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Cosmétiques : l’Europe pour l’arrêt mondial des tests sur animaux

Les députés européens se sont prononcés, à une écrasante majorité, pour une interdiction, partout dans le monde, de l’expérimentation animale dans le secteur des cosmétiques.
– Avec AFP –

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Cosmétiques : l’Europe pour l’arrêt mondial des tests sur animaux
Shutterstock

« L’expérimentation animale ne peut plus être justifiée pour les cosmétiques », ont affirmé les eurodéputés, jeudi 3 mai, dans une résolution votée en séance plénière à Bruxelles à une majorité écrasante : 620 voix pour, 14 contre. Par ce texte, les députés appellent ainsi l’Union européenne et les différents États membres à soutenir le « développement de méthodes d’expérimentation novatrices et humaines » au nom d’une « opposition des citoyens » grandissante à la souffrance animale.

En France, 90 % de la population est opposée à l’expérimentation animale lorsque des méthodes alternatives existent, selon un sondage de la Fondation 30 Millions d’Amis, réalisé en 2018. Un résultat en très nette progression, de 5 points, par rapport à 2003. Tandis qu’à l’échelle de l’Union européenne, un sondage Eurobaromètre publié en 2016 montre que 90 % des citoyens européens souhaitent la mise un œuvre de normes éthiques élevées en matière de bien-être dans le monde.

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Face à ces constats, les députés européens ont donc préparé, début 2018, une résolution permettant à l’Europe d’agir et de faire entendre sa voix à l’échelle internationale, en demandant à ce qu’une réglementation internationale impose, d’ici à 2023, une interdiction similaire à ce qui existe déjà au sein de l’UE, dans le domaine des cosmétiques.

Depuis 2013, en effet, l’Union européenne interdit tous les tests sur animaux pour l’industrie cosmétique ainsi que la vente de produits testés sur les animaux. Une réglementation stricte qui n’a pas eu d’impact négatif sur le développement du secteur des cosmétiques dans l’UE, assure le Parlement : avec deux millions d’emplois, il est en outre « le plus grand marché de produits cosmétiques au monde ».

« Je me souviens qu’en 2009, lorsqu’une interdiction européenne concernant l’expérimentation animale dans le secteur cosmétique a commencé à émerger, il y a eu de véritables levées de boucliers et des prédictions alarmistes sur l’effondrement de l’industrie cosmétique en Europe ou bien encore sur l’émergence de gros problèmes de sécurité ou sanitaires. Or on voit bien que rien de tout cela ne s’est produit », constate Audrey Jougla, présidente de l’association « Animal Testing ». Pour elle, le chemin parcouru en seulement moins de 10 ans est encourageant. « On en est aujourd’hui à donner des leçons à nos voisins », remarque-t-elle, non sans ironie. « On constate généralement que lorsque le droit progresse à un endroit, quel que soit le domaine, cela entraîne une dynamique positive générale. Il devient alors beaucoup plus facile pour les autres pays de légiférer, et pour ceux qui ne s’engagent pas sur la voie donnée, la pression est de plus en plus forte pour que des mesures similaires soient adoptées. »

80 % des pays dans le monde autorisent l’expérimentation animale

C’est en tout cas ce que semblent espérer les députés européens. Car en l’absence d’interdiction internationale, il reste pratiquement impossible de garantir aux citoyens européens que les produits cosmétiques vendus dans leur pays n’ont pas engendré de souffrance animale. En effet, le Parlement européen a dénoncé le fait que certains cosmétiques sont testés sur des animaux en dehors de l’UE avant d’être testés à nouveau dans  l’UE, avec des méthodes alternatives, ce qui permet à ces produits d’être mis en vente en Europe.

Environ 80 % des pays dans le monde continuent à autoriser l’expérimentation animale et la commercialisation de produits cosmétiques expérimentés sur des animaux, note le Parlement. Les eurodéputés demandent ainsi à la Commission européenne et aux dirigeants de l’UE de porter cette cause devant les Nations unies, en l’inscrivant à l’ordre du jour de la prochaine session de l’Assemblée générale, et de « faciliter, promouvoir et soutenir » la conclusion d’une convention internationale. « Lapins, hamsters, souris, plusieurs millions d’animaux sont tués chaque année dans les laboratoires du monde entier, alors que pour les cosmétiques, plus rien, aujourd’hui, ne le justifie. Des méthodes de test alternatives existent, qui sont souvent moins chères, plus rapides et plus efficaces », a souligné l’eurodéputée belge Frédérique Ries.

Une évolution progressive

La résolution des eurodéputés traduit un changement évident des mentalités concernant l’expérimentation animale. Mais le secteur des cosmétiques n’est pas le seul concerné par le développement de méthodes d’expérimentation scientifique alternatives, n’engendrant pas de souffrance animale. Christiane Laupie-Koechlin, fondatrice du comité scientifique Pro Anima, rappelle que la science a aujourd’hui fait des progrès énormes et que des méthodes de remplacement se développent, et ce, dans de nombreux domaines comme  la toxicologie, la recherche sur le cancer ou encore sur les maladies neurodégénératives comme la maladie de Parkinson. Des méthodes qui sont non seulement plus éthiques, mais aussi plus fiables scientifiquement. « Nous avons démontré que l’on peut faire mieux que des recherches incluant des tests sur les animaux. Mais il y a encore un réel manque de financement et de volonté politique pour développer ces méthodes de remplacement », regrette Christiane Laupie-Koechlin.

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Publié le 4 mai 2018
5 minutes
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