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Zoothérapie : le pouvoir des animaux

Pionnier français de la zoothérapie, José Sarica présente son nouveau livre dans lequel il nous parle de Chico, son fidèle coéquipier à quatre pattes, de sa formation, de son travail avec les animaux et de ses expériences thérapeutiques avec des enfants et des adultes en souffrance.

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Zoothérapie : le pouvoir des animaux
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Docteur en biologie marine et en écotoxicologie aquatique, chef d’expédition et naturaliste pour la Compagnie du Ponant, José Sarica, grand amoureux des animaux, exerce sa passion à travers différentes activités. C’est en tant que zoothérapeute, une autre de ses casquettes, que nous l’avons rencontré pour parler de la parution de son livre, Zoothérapie, le pouvoir thérapeutique des animaux, et d’une discipline encore relativement peu connue en France.

Comment travailler avec un animal tout en respectant son bien-être, comment est née la zoothérapie, quel est son objectif, quel est son écho en France, quels résultats peuvent être obtenus… José Sarica a répondu à nos questions.

Animaux-Online : Qu’est-ce que la zoothérapie ?

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José Sarica : La zoothérapie, aussi appelée médiation animale en France, est une thérapie alternative qui s’adresse à toute personne aspirant à gérer sa souffrance, qu’elle soit psychique, physique, sociale ou affective, avec l’aide d’un thérapeute et d’un animal dûment formés. La zoothérapie n’a pas la prétention de guérir, mais par contre, elle fait du bien et amène un mieux être qui parfois favorise la guérison.

Pour devenir zoothérapeute, c’est important de savoir qu’il faut avoir une formation préalable, dans le domaine médical, social ou scientifique, comme ça a été le cas, par exemple, pour moi : après mon doctorat en biologie,  j’ai été enseignant avant d’entamer une formation de zoothérapeute au Québec.

A-O : Quelle est la place de l’animal dans cette pratique ?

J.S. : C’est un vrai coéquipier : nous formons un véritable binôme ! Dans mon cas, je travaille depuis 10 ans avec Chico, un bichon maltais nain. Avec lui, je me demande souvent « qui supervise qui ? » Il me sort régulièrement d’impasses avec mes patients en jouant le rôle de catalyseur et en faisant baisser la barrière émotionnelle des gens. Il me permet de détecter des choses que je ne peux pas voir, grâce à son « oreille et son flair absolus » et sa capacité d’écoute défiant toute concurrence : il ne coupe pas la parole, n’essaie pas d’interpréter les pensées, ne juge pas…

A-O : Comment protéger l’animal et être attentif à ses besoins ?

J.S. : Il faut respecter à la fois le rythme du patient et celui de l’animal, c’est fondamental. Avec Chico, je ne peux pas faire plus de six consultations par semaine. Les chiens absorbent les émotions, Chico peut être amorphe après une séance d’à peine une heure. Après 10 ans, je le connais bien et je sais quand il faut s’arrêter pour le préserver.

A-O : Tous les animaux sont-ils faits pour la zoothérapie ?

J.S. : La zoothérapie nécessite une vraie formation, pour le thérapeute mais aussi pour son animal. J’ai adopté Chico tout petit, au moment où j’ai commencé ma formation, dans l’optique de travailler avec lui. Je l’ai donc emmené dans les hôpitaux dès l’âge de 3 mois. C’est un univers qu’il connaît bien et dont il n’a pas peur. Il ne craint pas, par exemple, les déambulateurs ou les personnes en fauteuil roulant, ce qui n’est pas le cas de tous les chiens.

En ce qui concerne les différentes espèces, cela va sans dire que la faune sauvage ne peut pas être adaptée à la zoothérapie. Celle-ci ne concerne que les animaux domestiques. Des thérapeutes travaillent avec des chiens, qui est l’espèce la plus habituée à l’homme, mais aussi des chats, des chevaux, des ânes, des perroquets et même des lamas, chaque animal ayant sa spécificité.

A-O : Comment s’est développée la zoothérapie en France ?

