Publicité

Les animaux aiment-ils les cadeaux?

Les animaux apprécient-ils les présents? Quelle signification ont les offrandes dans le règne animal?

Partager cet article :
Publicité
Les animaux aiment-ils les cadeaux?
Shutterstock

 Quiconque possède un chat s’est déjà vu « offrir » une souris ou un oiseau, sur sa descente de lit ou son palier… Ce comportement est sans doute lié à la manière dont les chattes apprennent à chasser à leurs chatons. Dès leur quatrième semaine de vie, la mère ramène au « nid » des proies blessées peu mobiles, auxquelles les petits peuvent s’intéresser. Il n’est donc pas impossible que nos matous tentent de nous inculquer les rudiments de la chasse en nous faisant cadeau de petits rongeurs, d’abord morts, pour que l’on comprenne qu’il s’agit de nourriture, puis vivants pour nous inciter à la prédation. Il est également possible que le chat se contente de ramener sa proie à la maison pour jouer avec, en lieu sûr, et éviter qu’un congénère ne la lui pique. Quoi qu’il en soit, ne punissez pas votre petit tueur en série qui ne fait qu’exercer ses instincts et vous manifester soit son affection, soit l’attachement qu’il a pour votre foyer.

Offrandes maîtresses

L’histoire de Toldo est plus inhabituelle. En Italie, ce chat a assisté aux funérailles de son vieux maître, décédé à l’âge de 71 ans. Par la suite, et pendant des années, il s’est régulièrement rendu sur sa tombe pour y déposer des offrandes : des branches d’acacia, des fleurs, des mouchoirs en papier, des gobelets en plastique…

Publicité

Certains chiens manifestent la joie de voir rentrer leur maître en lui apportant une surprise. Ce peut être une vieille chaussette extirpée du panier à linge, leur jouet favori ou, dans le meilleur des cas, ses pantoufles. Ce comportement reflète la tendance des canidés sauvages à enterrer une partie de leurs proies pour en disposer en cas de disette. Comme les écureuils se constituent des greniers de noisettes pour l’hiver, les loups et leurs cousins savent où retrouver des restes pour nourrir leurs louveteaux s’ils rentrent bredouilles. Certains chiens de chasse, comme les retrievers, ont été sélectionnés pour leur aptitude à retrouver, puis à rapporter à leur maître les oiseaux tués ou blessés. Les terriers ont, quant à eux, des prédispositions à localiser les animaux dans leur trou, les tuer et les sortir de terre… Ces ­différents éthogrammes expliquent que certains chiens, mais pas d’autres, ont tendance à offrir des « cadeaux » aux humains. Là encore, ces offrandes manifestent l’amour du chien pour son maître et ne méritent que caresses et félicitations.

Chez l’animal comme chez l’homme, le « petit cadeau » précède aussi souvent le coït. Le but n’est nullement d’obtenir des faveurs contre un présent. Il s’agit plutôt du premier investissement parental d’un père qui souhaite s’assurer que la future maman sera bien nourrie et pourra engendrer une progéniture en pleine santé. Sans compter que grâce à sa contribution, le mâle espère non seulement prolonger l’accouplement mais aussi dissuader sa prétendante d’aller se faire nourrir (et féconder) ailleurs. Côté féminin, la qualité du cadeau témoigne à la fois des qualités de reproducteur du joli cœur et de ses aptitudes à contribuer à nourrir la couvée.

Présents intéressés

Ainsi, pour faire plaisir à ses concubines, le coq leur cède-t-il volontiers le vermisseau qu’il vient de déterrer. Chez le martin-pêcheur d’Europe ou la sterne pierregarin, le cadeau de fiançailles est un poisson.

Souvent, le don prend la forme d’une collation, mais chez le manchot d’Adélie, les séducteurs proposent à leurs conquêtes un joli caillou… le premier de leur futur nid de pierres. Dans le même esprit, le mérion superbe qui souhaite convoler offre une brindille, un brin d’herbe… ce qui suggère que l’on pourrait faire nid commun.

Le cadeau sert aussi, parfois, à détourner l’attention de celui ou de celle qui le reçoit. Les araignées mâles emballent ainsi dans un cocon de soie l’insecte qu’ils viennent de piéger, avant de l’offrir à Madame. Le temps qu’elle déballe son présent et le consomme, Monsieur peut faire sa petite affaire, sans se faire lui-même dévorer. Certains dons Juans trichent même en « oubliant » de garnir le paquet. Le temps que la femelle se rende compte de la supercherie, il est trop tard pour évincer, en le consommant, le vicieux prétendant.

