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Des chiens anges gardiens des diabétiques

Le 27 juin, trois chiens d’assistance ont été remis à de jeunes diabétiques. Formés par Acadia, la première école française de chiens d’assistance pour diabétiques, ils peuvent détecter une hypoglycémie et donner l’alerte avant que le coma survienne. Une prise en charge non invasive complémentaire au traitement thérapeutique traditionnel.

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Des chiens anges gardiens des diabétiques
Arnaud Beinat

A. BeinatRomain et Stella en compagnie de Jamy Gourmaud qui prépare une émission sur les aptitudes des chiens d’assistance aux personnes diabétiques

Medley, Talou et Stella sont les tout premiers chiens d’assistance pour personne diabétique formés par Acadia. Ils ont tous moins de deux ans et viennent de rejoindre leur nouveau foyer, et leur nouveau maître, lors d’une remise officielle à Paris le 27 juin dernier.

Leur rôle ? Détecter et alerter leur maître diabétique, et leur famille, quand le taux de glycémie est trop bas (hypoglycémie) ou trop élevé (hyperglycémie) en dehors des contrôles auxquels sont astreintes les personnes atteintes de cette maladie. Ces crises glycémiques qui peuvent surgir de jour comme de nuit sont la crainte des familles car elles peuvent déboucher sur un coma, occasionnant de l’angoisse, mais aussi un traitement et une hospitalisation parfois longue.

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Mais attention, en aucun cas le chien d’assistance ne se substitue aux dispositifs médicaux inhérents à la prise en charge du diabète de type 1, ni à la vigilance des parents. Il vient en complément pour rendre moins lourd un quotidien que l’apparition de cette maladie auto-immune, due à l’arrêt de la production de l’insuline par le pancréas, a bouleversée. « Lorsque notre fils Théo-Vic a été diagnostiqué diabétique de type 1, il avait tout juste deux ans, témoigne Solenn, sa maman. Pour nous, cela a d’abord été un choc émotionnel, certes, mais surtout un chamboulement de notre vie quotidienne faite de stress, de contrôles et de peur de la crise de glycémie. Avec cette maladie, c’est toute la famille qui est impactée. » Pour celle de Théo-Vic, cela a signifiéla mise entre parenthèses de la carrière du papa afin d’assurer un suivi 24 heures sur 24 de leur fils. Et la recherche sur Internet pour trouver de l’aide et permettre à Théo-Vic de vivre le plus « normalement » possible.

A. BeinatMedley, un caniche royal de 21 mois, a été remis à Hugo, un adolescent atteint de diabète de type 1. Je n’ai pas de mot pour dire ce que m’apporte Medley, a-t-il déclaré ému.

C’est du côté des Etats-Unis et des chiens que l’idée a surgi. De l’autre côté de l’Atlantique, en effet, des chiens viennent en aide quotidiennement aux personnes diabétiques depuis plus de 20 ans. Une méthode d’éducation de ces « assistants canins » a même été développée par Jennifer Cattet, éducatrice canine, docteur en éthologie et présidente de MedicalMutts, une société spécialisée dans la formation de ces chiens d’alerte. « L’idée est née sur la côte ouest des Etats-Unis lorsqu’un homme a remarqué que certains chiens qui avaient un maître diabétique avaient un comportement anormal quand celui-ci faisait une crise d’hypoglycémie, comme si ils la détectaient par l’odeur », explique Jennifer Cattet. Elle a donc mis au point un apprentissage du chien au clicker training, une méthode positive où l’animal est récompensé lorsqu’il réussit un exercice et non pas réprimandé lorsqu’il échoue.

L’autre originalité de la méthode de cette Franco-Américaine réside dans le choix de ses recrues canines. « Mutts, en anglais, cela veut dire bâtards, explique la jeune femme parfaitement à l’aise en français, car notre société ne s’adresse qu’aux refuges. D’abord parce que nous ne voulons pas de chiots puisque nous n’avons pas de test de tempérament fiable pour la mission qu’on va leur confier. On les prend entre un et deux ans, car c’est un âge où on peut les tester sur leur confiance et leur proximité avec l’homme. » Deux qualités indispensables pour ces « anges gardiens » canins qui devront s’adapter à tous les milieux, toutes les personnes sans pour autant perdre leur maître de vue… ou plus exactement d’odorat !

A. BeinatJennifer Cattet, une Franco-Américaine, présidente de MedicalMutts qui, outre-Atlantique, forme des chiens d’assitance pour diabétiques. Elle a formé les premiers chiens d’Acadia.

