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La reine Zelda

Dans une ancienne ferme de la campagne lorraine, Zelda est une oie qui mène une vie de chien…de compagnie ! Bien au chaud, elle vit au milieu des chats de la maison, qu’elle mène à la baguette !

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La reine Zelda
Arnaud Beinat

Zelda surveille du coin de l’oeil sa maîtresse qui prépare un café. Bientôt ce sera l’heure de la promenade quotidienne et Sylvie Morel lui passera son petit harnais pour la tenir en laisse. Car, selon l’expression de Sylvie, Zelda est une « oie chien » : « J’ai toujours aimé les animaux mais, jusqu’à présent, je n’avais que des chats. En revanche, j’ai toujours aimé les oies. Ne me demandez pas pourquoi, je n’en ai aucune idée. » Inutile aussi de lui demander s’il y a du foie gras ou des rillettes d’oie dans le frigo ; non seulement Sylvie ne raffole pas du goût de ces plats, mais la simple vue de ce que subissent ces animaux pour le plaisir du palais a fini de l’en détourner.

Arnaud Beinat. La promenade quotidienne de Zelda dure environ trois quarts d’heure.

Ancienne militaire de l’armée de terre tout comme son mari, elle gère désormais une petite entreprise de couture installée à domicile, dans une ancienne ferme du joli village de Bainville aux-Miroirs, en Meurthe-et-Moselle. Le couple possédait déjà six chats, et c’est tout récemment que Sylvie a décidé d’élever l’animal qu’elle avait depuis longtemps en tête : une oie. En accord avec son mari, Sylvie part en quête de bébés oies dans la campagne environnante.« Mais il n’y en avait pas du tout. Nous avons finalement trouvé un éleveur d’oiseaux d’ornement installé entre Bruxelles et Anvers. Il ne possédait pas moins de 45 races d’oies. » Les Morel prennent la route et tombent sur un spécialiste bien compréhensif : « Il voulait m’en vendre au moins deux car les oies sont malheureuses lorsqu’elles sont seules. Je n’osais pas lui avouer que c’était pour en faire un animal de compagnie, mais il a très bien compris. »

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Ils se décident pour des oies grises qui possèdent encore leur duvet, car tant que le volatile n’a pas ses plumes, son caractère n’est pas encore formé. Lorsque le couple s’éloigne, les parents se mettent à crier et brisent le coeur de Sylvie : « Je n’ai pas eu le courage de leur en prendre trois comme je l’avais prévu. Je leur en ai rendu deux et nous sommes rentrés avec celle qui allait devenir Zelda. » Une fois chez eux, les Morel se posent mille questions : l’oie ne va-telle pas crier à longueur de journée au risque d’exaspérer les voisins ? Va-t elle se faire à cette drôle de nouvelle vie ?

« Au début, elle feulait et crachait, furieuse d’avoir été séparée de ses parents. Elle avait un peu peur et nous lui avons installé une lampe chauffante pendant un mois et demi pour la rassurer. » Mais très vite, elle s’est habituée… tout comme le vétérinaire. « Il m’a dit : “Madame Morel, qu’est-ce que vous m’avez encore fait !” Mais, du coup, il ne m’a pas fait payer la première consultation… »

Arnaud BeinatA l’heure de la promenade quotidienne, Zelda, l’oie-chien, selon l’expression de Sylvie Morel, est l’attraction du village.

Dans le village, il n’y eut aucune réaction négative ; bien au contraire. Zelda a fait l’unanimité. Elle est même devenue la curiosité qu’on a plaisir à voir. « Elle rappelle le bon vieux temps aux personnes âgées qui les ont connues jadis dans les fermes. » Si la cohabitation avec les chats se passe admirablement, il y eut quelques ajustements de départ : « L’un de nos vieux chats l’a attaquée quand elle est arrivée. Elle s’en est souvenu et désormais il doit faire attention lorsqu’il passe à proximité car elle a une très bonne mémoire. » Et, contrairement à ce que l’on pourrait penser, c’est bien Zelda qui a le dessus.

Arnaud Beinat. La cohabitation avec les chats de la maison se passe admirablement bien.

Comme un coq en pâte

Agée de cinq mois au moment du reportage (l’âge adulte étant de six), Zelda, dont les ailes déployées atteignent maintenant un bon mètre cinquante d’envergure, pèse quatre kilos et vit comme un coq en pâte. Elle est installée dans son petit parc personnel, doté d’une barrière que les chats n’ont surtout pas intérêt à franchir…

L’endroit est décoré à son nom et possède une série de miroirs posés par ses maîtres tout au début, pour lui donner l’illusion d’être avec ses frères et soeurs. Comme elle toussait un peu, on lui a installé un grand tapis en Bullgom pour l’isoler du sol.

Arnaud Beinat. Zelda est installée comme une reine dans un parc à son nom.

Zelda mange un mélange de blé, de nourriture pour dindons, de pain dur et de maïs ainsi que de la salade tous les jours. « En plus, elle est assez difficile, elle ne mange pas n’importe quoi », affirme Sylvie. Zelda ne se contente pas de ses repas et ne dédaigne pas une petite visite dans la gamelle des chats. De même, elle raffole de concombre lorsque Sylvie prépare le repas et se tient toujours à proximité de ses maîtres lorsqu’ils mangent sur la table basse du salon. Et, quand ceux-ci regardent la télé, Zelda est encore là ! Le soir venu, elle regagne son parc et y passe tranquillement la nuit, ne s’agitant que lorsque la maison s’éveille : « Dès que mon mari descend le matin, elle lui fait la fête. »

Arnaud Beinat. Au salon, Zelda peut déployer ses ailes.

Une bonne gardienne

Dans la journée, elle est, comme le veut la tradition, une très bonne gardienne et hurle dès qu’elle voit quelqu’un dans la rue. En revanche, quand Sylvie, qui se couche souvent tard, lui parle en chuchotant, elle sait qu’il ne faut plus faire de bruit : « En fait, l’expression “avoir une cervelle d’oiseau” est complètement dénuée de sens tant ces animaux sont intelligents et curieux. »

Zelda exige tout de même un peu d’entretien : son alèse et sa litière sont changées tous les matins et le parc est désinfecté régulièrement. De même, il faudra peut-être lui couper les ongles, qui peuvent pousser plus vite que chez un spécimen vivant dehors en permanence. Seuls désagréments : ses petits besoins qu’elle a tendance à faire là où elle se trouve. Il faut passer derrière et la nettoyer un peu car notre oie ne porte pas de mini-couche, à l’image de certains de ses congénères qui vivent en famille aux Etats-Unis. Quant aux vaccins, pas facile de s’en procurer puisqu’ils sont vendus par lot de mille pour les éleveurs. Les Morel ne s’absentent que rarement, mais lorsque c’est le cas, une voisine vient s’occuper de leur protégée.

Les oies ont une espérance de vie de trente à quarante ans. Et, quant à la bonne blague de tuer Zelda pour Noël, c’est clairement du réchauffé : « Elle sera plutôt à table avec nous avec sa bavette ! »

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