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Ont-ils le sens de la famille ?

Les animaux ont, comme les humains, conscience des liens familiaux qui les unissent. Seuls varient les mécanismes permettant la reconnaissance des membres d’une même famille entre eux.

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Ont-ils le sens de la famille ?
Shutterstock

Les liens familiaux ont de l’importance au sein de toutes les espèces. Avec les membres de sa famille, plus ou moins éloignés, certains comportements sont privilégiés comme l’entraide, l’apprentissage, le soin, etc. D’autres, au contraire, sont à éviter comme la recherche d’un partenaire sexuel. C’est pourquoi il est important que les individus apparentés sachent se reconnaître. Quand cela se produit, des conduites spécifiques se mettent en place. Des chercheurs ont, par exemple, démontré que les souris mâles à pattes blanches qui rencontrent un mâle inconnu pour la première fois n’ont pas la même attitude avec lui selon qu’il fait partie de la même famille ou non. Quand il s’agit d’un « étranger », elles vont le chasser, de manière plus ou moins agressive, alors qu’elles vont simplement l’éviter, sans conflit, quand elles ont un rapport familial avec lui.

Le résultat d’expériences passées

Identifier un membre de sa famille est donc important. La démarche est possible quand un animal est apte à percevoir et interpréter des signaux émis par ses congénères pour déterminer s’il s’agit ou non d’un individu apparenté. Chez les vertébrés, la reconnaissance d’un membre de sa famille n’est pas inscrite dans le patrimoine génétique. Aucune recherche scientifique ne l’a en effet établi. C’est pourquoi il est admis que c’est plutôt le résultat d’expériences passées, d’apprentissages durant le développement des individus qui permet l’identification d’un parent. Selon les espèces, plusieurs mécanismes permettent à de s membres d’un même groupe de savoir s’ils sont ou non parents. Le premier d’entre eux est la proximité spatiale : les animaux utilisent des indices présents dans l’environnement (par exemple s’ils vivent dans le même nid ou dans le même terrier). Il y a ainsi une forte probabilité pour que les animaux qui nichent au même endroit soient génétiquement reliés les uns aux autres. Il arrive cependant qu’il y ait parfois des « erreurs » et que des individus soient traités comme des membres d’une même famille alors qu’ils ne le sont pas.

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Par exemple, chez certaines espèces de mouettes des falaises, ce qui compte pour un parent, c’est le nid : les mères vont s’occuper des oisillons qui sont dans leur nid jusqu’à un certain âge, peu importe qu’ils soient véritablement les leurs ou non. Plus proche de nous, il y a même le cas du coucou, qui pratique ce que les scientifiques appellent le « parasitisme de couvée », un comportement qui consiste pour la mère coucou à pondre dans le nid d’une autre espèce qui élèvera son oisillon comme s’il faisait partie de sa propre progéniture.

Des signaux propres à une même famille

Shutterstock. Les chimpanzés sont capables de distinguer sur une photo les membres de leur famille par rapport aux autres membres du groupe.

Il existe ensuite la reconnaissance par association : c’est la capacité d’un animal à traiter comme un membre de sa famille celui avec qui il a été lié pendant une certaine période de sa vie (appelée par exemple « période sensible »). En général, dans des conditions naturelles, quand un animal grandit avec d’autres animaux dès son plus jeune âge, il y a de fortes chances pour qu’ils appartiennent tous à la même famille (par exemple tous les individus du même âge dans un même

terrier sont très probablement frères et soeurs). Chacun apprend les signaux des autres membres de la cellule familiale dont il fait partie pour les identifier par la suite. Cela peut aussi se produire par distinction d’indices de groupe, tous les membres d’une même famille portant un signal spécifique (visuel, olfactif, etc.).

Dans tous les cas, les non-apparentés ainsi associés seront considérés comme des apparentés, et inversement, des apparentés qui n’étaient pas là pendant cette période de vie commune ne seront pas considérés comme des apparentés. Par exemple, chez le campagnol des prairies, il a été démontré que des petits qui ont été séparés de leur portée d’origine pour être mis dans d’autres portées ne se reproduisent pas avec les campagnols qui ont grandi avec eux. Inversement, les campagnols d’une même famille génétique qui ont été élevés séparément se reproduisent entre eux si on les réunit au moment du sevrage. C’est un des mécanismes les plus répandus parmi les mammifères, même chez les humains, où on a pu voir tomber amoureux un frère et une soeur qui n’avaient jamais vécu ensemble pour des raisons diverses…

Similarités et différences

Enfin, il y a la reconnaissance par correspondance du « phénotype ». Le phénotype est l’aspect visuel d’un individu, ce à quoi il ressemble physiquement. Celui-ci apprend et se souvient de traits physiques qui lui sont propres ou qu’il ne voit que chez les membres de sa famille. Lorsqu’il rencontre quelqu’un qu’il ne connaît pas, il évalue alors les similarités et les différences entre ses propres traits et ceux du congénère qu’il a en face de lui. Ainsi, par exemple, il peut se baser sur les odeurs chimiques, ou encore sur des traits physiques très caractéristiques.

Les chimpanzés sont capables de distinguer sur une photo les membres de leur famille (mère, frères et soeurs) par rapport aux autres membres de leur groupe. Les humains, comme les autres mammifères, sont aussi à même de différencier les individus de leur famille de ceux qui ne le sont pas par indices olfactifs. Une étude a ainsi démontré que peu après la naissance, les nourrissons allaités répondent de préférence à l’odeur unique de leur mère, tout comme les mères discernent l’odeur de leur enfant.

Ce qu’on connaît de la détermination des membres d’une même famille chez le chien suggère que tous ne sont pas caractérisés grâce aux mêmes mécanismes (parents et frères et soeurs sont identifiés par des moyens différents). Les chiots d’environ 4 à 5 semaines sont, par exemple, aptes à retrouver leurs frères et soeurs et leur mère, et les mères leur  progéniture. Mais les choses changent après la période durant laquelle les petits sont séparés (pour être donnés ou vendus à une nouvelle famille humaine), entre 8 et 12 semaines. Des chercheurs ont mis en évidence ces changements en suivant plusieurs portées. Ils ont ainsi observé que deux ans après la séparation des portées, les mères ont toutes été en mesure d’identifier leurs petits, sans exception.

Shutterstock. Les chiennes identifient toujours leurs petits, même après deux ans de séparation.

Réciproquement, tous les petits ont su qu’il s’agissait de leur mère. Mais aucun des jeunes ne s’est souvenu de ses frères et soeurs, sauf dans une situation : quand ils avaient été adoptés à deux (ou plus) et qu’ils avaient donc passé du temps en contact avec au moins un de leurs frères et soeurs. Dans ce cas-là, ils étaient capables de se remémorer l’ensemble de leurs autres frères et soeurs. Tous les frères et soeurs qui avaient été adoptés seuls, et ne s’étaient donc pas côtoyés pendant ces deux années, n’ont pas montré de préférence/ reconnaissance pour les membres de leur fratrie, même s’ils se sont tous souvenu de leur mère.

Les chercheurs ont conclu d’après cette expérience que les signaux utilisés pour identifier la mère ne sont pas généralisables ni utilisables pour distinguer les frères et sœurs et donc que l’aptitude d’un chien à désigner sa mère et ses frères et soeurs repose sur des mécanismes différents. Les jeunes peuvent identifier leur mère en se basant sur des signaux individuels qui sont renforcés positivement grâce aux soins maternels (en particulier l’allaitement, le toilettage). Alors que les frères et sœurs doivent être distingués par des signes plus généraux qui requièrent une exposition continue.

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