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Dico, chien flic à la retraite

Grâce à une incroyable chaîne de solidarité et de bonté, un chien de police âgé et malade a trouvé une famille d’accueil. Chez les Drouart, il va pouvoir couler des jours paisibles entouré d’affection et des soins dont il a besoin.

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Dico, chien flic à la retraite
A. Beinat

Dico encore en service lorsqu’il accomplissait son travail de chien policier… Ph. A. Beinat

Le soir du 14 juillet 2016, à Metz. Pour Dico, c’est la dernière page de sa vie de chien policier qui se tourne. Âgé de 8 ans, le berger allemand va prendre sa retraite de l’Unité canine légère (UCL) de la police. Après tant de nuits passées à protéger les autres, c’est de lui qu’il va maintenant falloir s’occuper. Car non seulement Dico a atteint la limite d’âge, mais il est malade. Il a développé une fistule péri-anale, une pathologie contraignante qui nécessite des soins continus et onéreux.

Pour les policiers de l’UCL, il va falloir relever un redoutable défi : trouver une famille d’accueil – ce qui n’est jamais évident pour un chien policier – capable également de le soigner tous les jours. Gardien de la paix, Lorenzo fait partie de ceux qui vont tout faire pour trouver une solution : « Dico était un chien de patrouille qui faisait bien son boulot et qui était équilibré. Son gabarit et ses aboiements puissants lui donnaient une présence qui suffisait à dissuader. Néanmoins, il fait partie des chiens qu’on estime pouvoir être placés, car c’est un gros nounours qui s’est toujours laissé caresser par les enfants des collègues. Naturellement, lors d’une adoption, on donne toujours les précautions d’usage ; on explique aux candidats qu’il s’agit avant tout de chiens de police avec lesquels il y a des règles à respecter ».
Ce n’est donc pas le comportement de Dico qui inquiète les policiers qui lui cherchent une retraite, mais son avenir car sa maladie n’est pas opérable : « Nous avons passé une annonce sur les réseaux sociaux pour expliquer son cas, raconte Lorenzo, et nous avons été surpris de voir à quel point elle était relayée. Plus de 1 000 partages rien que sur Facebook ».

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Toutefois, une fois la situation expliquée aux adoptants potentiels, les policiers se heurtent à des refus : le traitement de Dico coûte environ 240 euros par mois. En France, contrairement à certains pays qui versent une somme dédiée aux soins des chiens de police à la retraite, le ministère de l’Intérieur ne prévoit rien. Mais ce que ni Dico ni les policiers de la « canine » ne peuvent imaginer, c’est que, loin au nord, une famille a vu l’annonce et s’intéresse déjà beaucoup à ce cas difficile…

Dico vit désormais en famille. Il lui a fallu un petit temps d’adaptation pour partager des moments de tendresse avec les enfants de la famille. Ph. A. Beinat

Solidarité

Dans la campagne ardennaise, le village de Liart se situe à quelques kilomètres de Charleville-Mézières. La famille Drouart y a sa maison. Une famille qui n’a jamais été gâtée par le sort. David et Catherine ont trois enfants, Anthony et deux jolies jeunes filles : Lucie et Mélanie, lourdement handicapées. Comme si cela ne suffisait pas, David a dû aban­donner son métier pour venir en aide aux siens car son épouse a été touchée par un cancer. Mais les Drouart font partie de ceux qui ne baissent jamais les bras. Chez eux, c’est la bonté et la bonne humeur qui prédominent ; il n’est donc pas étonnant d’y trouver un nombre respectable d’animaux. D’abord Câline, Louna et Choupette ; trois croisées chihuahua ; puis Jade, une malinoise de 14 ans adoptée, et enfin une chinchilla, Fifille, qui évolue dans une très grande cage quand elle n’est pas dans les bras des enfants.

Très branché sur les réseaux sociaux dédiés aux animaux, David a vite remarqué l’annonce des policiers. Immédiatement, les parents se prennent d’affection à distance pour le retraité canin : « Ce n’est peut-être qu’un chien, mais la maladie, on connaît et on adore les animaux, explique David. Je me rendais compte que personne n’en voulait et, avec ma femme, on a décidé de faire quelque chose ».

Mélanie étant prise en charge dans un établissement près de Metz, les voyages réguliers vers la capitale de la Lorraine permettent à la famille de rendre une première visite à l’Unité canine. Le contact est bon et les policiers « sentent » favorablement cette candidature. Les visites de familiarisation s’enchaînent et les Drouart prennent leur décision : « Notre but était de prolonger sa vie dans les meilleures conditions. Dico avait passé la sienne à protéger les autres, on ne pouvait pas le laisser tomber. On a fait nos calculs et on s’est dit qu’on pouvait le soigner pendant un an. Après, on aviserait… »

Dico a besoin d’un traitement à vie. Mais cela n’a pas dissuadé David de l’accueilir dans sa famille. Ph. A. Beinat

Dominé par choupette

Tous les papiers d’adoption en règle, Dico part dans sa nouvelle famille. Dans l’entourage des policiers, on est ému par l’histoire. Leurs amis mettent sur pied une cagnotte – purement privée – sur Internet (relayée sur notre site animaux-online.com) et réunit vite une somme qui pourra couvrir les soins de Dico pendant un an et demi supplémentaire.

Au début, notre vieux policier a du mal à se faire à son nouvel environnement, il vit en reclus et ne mange pas. De son côté, la famille Drouart reste circonspecte avec ce chien de patrouille qui peut réserver des surprises. « Mais au bout de trois semaines, il s’y est fait, continue David, et mon fils Anthony est devenu son complice, puis son maître. Aujourd’hui, il n’écoute plus que lui ! » Très gentil, Dico ne doit pas être sous-estimé : attention aux chats du quartier ! « En revanche, il n’avait jamais vu de mouton et il est resté stupéfié la première fois. » Mais faire respecter la loi face aux pires délinquants est une chose, tenir son rang face à Choupette – l’aînée des chihuahua qui a 6 ans – en est une autre : « C’est elle la cheffe. Jade et Dico ne bronchent pas, sinon ils se font croquer ». Les deux autres chihuahua sont plus craintives ; quant à Jade, c’est la complice avec laquelle Dico vit jour et nuit. Elle profite parfois du flair du chien policier… lorsqu’une boîte de pâté traîne au fond du sac de tri sélectif ! « Il a toujours de bonnes dents. Mais c’est une très bonne bête. Reste le problème de sa pathologie pour laquelle il faudra un jour trouver une solution. »

D’ici là, Dico a encore de beaux jours à vivre, des jours qui paraissaient inespérés il y a encore peu…

Les animaux, chez les Drouart, font partie de la famille ! Ph. A. Beinat

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