Publicité

Le chat sauvage d’Écosse, une espèce aux portes de la disparition

Depuis une dizaine d’années, de nombreux acteurs se sont élevés pour essayer de préserver une espèce emblématique des Highlands : le chat sauvage d’Écosse. Anne Étourneau, fondatrice de la société FranceAgora – l’intermédiaire français des projets écossais – nous parle plus en détails de cet animal et des mesures mises en place pour le protéger.

Partager cet article :
Publicité
Le chat sauvage d’Écosse, une espèce aux portes de la disparition
Steve Piper

Une grande bête solitaire à la fourrure dense, fuyant l’homme et chassant généralement la nuit… Non, ce n’est pas la description d’un animal mythique, mais bien celle d’une espèce très rare : le chat sauvage d’Écosse. Cet animal intrigue, fascine, mais inquiète également. Son avenir est menacé et de nombreuses personnes agissent depuis plusieurs années pour le protéger, comme Anne Étourneau, fondatrice de la société FranceAgora qui fait le lien entre la France et les initiatives écossaises.

« On estime qu’il resterait entre 30 et 100 individus, soit l’une des espèces les plus en danger de la planète, explique-t-elle. Le chat sauvage d’Écosse souffre de la destruction de son habitat, mais également de beaucoup d’hybridation avec des chats errants et des harets, les chats domestiques revenus à l’état sauvage ». En effet, ils vivent dans les forêts du nord de l’Écosse. La déforestation, les pièges ou encore les accidents de la route participent à l’extinction de ce roi des Highlands. Vivant seul toute l’année, ce chat ne se reproduit qu’une fois par an. Sans pouvoir rencontrer un partenaire de la même espèce, il se tourne vers les harets, très nombreux dans la région, dont l’hybridation participe au développement de maladies et à la perte des spécificités de cette espèce si particulière. Il est facilement reconnaissable par sa taille, sa couleur brun clair, sa multitude de rayures (la présence de tâches suggérant une hybridation) et sa queue très épaisse, annelée et avec le bout noir.

Comment préserver le chat sauvage d’Écosse ?

Publicité

Il y a 11 ans, le projet Highland Titles a vu le jour. « Son but est de permettre de restaurer la faune et la flore dans l’un des pays les plus déboisés d’Europe. Ils ont ainsi créé une première réserve, à Glencoe, vendant à des particuliers pour une somme modique des parcelles de quelques centimètres carrés », détaille Anne Étourneau. Les milliers de micro-propriétaires obtiennent alors le titre de Laird, Lord ou Lady et peuvent venir visiter leur terre quand ils le souhaitent. La réserve est ainsi protégée de toute intervention humaine puisqu’aucune construction ou implantation n’est possible.

À la même époque, un autre projet émerge, celui de Wildcat Haven. « Cette initiative vise aussi la sauvegarde du chat sauvage d’Écosse, mais dans un cadre plus scientifique où des spécialistes, vétérinaires, chercheurs, etc. tentent d’éviter de possibles hybridations avec des harets et favorisent les rencontres avec de vrais chats sauvages« , nous explique Anne Étourneau. Leur démarche consiste à capturer les chats dans l’habitat du chat sauvage d’Écosse et à les tester génétiquement. Seuls les hybridés ou les chats errants seront stérilisés avant d’être relâchés afin d’empêcher toute reproduction avec des chats sauvages d’Écosse. Ils se chargent également de sensibiliser la population locale sur ce problème ou encore de poser des caméras pour espérer les apercevoir et mieux les connaître. « Ce n’est vraiment pas un chat domestique qui serait retourné à l’état sauvage, il ne se laisse pas approcher par l’homme. Le seul moyen pour l’observer est de mettre des appâts sur les arbres, comme du thon ou du maquereau, pour qu’une caméra placée spécialement pour lui puisse l’immortaliser « , précise la fondatrice de FranceAgora.

En 2014, les membres du projet Highland Titles ont fait l’acquisition d’un second domaine, situé près du Loch Ness, qu’ils ont cédé à l’équipe de Wildcat Haven afin qu’ils réalisent, comme eux, des ventes de micro-parcelles de terre. En parallèle, Highland Titles s’est engagé activement dans la préservation des chats sauvages d’Écosse en créant un enclos de plusieurs hectares destiné à les accueillir. « Comme le projet avait déjà énormément progressé en ce qui concerne la préservation de la flore des Highlands, notamment avec la plantation d’arbres, ils ont décidé de se concentrer plus activement sur la faune en créant, il y a un an, un vaste enclos dans l’éventualité de trouver des chats pour les y relâcher « , précise Anne Étourneau. Et c’est chose faite !

Des actions qui portent leurs fruits

Les efforts combinés de toutes ces personnes semblent porter leurs fruits puisqu’il y a quelques mois, en avril 2018, les caméras de Wildcat Haven ont filmé un spécimen mesurant 1,20 mètre du nez à la queue, dans la forêt de Clashindarroch. « L’animal était si imposant qu’il a été surnommé « la bête de Clashindarroch, s’émerveille la fondatrice de FranceAgora. Malheureusement, la forêt dans laquelle il a été trouvé, et qui est probablement le foyer d’autres chats sauvages, a commencé à être abattue. Une pétition a donc été ouverte pour la préserver, ainsi que l’animal ».

Plus récemment encore, un randonneur a trouvé deux chatons mal en point et seuls dans les Highlands, fin juin 2018. Ni une, ni deux, il a envoyé des photos à Wildcat Haven qui les a identifiés immédiatement comme étant très probablement des chats sauvages. Ils se sont rendus sur place pour tenter de trouver leur mère, mais sans succès. Les spécialistes ont alors décidé de les récupérer et de les mettre en sécurité dans l’enclos de Highland Titles, prévu à cet effet. Ce centre de réhabilitation, situé au milieu de la réserve de Glencoe, permet ainsi à tout chaton orphelin d’apprendre à chasser et à tout adulte blessé de récupérer, sans être stressé par une présence humaine. Ils sont ensuite relâchés dans la nature.

Charlie Chandler. Les deux chatons recueillis, en route pour le refuge

Ces deux petites boules de poils, sauvages et agressives, ont été examinées par un vétérinaire et sont aujourd’hui en bonne santé. « Ils sont encore trop jeunes pour subir le test génétique. Si ce dernier est malheureusement négatif et montre qu’ils sont hybridés, ils seront stérilisés et relâchés dans la nature », explique Anne Étourneau. Cependant, il est possible de parrainer les deux chatons. Cette participation servira au programme de stérilisation des chats errants, à l’achat de caméras espionnes et de colliers émetteurs, nécessaires à l’étude du chat sauvage d’Écosse, de ses mouvements et de l’étendue de son territoire à protéger. « Au total, 22 chats sauvages sont aujourd’hui suivis dans les zones où les chats errants ont été stérilisés. Il est très difficile de savoir combien il en reste précisément, car ils sont solitaires, chassent la nuit et n’approchent pas l’humain ».

Steve Piper

À lire aussi : Puis-je nourrir un chat errant ?
À lire aussi : Les 10 races de chats les plus rares
Le Palmarès 2024 des villes où il fait bon vivre avec son chien
Le Palmarès 2024 des villes où il fait bon vivre avec son chien
Le magazine 30 millions d’amis
Le n°1 de la presse animalière

Chaque mois, devenez le meilleur des maîtres et retrouvez tous nos dossiers et conseils d’expert. Découvrez nos offres papier et numériques...

Publié le 14 septembre 2018
6 minutes
Publicité