Car tout le talent de ces assistants canins réside dans leur capacité à « renifler » la crise. On sait que la truffe de nos meilleurs amis est bien plus fiable et perspicace que la nôtre et cette compétence est largement utilisée dans des secteurs comme la détection d‘explosifs, la recherche de personnes disparues ou dans les décombres, ou encore dans la détection de certains cancers (comme le cancer du sein). Leur talent olfactif peut s’appliquer à bien d’autres domaines, il suffit pour cela de leur apprendre à retenir certaines odeurs pour savoir les retrouver dans toutes les conditions, immobiles, mobiles et dans tous les milieux (même aquatiques). Pour les personnes diabétiques, le stade de l’hypoglycémie produit une « odeur » à laquelle le chien est sensible. Après un apprentissage, il peut la détecter et alerter le maître ou sa famille par des comportements spécifiques que sa « formation » lui aura fait acquérir, comme toucher son maître avec sa truffe sur le bras ou la jambe (poquer) pour l’alerter ou le réveiller, mais aussi appuyer sur un bouton qui alertera les parents si c’est la nuit, ou encore apporter un médicament, un jus de fruit, etc. 

Si le chien réagit au changement d’odeur qu’implique l’hypoglycémie, aujourd’hui les recherches scientifiques manquent pour savoir avec exactitude à quelles molécules il est sensible. D’autant plus qu’il réagit aussi en cas d’hyperglycémie, ce qui laisserait penser que le chien détecte soit le changement d’odeur (n’importe quelle odeur), soit une odeur de stress (émise inconsciemment par le corps) qui préluderait à l’approche de la crise. C’est pour avancer dans l’identification de ce que les scientifiques nomment les « biomarqueurs » mis en œuvre dans la détection olfactive des crises qu’une équipe de scientifiques pilotée par Brice Lopez, docteur en sciences, a été mise sur pieds afin de valider la pertinence des chiens d’assistance en complément des traitements thérapeutiques.

A. BeinatEn France, 25 000 enfants souffrent de diabète de type 1. Le chien d’assistance est un complément aux traitements thérapeutiques traditionnels.

Cette recherche se double aussi d’un volet « psychologique » afin de mesurer leur influence sur l’amélioration de la qualité de vie des personnes sur lesquelles veillent Talou, Medley et Stella. Pour les parents de Romain, âgé de 8 ans et demi et tout nouveau propriétaire de Stella, les bienfaits de la petite chienne sont déjà visibles et ils n’ont pas besoin d’une étude pour les mesurer. « Notre fils avait de nombreuses crises avant l’arrivée de Stella, raconte sa maman qui accompagne Romain pour la remise officielle de Stella, des variations dans le taux de glycémie qui nous faisaient à chaque fois redouter un coma. Depuis que Stella est aux côtés de Romain, son taux est stable ». Comme si le bien-être psychologique qu’apporte aujourd’hui Stella au jeune Romain contribuait à son bien-être physique. « Nous ne pouvons pas expliquer ce qui se passe, confie la maman, mais ce qui est sûr c’est qu’il n’y a plus de crise. Même le spécialiste qui suit notre fils ne peut que le constater… »

Pour Manon, une jeune femme âgée de 23 ans, qui vit désormais sous la truffe attentive de Talou, la présence du chien a changé sa vie puisqu’elle lui permet d’espérer pouvoir prendre un jour son autonomie sans inquiéter ses parents. « J’ai fait de nombreux comas diabétiques qui ont entraîné des séjours à l’hôpital car je peux faire des crises en dehors des moments de contrôle du taux de glycémie. La présence de Talou à mes côtés hors de ces moments de contrôle va permettre à mes parents de moins s’inquiéter, car une autre « personne » veille sur moi désormais… »

A. BeinatPierre Bertrand, président d’ACADIA, est le papa de Théo-Vic atteint de diabète de type 1. Il a mis sa carrière professionnelle entre parenthèses pour trouver des idées afin d’améliorer le quotidien de son fils.

ACADIA, la première école de chiens d’assistance pour les enfants diabétiques de France

Ce sont les parents du petit Théo-Vic, frappé par le diabète de type 1 à l’âge de deux ans, qui sont à l’origine d’Acadia. L’idée est de former, chez nous en France, des chiens d’assistance capables de détecter la survenue d’une crise d’hypoglycémie, et d’alerter les personnes ou d’aider la personne atteinte en lui apportant un médicament ou une boisson.

S’inspirant de la méthode d’éducation de Jennifer Cattet, qui a formé les quatre premiers chiens dont trois ont été remis officiellement en juin dernier à Paris, elle entend recruter et former des éducateurs canins spécialisés sur l’olfaction et le diabète, soutenir la recherche conduite par Brice Lopez et généraliser le recours à ces chiens d’assistance en complément du protocole thérapeutique.

Le recrutement des chiens se fait exclusivement en refuge afin de donner une seconde chance à ceux dont personne n’a voulu.

En France, 25000 enfants sont atteints de diabète de type 1. Acadia a déjà reçu plus d’une centaine de demandes de familles désemparées devant la crainte de la crise d’hypoglycémie, l’isolement social de leur enfant et son manque de confiance en lui. L’association voudrait pouvoir répondre à toutes ces demandes. Mais il faut 30 000 euros pour former un seul chien. Acadia compte donc sur l’aide de tous pour que leurs rêves deviennent réalités.

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