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Qu’est-ce que la sixième extinction massive des espèces ?

Une étude montre que la sixième extinction massive de la biodiversité s’accélère : un plus grand nombre d’animaux et de plus en plus d’endroits de la planète sont touchés. Phénomène rapide, globalisé et lié à l’activité humaine, voici ce que l’on sait aujourd’hui de cette crise alarmante.

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Qu’est-ce que la sixième extinction massive des espèces ?
Shutterstock

Les scientifiques savent depuis une dizaine d’années que nous sommes en train de vivre la sixième extinction massive des animaux et des plantes depuis la formation de la terre. Malgré les alertes, le phénomène est aujourd’hui en pleine accélération. C’est ce que révèle une étude, publiée le 10 juillet dans les derniers « Comptes rendus de l’Académie nationale des sciences des États-Unis d’Amérique ». Le constat des auteurs, un chercheur mexicain, Garado Ceballos, et deux scientifiques des Etats-Unis, Paul Ehrlich et Rodolfo Dirzo, est sans appel : « les espèces de vertébrés reculent de manière massive sur terre, à la fois en nombre d’animaux et en étendue » relaie le journal Le Monde. Au total, plus de 50% des animaux vertébrés ont disparu en 40 ans (peut-être plus), ce qui revoit à la hausse l’ampleur réelle de cette crise majeure.

Pourquoi parle-t-on d’extinction « de masse » ?

Comme le rappelle Florian Kirchner, chargé du programme « espèces » pour la branche française de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la disparition de certains animaux fait partie des évolutions naturelles. Mais lorsque ces disparitions concernent un grand nombre d’espèces vivantes, partout dans le monde et sur un temps géologique relativement court, on parle alors d’extinction massive, ou de crise biologique. « Celle que nous vivons touche toutes les espèces d’animaux et de plantes, sur la terre et dans la mer et sur tous les continents. C’est une véritable érosion de la biodiversité. Les espèces disparaissent aujourd’hui entre 100 et 1000 fois plus vite que le taux naturel d’extinction » explique ce spécialiste en biodiversité.

Quelles sont les espèces concernées ?

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L’étude américaine est d’une ampleur considérable. Près de 27 600 espèces d’animaux vertébrés terrestres ont été étudiés sur l’ensemble de la planète, soit plus de la moitié des espèces de ce type répertoriées (environ 45 000). Cependant, comme le souligne Florian Kirchner, les vertébrés terrestres ne représentent qu’une petite partie des espèces d’animaux. Un grand nombre d’insectes, de poissons ou de plantes sont également concernés par cette extinction massive, dont nous ignorons pour moment l’ampleur en ce qui les concerne. Mais les quelques indicateurs connus ne sont guère optimistes. « Nous savons par exemple que près d’un tiers des coraux de la planète sont aujourd’hui en danger »  rappelle Florian Kirchner qui pourrait multiplier les exemples de ce type.

Quant au sort des vertébrés, ce ne sont pas seulement des espèces qui disparaissent. De manière générale, le nombre des individus à l’intérieur des espèces se réduit considérablement et les territoires de la faune sauvage ne cessent de diminuer. Les chercheurs ont montré que même les espèces les plus communes sont en danger. Les lions africains ne sont plus, par exemple, que 35 000 sur terre, soit une baisse de 43% depuis 1993, et leur aire de répartition a fortement décliné. Hier présents dans une grande partie de l’Afrique et du Moyen-Orient, les lions restant se cantonnent aujourd’hui principalement à l’Afrique subsaharienne.

Quelles ont été les phases d’extinctions précédentes ?

La crise que nous vivons aujourd’hui a connu cinq précédents. La dernière extinction sur terre remonte à 65 millions d’années, elle a conduit à la disparition des dinosaures, et avec eux 75% des espèces animales.  On estime que l’extinction la plus massive est la troisième, survenue il y a environ 250 millions d’années. Près de 95 % de la vie marine aurait alors disparu ainsi que 70 % des espèces terrestres, les plantes comme les animaux.

Quelles sont les causes de cette sixième crise majeure ?

Ces extinctions antérieures étaient liées à des phénomènes cataclysmiques, comme la collision d’une météorite sur la terre, aujourd’hui la thèse mise en avant pour expliquer la disparition des dinosaures. La particularité de cette sixième extinction est qu’elle est due, pour la première fois, à l’impact d’une espèce : l’être humain.

Nos activités sont en effet la cause de ce recul des espèces, à commencer par la dégradation des habitats naturels liée à la déforestation, l’agriculture intensive ou bien encore l’urbanisation. La surexploitation des espèces, comme le braconnage ou la surpêche, participent également à cette crise et son accélération, tout comme la pollution, et le dérèglement climatique en découlant.

Les espèces sont-elles condamnées ?

« Nous savons que la perte d’une espèce est irréversible, l’évolution ne recrée pas ce qui a disparu. Le tigre de Tasmanie ou le dodo de l’île Maurice ne réapparaîtront par sur la planète » souligne Florian Kirchner. Pour endiguer la crise que nous sommes en train de vivre, les auteurs de l’étude estiment que nous disposons «  de deux ou trois décennies au maximum ». Notre avenir et celui des espèces est donc entre nos mains.

« Nous savons ce qu’il faut faire pour modifier les choses rappelle Florian Kirchner. Il faut bien entendu concentrer les efforts sur les espèces les plus menacées, mais on sait que cela ne suffira pas pour répondre à la crise, et cette étude vient encore plus clairement nous le démontrer. Nous devons donc également développer des aires protégées sur la terre et dans la mer, pour préserver des ensembles de biodiversité. Encore une fois, cela ne résoudra pas tout le problème car nous ne pouvons envisager de transformer la planète en zone protégée. A un troisième niveau, nous sommes donc obligés de réduire les pressions exercées par les activités humaines. Il faut commencer par arrêter de détruire. Nous pouvons répondre à nos besoins fondamentaux, sans pour autant fragmenter les milieux naturels. Nous devons pour cela nous interroger sur les grands projets d’aménagements menés et leur utilité, et sur nos modes de consommation, que nous devons penser de manière durable. » 

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