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Quand la technologie vient au secours des rhinocéros

Tués pour leur corne, les rhinocéros sont la cible d’attaques de plus en plus féroces des braconniers. Si rien n’est fait pour leur protection, ils risquent de disparaître d’ici une dizaine d’années. Pour lutter contre ce phénomène, des dispositifs ultra-performants de surveillance sont mis en place dans les réserves.

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Quand la technologie vient au secours des rhinocéros
Shutterstock

La mort tragique de Vince, jeune rhinocéros blanc du zoo de Thoiry abattu en mars dernier, a éveillé les consciences : une lourde menace pèse sur cette espèce, jusque sur notre territoire. Chassé pour sa corne, à laquelle certaines médecines traditionnelles, particulièrement en Chine et au Viêtnam, prêtent de fausses vertus thérapeutiques, le rhinocéros risque bien de disparaître de notre planète à court terme. Les chiffres sont alarmants : il ne resterait plus qu’environ 29 000 rhinocéros dans le monde, dont plus de 80 % en Afrique du Sud. En 2007, 13 rhinocéros ont été tués dans ce pays par des braconniers. En 2014, on comptait 1 215 rhinocéros tués pour leur corne, soit trois animaux abattus chaque jour. Si ce taux de braconnage se maintient, l’espèce pourrait disparaitre d’Afrique du Sud d’ici à 2025…

Cependant, même s’il reste encore trop élevé, le nombre de rhinocéros tués tend à baisser depuis deux ans. Cela s’explique notamment par un renforcement drastique des moyens de lutte, de la part des associations de protection des animaux, des réserves naturelles, mais également des gouvernements, dont l’État sud-africain. Ce dernier a notamment déployé des moyens paramilitaires pour surveiller ses frontières ou déplacer des milliers de rhinocéros en danger dans des zones plus sécurisées, vers l’intérieur du pays.   

Drones, GPS, caméras : des rhinocéros suivis à la trace

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Et, pour toujours mieux protéger les rhinocéros, les nouvelles technologies sont de plus en plus sollicitées. Drones, caméras de surveillance, puces électroniques, géolocalisation, traitement des données… Le déploiement de ces équipements high-tech a pour but de renforcer la surveillance, soit des animaux eux-mêmes, soit des hommes qui les entourent.

Pour surveiller directement la faune sauvage en danger, des puces GPS, fixées à l’aide de colliers, sous la peau, ou dans le cas des rhinocéros, sur leur corne, permet de suivre les mouvements des animaux dans des réserves pouvant s’étendre sur des dizaines de milliers d’hectares. Ces systèmes de surveillance sont généralement utilisés pour renforcer la sécurité des animaux, mais également par les chercheurs, dans le cadre de leurs observations. La Sigfox Foundation a ainsi développé un système de suivi à distance, testé sur dix rhinocéros sauvages dans une réserve sud-africaine. Grâce à la localisation par GPS, scientifiques et personnel de la réserve peuvent être régulièrement informés de la position des animaux pucés. « En transmettant ne serait-ce que quelques positions GPS par jour, nous simplifions drastiquement le monitoring des animaux. Nous donnons ainsi une voix aux rhinocéros, tous les jours, où qu’ils soient. Mieux comprendre les espèces menacées et donc les protéger constitue un grand espoir », détaille Marion Moreau, directrice de la Sigfox Foundation. Son objectif est de parvenir à produire le plus de capteurs possible pour pouvoir suivre un maximum de rhinocéros.

Mais le suivi des animaux a ses limites. Il existe un risque inattendu de « cyberbraconnage », récemment identifié par Steven Cooke, biologiste à l’université Carleton d’Ottawa. Le scientifique s’est aperçu que certaines balises utilisées par les chercheurs pour suivre les espèces en danger étaient piratées par des braconniers, à des fins de chasse, mais également par certains photographes animaliers peu scrupuleux ou par des organisateurs de safaris.

Pour Olivier Grosjeanne, ingénieur au sein de l’entreprise sud-africaine Dimension Data, intervenir directement sur les animaux pose aussi deux problèmes majeurs. Premièrement, cela nécessite l’implantation d’une puce sur l’animal, une opération délicate. Deuxièmement, ces dispositifs fonctionnent souvent a posteriori. Autrement dit, lorsque les données de localisation montrent qu’un animal est en danger, il est souvent trop tard pour intervenir.

Les réserves animalières sous très haute surveillance

« Sur place, les choses vont très vite, explique Olivier Grosjeanne. En une demi-heure, les braconniers peuvent abattre un animal et lui scier les cornes ». Dimension Data, spécialisé dans la mise en place d’infrastructures digitales et numériques, a développé un système de cybersurveillance centré non plus sur l’animal mais sur les humains. Ce programme, « Connected Conservation », est mené en partenariat avec l’entreprise d’informatique Cisco, et s’inscrit dans le vaste plan de protection du rhinocéros du gouvernement sud-africain.

« Connected Conservation » a été testé dans une « petite » réserve animalière de 50 000 hectares, proche du célèbre parc Kruger, au nord-est de l’Afrique du Sud. Ce programme a pour but de détecter toute intrusion illicite dans le périmètre de la réserve. Côté équipement, cette cybersurveillance se traduit par la mise en place de points d’accès wi-fi, installés à des points stratégiques du parc afin que la transmission des données puisse être constamment assurée, un système de vidéosurveillance à l’aide de plusieurs caméras, classiques et infrarouges, l’usage de capteurs sismiques, ainsi que l’utilisation de drones pour assurer une vidéosurveillance aérienne. Toutes les données récoltées sont transmises à un centre de contrôle installé dans la réserve, ainsi qu’à chaque ranger du parc équipé d’une tablette numérique spécifique.

Toutes les personnes entrant dans la réserve, à commencer par les touristes, sont également contrôlées. Cela passe par un scan des papiers d’identité pour procéder à leur vérification ou bien encore par des « tags » des véhicules pour pourvoir les géolocaliser à tout moment. Grâce à l’ensemble de ce dispositif, en cas d’intrusion, de grillage arraché, de stationnement suspect de véhicule, le personnel du parc est immédiatement prévenu et peut se rendre sur place ou alerter un hélicoptère de la police sud-africaine pour intervenir au plus vite.

Une technologie de pointe, mais très coÛteuse

Les résultats sont frappants. Selon Dimension Data, la baisse du nombre de rhinocéros abattus dans la réserve test serait d’environ 96 %. Non seulement la plupart des intrusions ont été bloquées, mais aussi et surtout, le dispositif permettrait de dissuader les braconniers. Reste la question du financement de cet équipement de pointe et de son entretien. Pour ces premiers essais, Dimension Data et Cisco ont mis gratuitement à la disposition de la réserve leur matériel et leur savoir-faire. Mais Olivier Grosjeanne le reconnaît, le dispositif est très coûteux, et d’importants moyens de financement vont devoir être débloqués si l’on veut étendre l’expérience. « Il faut qu’il y ait une prise de conscience collective, analyse-t-il. La participation de différentes organisations est nécessaire pour que l’on puisse appliquer ce système de surveillance à d’autres endroits sur terre et sur mer, et protéger non seulement les rhinocéros mais aussi l’ensemble des espèces animales en danger ».

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