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Le chien peut-il s’adapter ?

Déménagement, voyage, bébé, divorce, nouvel animal de compagnie…autant d’occasions pour notre chien de changer ses habitudes et d’éprouver ses aptitudes à faire face aux nouvelles situations.

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Le chien peut-il s’adapter ?
Shutterstock

La majorité des foyers offrent à leurs chiens une vie assez routinière. Tout simplement parce que le rythme de vie de l’animal familial se calque sur celui de la maisonnée. Promenades à heure fixe, prise alimentaire régulière, rencontres humaines et avec des congénères habituelles… Nos animaux s’y plient volontiers et semblent même apprécier. Parfois cependant, ponctuellement, régulièrement ou subitement, certains changements leur sont imposés : un voyage, les vacances, un divorce, un déménagement, un bébé… Le cadre et le rythme de vie diffèrent et mettent à l’épreuve les capacités d’adaptation de notre animal. Heureusement, la plupart de nos chiens réagissent bien, avec un temps plus ou moins long d’adaptation. Mais d’autres fois, selon les changements proposés au chien et ses expériences préalables, l’obstacle peut être plus long à surmonter, sans l’être jamais complètement. Les chercheurs se sont penchés sur la question de la capacité de s’adapter aux changements chez les animaux. Leurs travaux indiquent qu’elle est liée à trois facteurs : leur aptitude à mémoriser immédiatement une information nouvelle, leur aptitude à inhiber un ou plusieurs comportements appris antérieurement et leur facilité à passer avec succès d’une situation nouvelle à une ancienne et inversement.

Le jeu de la cachette

La capacité de notre chien à retenir immédiatement une nouvelle information est typiquement mise en œuvre lorsqu’on s’amuse, par exemple, à cacher un objet qu’il doit retrouver. Faites-le test: dissimulez son jouet préféré sous son lieu de couchage en lui indiquant la cachette. Puis, attendez un peu avant de lui demander de le retrouver. Au fur et à mesure que vous poursuivez cet exercice, en changeant à chaque fois votre cachette, vous éprouverez la capacité de votre chien à assimiler la nouvelle information.

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À cet exercice pourtant simple, on peut constater que les capacités à trouver la nouvelle cachette et donc à mémoriser la nouvelle information sont plus ou moins grandes selon les individus. Un peu comme nos enfants lors des apprentissages scolaires. Une expérience originale a permis aussi de constater que la capacité des chiens à retenir immédiatement une information pouvait dépendre de facteurs « biologiques », comme la prise alimentaire. Les scientifiques ont appelé cela l’effet « petit déjeuner ». Ils ont soumis des chiens à une expérience qui se déroulait tôt le matin. L’animal testé devait rester assis immobile 10 minutes avant de rechercher une friandise cachée. D’essai en essai, celle-ci était déplacée d’une cachette à une autre sous les yeux du chien. Ce dernier devait donc régulièrement mémoriser le nouvel emplacement. Trois groupes de chiens ont été constitués : un groupe de chiens à jeun, un autre auquel on avait donné une ration alimentaire 30 minutes avant d’imposer l’immobilité et un dernier qui avait mangé 90 minutes avant l’immobilité.

Il est ressorti de ce test que les chiens du groupe 2 (qui ont reçu une ration 30 minutes avant l’exercice) ont mieux réussi que les chiens à jeun. Les chiens testés 90 minutes après avoir mangé ont mieux réussi que les chiens à jeun, mais moins bien que les chiens du groupe 2. Ces résultats montrent qu’un petit déjeuner améliore la mémorisation et que celle-ci pâtit du déficit en énergie alimentaire. Le second facteur est la capacité des chiens à inhiber (retenir) un comportement installé (une habitude). La situation typique où elle est éprouvée est lorsqu’on déménage (définitivement ou de manière temporaire) d’une maison située loin d’une route passante à une maison de ville devant laquelle se trouve une route très fréquentée.

L’appel de l’espace étant toujours fort pour un chien, il n’est pas évident pour lui de ne pas avoir le même comportement dans les deux situations. S’il a été depuis toujours habitué à jaillir de la maison vers un espace sécurisé, il sera d’autant plus difficile pour lui de refreiner ce comportement lorsqu’on ouvrira la porte du nouveau domicile qui donne sur une route ! Lorsque le comportement initial est automatique, prépondérant – qu’il soit en préparation dans la tête du chien ou en cours d’exécution – la difficulté pour l’animal à l’inhiber est augmentée quand un bénéfice quelconque y a toujours été associé (dans notre cas, celui de sortir gambader) alors que la nouvelle situation proposée n’en offre aucun, voire donne droit à une sorte de « punition » (des passants, pire un choc avec une voiture).  

Des scientifiques ont récemment appris que cette capacité à s’inhiber était très sensible aux états internes du chien. Ainsi, une expérience a montré qu’un certain taux de sucre dans le sang favorisait la capacité à s’inhiber chez le chien. Une autre a révélé que des chiens à qui on avait demandé de rester assis sans bouger pendant 10 minutes s’approchaient ensuite davantage d’un chien agressif enfermé que ceux qui n’avaient pas été poussés à inhiber leur comportement. Une immobilité contrainte conduirait donc davantage à un comportement à risque.

La flexibilité animale

Fotolia. Multipliez les expériences dès son plus jeune âge afin que votre chien s’adapte à toutes les situations à l’âge adulte.

Le dernier facteur influant sur la capacité de nos chiens à s’adapter est leur aptitude à alterner une situation nouvelle à une plus ancienne et inversement. Les scientifiques nomment cela la flexibilité. Cette capacité est mobilisée quand les règles de fonctionnement d’une situation changent de manière intempestive. Pour révéler cette flexibilité, des chercheurs ont testé des chiens au travers d’un jeu. Deux situations leur étaient proposées : soit deux pots posés sur le sol (condition 1), soit deux personnes (condition 2), espacées de 2 mètres.

Dans la condition 1, le chien récupérait une friandise par ses propres moyens en se rendant toujours au même pot. Puis la règle était changée sans qu’on le fasse savoir au chien : il devait se rendre au second pot pour trouver la friandise. Dans la deuxième condition, la même procédure était appliquée mais elle consistait pour l’animal à se diriger vers une personne ou une autre pour obtenir la friandise.

Les résultats de l’expérience ont montré que la capacité du chien à changer de règle ne diffère pas si la récompense est récupérée par le chien lui-même ou bien donnée par la personne. La capacité d’adaptation au changement de règles du chien n’est donc pas sensible au mode de récupération de la récompense, suggérant que le chien s’adapte aussi bien aux changements physiques qu’humains pour accéder à la nourriture.

Des singes élevés en captivité ont été testés sur le même exercice et ont montré qu’ils s’adaptent mieux au changement de règle quand c’est l’humain qui donne la récompense que lorsqu’il doit y accéder par lui-même.

Ces résultats sont en accord avec les expériences de vie des deux espèces : les chimpanzés captifs ne reçoivent la nourriture que de la main de l’homme, tandis que les chiens accèdent à la nourriture tant par l’humain que par eux-mêmes. Mémoriser une information, inhiber un comportement ancré et aller d’une information nouvelle à une plus ancienne… ces trois capacités se développent au cours du passage à l’âge adulte chez le chien. C’est pourquoi on recommande aux maîtres de multiplier, dès on plus jeune âge, les expériences où leur animal est soumis à un changement, par le jeu et les séances d’éducation canine. Car ce côté « malléable » décline assez vite avec l’âge et l’animal ne devient plus que routinier. C’est alors aux propriétaires de s’adapter à leur chien…

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