Le play-boy mouche-scorpion, ou panorbe, n’a pas besoin de chasser pour constituer le trousseau nuptial. Il se contente de régurgiter de petites boules de protéines que Madame ingère.
Mais le don ultime est bien sûr celui de soi ou d’une partie de soi. Certains mâles perdent carrément la tête (au sens propre) pour une belle. Ainsi, quelque 30% des géniteurs mantes religieuses se font cannibaliser par leur partenaire. Mais attention, la décapitation (le banquet nuptial commence par la tête du prétendant) n’empêche nullement la fécondation, qui se poursuit pendant le repas. Les plus malins optent pour une femelle bien grasse et l’abordent plutôt lorsqu’elle vient de se nourrir et ne crève plus de faim… Pas folle la guêpe !

Troc en toc

Chez les primates, le cadeau peut tenir lieu de récompense. Le primatologue Frans de Waal a ainsi constaté que, lors de la distribution de nourriture, certains chimpanzés en zoo offraient leurs fruits à un congénère, mais pas à n’importe lequel : à celui qui les avait longuement épouillés le matin même.
Dans son livre Petite Histoire des grands singes (éd. du Seuil), Chris Herzfeld, spécialiste de l’histoire de la primatologie et des relations entre les humains et les grands singes, relate comment les orangs-outans du Jardin des Plantes, à Paris, dévissent et collectionnent les boulons de leur cage pour pouvoir les échanger – un par un – avec leurs gardiens contre des friandises.

Des obser­va­teurs pensent aussi que certaines colonies de singes d’Asie (comme les macaques à longue queue de Bali) se livrent aux chapardages des objets des touristes qui les visitent : lunettes, téléphone portable, chapeau, etc., dans l’espoir que la victime leur proposera de la nourriture en échange de l’objet volé. Toutefois, un simple phénomène d’apprentissage par renforcement positif suffit à expliquer cette forme de « troc escroquerie ».

Les travaux de Sarah Brosnan, de l’université du Texas, révèlent plutôt un goût peu prononcé des singes pour le troc. Les chimpanzés s’y adonnent parfois, mais à condition d’échanger un fruit qu’ils n’aiment guère contre un autre qu’ils adorent. Des carottes contre du raisin, d’accord. Mais pas l’inverse. Si l’échange leur semble juste équitable, c’est-à-dire moins avantageux pour eux, ils ne sont pas motivés et préfèrent tenir que courir. De plus, ils semblent avoir moins confiance dans leurs congénères (qui ne respectent pas forcément la réciprocité) et craignent moins d’être dupés lors d’un troc avec un humain.
Enfin, nos cousins n’ont guère le sens de la propriété et n’accumulent pas de biens, comme nous…

Ce qui ne les empêche pourtant pas de saisir le sens de la monnaie, comme l’ont montré les travaux de John Wolfe (université de Yale). Ce dernier avait construit un distributeur de fruits qui fonctionnait avec des jetons de différentes couleurs et valeurs. Quelques-uns des chimpanzés de l’expérience sont devenus « capitalistes » et surveillaient jalousement leur trésor pour ne pas se le faire voler…
Enfin, différents exemples de cadeaux de fin de vie ou funéraires ont été rapportés. Des éléphants mais aussi des macaques ont été observés en train de faire des offrandes alimentaires à un congénère en train de mourir…

Notre cadeau leur fait-il plaisir ?

Oui, incontestablement… à condition qu’il stimule leur circuit du plaisir. C’est le cas lorsque la manne se déguste goulûment… C’est aussi le cas s’il s’agit d’un jouet stimulant. C’est beaucoup moins sûr si le cadeau ne respecte guère la nature profonde de l’animal. Demandez-vous, par exemple, si votre husky a vraiment besoin d’un manteau pour passer l’hiver et s’il ne préférerait pas plutôt, de votre part, un investissement en temps de promenade, par exemple… Ne faites pas comme le papa qui offre un train électriqueà son fils pour se faire plaisir à lui. Essayez de dénicher un jouet qui corresponde à la personnalité de votre chien, à sa race, à sa taille et à son mode de vie. Un jouet à mâcher comblera, par exemple, un chiot qui se fait les dents sur vos pieds de table. Une peluche rassurera et calmera un petit chien qui n’aime pas rester seul.

Réussir l’adoption d’un chien ou d’un chat
Réussir l’adoption d’un chien ou d’un chat
Le magazine 30 millions d’amis
Le n°1 de la presse animalière

Chaque mois, devenez le meilleur des maîtres et retrouvez tous nos dossiers et conseils d’expert. Découvrez nos offres papier et numériques...

Publicité