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Faut-il enfermer les chats pour sauver les oiseaux ?

Dans un livre qui vient de paraître en Grande-Bretagne, intitulé « Cat Wars », le docteur Peter Marra exhorte les propriétaires de chats à les enfermer chez eux ou à les promener en laisse afin d’empêcher ce redoutable prédateur de détruire la faune sauvage, notamment les oiseaux sur lesquels notre félin domestique fait de véritables ravages.

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Faut-il enfermer les chats pour sauver les oiseaux ?
Shutterstock

Cet ouvrage se base sur de nombreuses études sur la prédation féline et estime que les 8 millions de chats britanniques tuent chaque année 275 millions de proies dont 55 millions d’oiseaux. D’autres, comme la Royal Society for the Protection of Birds, ne pensent pas que le chat ait un rôle essentiel dans la diminution de la population d’oiseaux, impliquant davantage la disparition des habitats naturels, le changement climatique, et l’usage des pesticides. Elle estime aussi que les chats ont plutôt un rôle bénéfique en éliminant préférentiellement les oiseaux faibles ou malades.

Cat Wars, disponible sur les librairies en ligne dès le 20 octobre prochain.

La sortie de cet ouvrage outre-Manche rappelle le débat qui avait eu lieu, en 2013, lorsqu’une étude américaine avait estimé le nombre de petites proies que les chats sauvages et domestiques prélevaient dans la nature au cours de leurs sorties de chasse.

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Quatre milliards… C’était l’estimation du nombre de petites bêtes à poils, plumes et écailles capturées, et tuées, par les chats chaque année ! Ramené à la minute, cela fait 7610 souris, lézards, grenouilles et oiseaux qui passent entre les griffes des minous.

Ce chiffre était issu d ‘une recherche menée aux Etats-Unis par des scientifiques de l’Université de Géorgie et de la Nationale Society en 2013. En équipant 60 chats domestiques d’une petite caméra, ils avaient voulu savoir ce qu’ils faisaient quand leurs maîtres les autorisaient à sortir. Et bien, ils chassent ! Livrés à eux-mêmes et à leur instinct 5 à 6 heures par jour, ils occupent leur temps en traquant tout ce qui bouge. Pour les propriétaires, il est difficile de se rendre compte de la réussite de leur « battue » car les minets ne rapporteraient selon cette étude que 23% de leurs prises.

A leur menu, de petits mammifères, des rongeurs, des reptiles et des oiseaux, à hauteur de 12%. Et c’est cela qui inquiète les scientifiques. Notamment ceux du Conservatoire national des oiseaux et de la Wildlife Society qui, en extrapolant les chiffres de l’étude géorgienne, ont réalisé que les chats domestiques tuent plus que ce qui était jusque là avancé (1 milliard de proies). En y incluant les chats sauvages, cela ferait grimper la « note » à 4 milliards de proies dont 500 millions oiseaux ! Pour eux, la gourmandise du chat serait donc la principale cause de la disparition d’une espèce d’oiseaux sur trois aux Etats-Unis et de l’extinction de 33 espèces américaines. Et les choses ne devraient aller qu’en empirant si on en juge la progression des populations de chats sur la terre, quel que soit le continent.

Se cache-t-il donc un tueur-né derrière le minou vautré sur notre canapé 12 heures par jour ? C’est en tout cas ce clame l’Australie, l’île continent, qui proposait en 2015 l’éradication pure et simple des chats accusés d’être l’une des causes de la disparition de l’opossum et du kiwi, cet oiseau que l’évolution a privé de ses ailes et cloué au sol. En 2016, la création d’un « robot-tueur » afin de venir à bout des 20 millions de chats errants, en en exterminant déjà quelque deux millions.

Evidemment, en France aussi, le chat prélève une part de son menu dans les arbres et les airs. Mais pour Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux, il ne faut rien exagérer. « On peut toujours faire des extrapolations à partir de données locales, expliquait-il, en 2013 lorsque nous l’avions interrogé sur le sujet, histoire de rendre les choses effrayantes. Mais en réalité, la prédation est quelque chose de naturel dans la nature, celle des félins domestiques et sauvages comme celles des rapaces. A mon avis, ces derniers prélèvent tout autant sinon plus que les chats ! » Plutôt que de faire de nos matous les prochains bouc-émissaires de la disparition des oiseaux de nos jardins et de nos champs, celui qui s’est fait le chantre de la sauvegarde des espèces à plumes tenait à rappeler que les vraies causes sont d’abord humaines et qu’il conviendrait de ne pas l’oublier. « C’est davantage la modification des milieux naturels et leur destruction qui nuit aux oiseaux, soulignait-t-il alors, notamment aux martinets et aux hirondelles.

Les façades aseptisées où il n’y a plus de trous pour faire de nids, la disparition des granges au profit des entrepôts en fer ne favorisent pas leur reproduction. Chaque année, 80 000 hectares sont « donnés » au béton et à l’asphalte qui grignotent un peu plus les espaces naturels et agricoles. » Il serait donc trop facile de cacher derrière nos minets les vrais problèmes qui empêchent la conservation de nos espèces et auxquels nous ne voulons pas trouver de solution rapide et efficace. « Si le chat est un prédateur naturel des oiseaux, notamment de nos jardins, il est facile d’en limiter l’impact, poursuivait-il. A la LPO, nous encourageons les gens à mettre des clochettes au collier de leur chat, à équiper les troncs des arbres de colliers qui empêchent les chats d’y grimper. Ce qui est positif dans toute cette histoire née de l’étude des chercheurs américains, c’est que cela peut responsabiliser les propriétaires de chats en les alertant sur leur rôle dans la limitation de l’impact de la prédation de leurs chats, mais il ne faudrait pas que cela ouvre une guerre entre les amoureux des chats et les amoureux des oiseaux. Car ce sont très souvent les mêmes ! »

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