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Ma maîtresse, c’est la «boss»!

Battue, affamée et abandonnée, la petite chienne a trouvé le bonheur auprès de la productrice de télévision Maryel Devera, qu’elle ne quitte désormais plus d’une semelle.

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Ma maîtresse, c’est la «boss»!
Arnaud Beinat

Lookie n’était pas son prénom d’origine, mais je n’en ai modifié qu’une seule lettre… » admet Maryel Devera en regardant sa chienne jouer. La jeune femme couve la petite jack russell du regard ; en une fraction de seconde, on réalise à quel point le destin fut généreux avec elle. Car, en captant l’attention de cette productrice de télévision, Lookie, qui s’appelait Cookie au départ, a eu beaucoup de chance. « Ce fut un coup de foudre immédiat. Et dire que je m’étais dit: tout sauf un jack russell ou une femelle! »

Il y a un an, lorsque Maryel croise pour la première fois son regard à la SPA de Gennevilliers, ce qu’elle voit avant tout, c’est une chienne apeurée, très amaigrie : « Elle avait visiblement été battue. Dès qu’elle apercevait un bâton, elle s’enfuyait en rentrant l’arrière-train, par peur des coups. Ses anciens propriétaires avaient fini par la faire vivre dans une cage, en la nourrissant très peu. » Lorsque Cookie parvient à la SPA, c’est la fin de son calvaire, mais elle ne pèse plus que 4 kilos. Son état est tel que les responsables du refuge l’estiment trop faible pour une adoption immédiate : « Pendant deux semaines, je sui allée la voir quasiment tous les jours. Je m’enfermais dans le box avec elle pour nous habituer l’une à l’autre. Je n’avais qu’une seule crainte: que quelqu’un d’autre l’adopte avant moi. »

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Les formalités enfin remplies, une autre épreuve commence : il s’agit d’apprivoiser la petite craintive, et de l’installer au mieux dans sa nouvelle vie. Car Lookie mord facilement, non pas par méchanceté, mais plutôt pour canaliser son angoisse. Elle le fait souvent à l’issue d’une course effrénée, le soir, dans l’appartement de sa nouvelle maîtresse. « Avec un chien plus gros, j’aurais certainement eu peur. C’est la raison pour laquelle il est très important de faire savoir qu’un chien au moment de l’adoption n’est pas tel qu’il sera plus tard. »

Au départ, la petite chienne a peur de tout : des gens, du bruit, des voitures… Mais, au bout de deux semaines de câlins et d’amour, Lookie commence déjà à se transformer. Maryel en profite pour l’emmener une quinzaine de jours en vacances au bord de la mer. Un éveil immédiat à la liberté. « Elle est d’une douceur incroyable, calme, ultra-intelligente. En fait, elle est à l’opposé de tout ce que j’ai pu lire sur sa race. On m’avait dit que les jack russell avaient beaucoup d’énergie, et c’est la raison pour laquelle je n’en voulais pas. Je souhaitais adopter un chien tranquille, que je pourrais emmener partout. » Et c’est le cas. Lookie n’est jamais une contrainte pour sa maîtresse.

Une compagne parfaite

Même ses sorties quotidiennes, qu’elle maîtrise à la perfection, ne sont pas une corvée : « Elle sait qu’à minuit, c’est l’heure à laquelle j’aime le moins la sortir, et elle ne fait jamais sa “grosse commission” à ce moment-là… » Les journées de la productrice d’émissions de télévision débutent souvent tôt. Après un café en terrasse au bord de la Seine, c’est la promenade du matin dans le quartier, puis le départ en voiture vers M Screen, la société de Maryel, implantée dans la banlieue ouest de Paris, à Boulogne-Billancourt. Sitôt arrivée dans les 165 mètres carrés de bureaux, Lookie retrouve sa deuxième famille : « Elle y est bichonnée, câlinée… Je suis obligée de faire ma grosse voix pour qu’on ne lui donne pas à manger en douce… » sourit la « boss ».

Si l’effectif permanent de l’entreprise est composé d’une demi-douzaine de personnes, ce nombre peut croître de manière exponentielle au gré des projets en cours. Ce sont parfois près de soixante personnes qui se pressent à Boulogne, où se tournent même certaines séquences. La chienne y est habituée : « Dès que Lookie constate que le calme s’installe et qu’elle entend “Silence, ça tourne!”, elle se fige et attend la fin de la prise en me regardant. » Parfois, les journées sont longues dans ce métier sans horaires. Maryel a beaucoup d’obligations : elle doit assister à des soirées, sortir au restaurant, etc. Lookie l’accompagne quasiment partout et vit tout cela sans le moindre stress. La petite chienne se gère seule ; quand elle juge qu’il est tard, elle se couche, tout simplement : « Elle n’est pas fugueuse. Lorsqu’elle voit une porte ouverte, elle n’en profite jamais. En revanche, je l’attache toujours lorsque je suis dans la rue, car elle n’a pas compris le danger que peuvent représenter les voitures. »

Un chien dans l’entreprise

Arnaud Beinat. Lookie est toujours en éveil lors des réunions de travail.

Avant de créer sa propre structure, Maryel travaillait dans une très grosse société de production française. Les animaux n’y avaient pas leur place, parce qu’il semblait impossible que tout le monde amène le sien. La maîtresse de Lookie part d’un autre principe : il faut profiter de la vie, et nos petits compagnons sont avant tout un facteur d’équilibre : « Partant de ce postulat, j’estime qu’intégrer un chien dans l’entreprise, c’est permettre à celle-ci de trouver un équilibre. L’animal crée du lien entre les gens. Lookie peut même, parfois, apaiser des tensions. Un exemple : en venant réclamer des caresses à deux personnes en conflit, elle crée un dérivatif. Les collaborateurs vont se parler à travers la chienne, avant de revenir à la réunion et de renouer le dialogue. Je l’ai vraiment vu et éprouvé, au point de renverser le propos : aujourd’hui, ce n’est plus “Faut-il amener le chien dans l’entreprise?”, mais “Il est improbable qu’il ne vienne pas. »

Lookie, c’est la chienne de la « boss », mais si d’autres collaborateurs désirent venir avec leurs animaux ? « Ça donne des envies, et deux d’entre eux m’en parlent déjà ! Ce sera oui, bien sûr. Ma seule restriction concerne les très gros chiens, car l’espace de travail doit rester vivable pour tout le monde. Le chien, c’est une pause tendresse, un aspirateur à stress. »

Lookie revient de loin. On lui a fait du mal, elle fait désormais du bien. Pour elle aussi, c’est la pause tendresse, pour toujours…

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Publié le 10 septembre 2018
6 minutes
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