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L214 sur le banc des accusés

Le procès de deux membres de L214, dont son cofondateur Sébastien Arsac, qui devait se dérouler ce lundi a été reporté à la rentrée. Les deux activistes seront jugés pour avoir tourné clandestinement en 2016 des images dans l’abattoir de Houdan.

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L214 sur le banc des accusés
Shutterstock

L’association L214 a diffusé jeudi 8 juin des vidéos tournées à l’abattoir de Houdan en décembre 2016 montrant la phase d’étourdissement avant l’abattage de cochons. C’est pour avoir tourné ces images clandestinement que les deux activistes devaient être jugés ce lundi 12 juin au tribunal correctionnel de Versailles pour « violation de domicile d’autrui » et « tentative d’atteinte à la vie privée par fixation, enregistrement ou transmission de l’image ». Des délits condamnables à hauteur d’un an d’emprisonnement et 45.000 € d’amende.

Ce procès a été reporté au 4 septembre « compte tenu » de l’envoi tardif, dimanche, d’une question prioritaire de constitutionnalité par la défense, qui demande si la nation d' »autrui » peut s’appliquer à une entreprise. 

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Pour rappeler les faits, les deux membres de l’association L214 (dont son cofondateur Sébastien Arsac) avaient été interpellés en décembre 2016 pour effraction, alors qu’ils venaient récupérer des caméras dissimulées quelques jours plus tôt à l’abattoir de Houdan, dans les Yvelines (Île-de-France). Les images tournées montrent les conditions d’abattage déplorables des animaux, ainsi que le non respect de la loi et du bien-être animal (c’est-à-dire l’absence de souffrance). Une action désormais habituelle pour l’association.

Ces vidéos font suite à celles publiées en février 2017, montrant dans ce même abattoir un employé forçant des porcs à avancer dans un couloir étroit à l’aide d’un pistolet électrique et d’un battoir. Les vidéos publiées la semaine dernière, tournées seulement quelques jours après celles de février, affichent l’étape d’endormissement des cochons à l’aide de CO2.

Cette méthode – l’étourdissement pour la mise à mort à l’aide d’un gaz – est reconnue et précisément définie par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) : le gaz ou mélange de gaz utilisé ne doit pas être « désagréable », la durée d’exposition doit être assez longue pour entraîner la mort de l’animal, et la concentration du gaz en dioxyde de carbone doit être surveillée en permanence. Bien que cette méthode soit autorisée, elle est vivement critiquée par l’association L214, qui la considère comme « systématiquement longue et douloureuse » pour les animaux. L’association aurait même découvert après investigation que la machine à CO2 de Houdan allongerait davantage la durée d’asphyxie des cochons.

Le directeur de l’abattoir, Vincent Harang, a affirmé que la « machine à CO2 [était] en règle » et « homologuée avec l’aide de l’association de protection animale OABA (Œuvre d’Assistance aux Bêtes d’Abattoir) », avant d’ajouter que « l’endormissement au CO2 ne sera jamais instantané ». L’abatteur a même ironisé en se disant prêt à passer à l’étourdissement électrique à la condition que l’association L214 lui fasse un don de 300.000 € (coût du changement, NDLR). L214 a depuis lancé une pétition afin d’obtenir l’interdiction définitive de cette méthode d’étourdissement en France.

Quelques jours plus tôt, L214 avait déjà fait parler d’elle en publiant une vidéo tournée dans un élevage de poules en batterie en Vendée (Pays de la Loire) montrant des gallinacés côtoyant des congénères mutilés, en mauvais état sanitaire ou morts, et où des poux grouillent sur les œufs. Pour l’inspection des services de l’Etat, ces images n’avaient pourtant révélé « aucune non conformité ».

Depuis 2013, L214 informe régulièrement le public par ses vidéos (plus d’une dizaine à ce jour) révélant des dysfonctionnements au sein des abattoirs français. Par exemple, à la suite d’une vidéo publiée en avril, un employé de l’abattoir du Vigan (Occitanie) avait été condamné à 8 mois de prison avec sursis et à 600 euros d’amende.

Une enquête est également en cours à Houdan après que L214 a porté plainte contre l’abattoir pour « maltraitance ». 

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