-mère qui vivait avec plein de chats. Ils étaient dans les assiettes, dans les lits, sur la table… Ils avaient une place légitime. Cette grand-mère maternelle avait un rapport avec l’animal qui était tout à fait étonnant. Elle ne se sentait aucunement supérieure aux bêtes, elle et eux, c’était pareil. Même si je n’ai pas de souvenir précis d’elle, je suppose que ça m’a marqué.

A-O : Quel est le chat de hasard qui vous a le plus marqué ?

A. D. : J’ai eu deux chats de hasard qui ont eu vraiment un rôle prépondérant dans ma vie. Le premier est tombé pour moi à un âge charnière, avant que je rencontre un compagnon. Il a déboulé dans ma vie d’une manière tout à fait péremptoire, il m’a choisie et il s’est installé. Il était hors de question que j’échappe à son désir d’être avec moi. J’ai donc été deux pour la première fois de ma vie. Il a fallu tout d’un coup apprendre à prendre soin d’une petite vie. Pour moi, ça a été l’apprentissage d’une véritable vie d’adulte et d’ailleurs, le compagnon n’a pas tardé après. Ensuite, ma deuxième chatte de hasard a eu un rôle tout à fait primordial dans l’écriture de ce livre sur la mort de mes parents. C’était 4 ans de travail, dans une grande solitude et sur un sujet qui était quand même très sensible. Mais elle était là. J’ai vécu une de ces rares situations où on peut dire qu’avoir un animal, c’est mieux qu’un être humain. N’importe quel être humain aurait essayé de me consoler, de me conseiller sur comment aller un peu plus vite dans ma recherche sur le deuil et aurait, en fait, été complètement maladroit. J’aurais eu honte de pleurer pendant des heures, d’errer longtemps, de me répandre comme ça… J’aurais essayé de faire autrement avec un humain. Elle, je lui pleurais dessus, c’était une serpillière, cette pauvre chatte. Mais son regard et sa présence m’ont incroyablement aidée. Elle était comme moi, je l’appelais « ma démunie de mots ». Il fallait que je trouve les mots, elle ne les avait pas, c’était donc une merveilleuse compagne de silence.

A-O : Avez-vous encore des animaux qui vous aident au quotidien ?

A. D. : Vous savez, le chat d’écrivain, c’est quelque chose de très spécial, c’est un don particulier. Tous les chats ne sont pas chats d’écrivain. Généralement, ils s’en tamponnent royalement. Je n’en ai eu que deux qui étaient vraiment des gardiennes du cahier. Elles étaient dans l’escalier avant moi quand j’allais travailler, elles connaissaient les horaires. C’était incroyable. Au total, j’ai dû avoir 5 ou 6 chats de hasard, et j’en ai encore 3 actuellement. Il m’est arrivé d’en donner deux qui ne me convenaient pas. Ils n’étaient pas heureux chez moi. Par exemple, j’ai eu une chatte, charmante, qui n’était pas bien. J’avais déjà 3 chats et je me disais : « Elle veut un humain pour elle toute seule ». Et effectivement, je l’ai donnée à un ami – qui l’a toujours, d’ailleurs – et avec lequel il y a un rapport fusionnel. Cette chatte ne voulait pas qu’il y ait trois chats à la maison, elle voulait son mec à elle (rires). On connaît des femmes comme ça !

Informations pratiques :

  • Théatre Édouard VII, 10, place Édouard-VII (IXe).
  • Tél. : 01 47 42 59 92.                                   
  • Horaires : du jeu. au sam. à 19 h, le dim. à 18 h.
  • Jusqu’au 30 déc.
  • Tarifs : de 15 à 35 €.
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