J.S. : La zoothérapie est d’abord née an Amérique du Nord. Elle a été découverte un peu par hasard par un psychiatre américain, propriétaire d’un labrador et qui travaillait avec un enfant autiste. La France a du retard dans ce domaine, mais progresse, notamment grâce à des pionniers comme François Beiger, directeur de l’Institut français de zoothérapie et Emmanuel Doumalin de l’association Umanima. Cette pratique, que je développe moi-même en France avec Chico, devient peu à peu une nouvelle science, parvenant à prouver ses résultats, et s’inscrit en même temps dans une société à la recherche de méthodes douces et alternatives pour sa santé et son bien-être.

A-O : Concrètement, de quelle manière vos séances de zoothérapie ont pu venir en aide à vos patients ?

J.S. : Plusieurs cas, que je raconte dans mon livre, m’ont marqué. Il y a notamment l’histoire de ce petit garçon, Jérémy, atteint d’un déficit de l’attention. Sa mère ne voulait pas lui donner de médicaments comme la ritaline, elle a donc voulu tester la zoothérapie. Jérémy était fan de hockey, je lui ai demandé de m’expliquer les règles, et nous avons joué avec Chico, qui réussissait très bien à bloquer la balle quand on la lui lançait. Ça a impressionné Jérémy, et ça lui a surtout permis de canaliser son trop-plein d’énergie. Une fois concentré, je pouvais lui donner des exercices à faire : il avait de nouveaux mots à apprendre et devait me raconter, à chaque séance, une histoire sur Chico réutilisant le vocabulaire appris. Lorsqu’il lisait son histoire, Chico, que j’ai éduqué pour, savait rester tranquille le temps du récit. Même si l’enfant bafouillait, cet auditoire attentif lui a permis de prendre confiance en lui, ce qui manquait cruellement à Jérémy. Au bout de 10 séances, le petit garçon a finalement retrouvé de l’estime de soi, il a mesuré ses progrès au cours de nos séances et il a amélioré ses résultats à l’école, au point de décrocher un diplôme de son établissement scolaire pour le féliciter de son étonnante progression.

A-O : Est-ce que vous avez déjà été confronté à des patients qui avaient peur des chiens ? La présence de Chico n’a-t-elle pas alors été un frein pour la thérapie ?

J.S. : J’ai suivi un jeune autiste de 18 ans qui avait une réelle phobie des chiens. Quand je suis allé chez lui, le simple fait de me voir arriver par la fenêtre avec Chico a déclenché une crise. Ses parents ont dû le calmer dans sa chambre. Pendant ce temps, j’ai pu voir dans sa bibliothèque qu’il avait beaucoup d’albums d’Astérix et Obélix et de Tintin : ça m’a donné l’idée de faire un rapprochement entre Chico, Idéfix et Milou, trois petits chiens blancs ! Ça a assez bien marché finalement, l’adolescent m’a même dit à la fin d’une séance : « Si je comprends bien, Obélix, c’est le zoothérapeute d’Astérix ». J’ai beaucoup aimé cette analyse ! Une heure après, l’enfant embrassait Chico sur la tête : un vrai miracle !

A-O : En tant que zoothérapeute, vous avez été amené à travailler avec des orques et des dauphins en captivité : que pensez-vous du débat actuel autour des delphinariums ?

J.S. : Pour les voir évoluer dans la nature, en tant que chef d’expédition en milieu polaire et dans le Pacifique, il est certain que ces animaux ne sont pas faits pour la captivité. Ce sont des êtres vivants très intelligents, qui vivent dans des sociétés très organisées et souvent matriarcales. Pendant longtemps, on n’a eu aucune connaissance de l’animal dans les parcs comme Marineland, mais maintenant que la science a progressé, on ne peut plus ignorer ces nouvelles connaissances et continuer à enfermer ces cétacés. 

* Zoothérapie, le pouvoir thérapeutique des animaux, de José Sarica avec la collaboration de Nassera Zaïd, aux éditions Arthaud. 19,90 €. 

Contacts : jose.sarica@gmail.compage Facebook 

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